Présentation de Katia Michaël à la paroisse de Surgères le 09.05.23.

Notes du père Martin

 Rappel historique :

 Le 1er code d’éthique médical est fondé après le procès de Nuremberg en août 1947.

En France, la 1ère loi apparait en 1994 suite à la question des dons d’organes. Puis en 2004, 2011, 2018 et 2021 car le législateur prévoit de réviser cette loi tous les 7 ans.

Ces lois s’appuient sur des notions stables définies par la Déclaration Universelle sur la bioéthique et les droits de l’homme qui ont fait l’objet d’une Résolution de l’UNESCO, le 19 octobre 2005. Elle renvoie à :

– l’exigence du respect de la vie et de la dignité humaine,

– aux  notions de l’intérêt de l’enfant,

– la protection des plus vulnérables,

– le refus de l’eugénisme,

– la responsabilité personnelle,

– le libre arbitre,

– la liberté de la recherche,

– le progrès des connaissances médicales.

Les légistes ont pu élaborer des correspondants juridiques : le respect de la dignité de la personne  humaine, l’inviolabilité et l’indisponibilité du corps humain, l’indivisibilité du corps et de l’esprit, le  respect de l’être humain dès le commencement de la vie, l’intégrité de l’espèce humaine.

3 parties :

– l’enjeu de ces lois ?

– la fin de vie

– conclusion

1/ Qu’est-ce qui est en jeu aujourd’hui pour notre société dans cette révision de loi ?

La société réclame aujourd’hui plus de Liberté pour pouvoir recevoir la mort sur demande.

Or, Il y a quelque chose d’indisponible dans l’homme ; tout homme est porteur d’une dignité absolue, intrinsèque et inaliénable. Comment articuler liberté et autonomie, interdépendance, et solidarité ?

Question de la toute-puissance : Quelles sont les limites à ne pas franchir, transgresser pour rester attentif à ce qu’il y a de plus beau dans l’être humain ? Car le rôle de la LOI est de nous protéger de nos désirs subjectifs non conformes à la dignité humaine, elle fait œuvre de civilisation.

Est-ce que le désir fait droit ? Est-ce que l’être humain n’est pas un être de devoir ?

L’homme a une dignité intrinsèque absolue et inaliénable qui rend indisponible une disponibilité généralisée de son corps, de sa vie et de sa mort.

C’est le point de jonction entre les valeurs chrétienne (homme créé à la ressemblance de Dieu) et les valeurs laïques morales.

Tout homme est aimé de façon gratuite et inconditionnelle de Dieu. Sa dignité lui est donnée gratuitement, attention de ne pas glisser du concept de dignité vers celui de liberté.

Aujourd’hui le discours est en train de changer. L’avis du Conseil National d’Ethique est que la dignité et subjective, ce n’est plus quelque chose de donnée. Elle repose sur l’autonomie.

Problème c’est que le suicide a des conséquences sur les proches et sur la société. Notre liberté doit tenir compte des autres. il y a une interdépendance dans la liberté.

Je souffre, je suis libre, je veux mourir.

Mais on peut aussi réfléchir à comment ma vie peut encore avoir du sens (Anna Arendt), pour rendre le futur encore désirable.

Pour Bernanos : « la maladie n’est pas un scandale pour la société n’est pas la maladie, il faut convoquer la liberté au service de la solidarité ».

Aujourd’hui si la science peut réaliser des choses, il faut le faire. Rêve de la toute-puissance.

Mais peut-on dépasser toutes les limites ?

En grec, limite = horos, la limite qu’il est bon de dépasser.

                         = peras, le bout, la fin, qu’il n’est pas bon de dépasser.

 

La Loi doit éduquer nos consciences.

La loi protège les femmes et les hommes contre leurs désirs subjectifs non conformes à la dignité humaine. Elle fait œuvre de civilisation.

 

2/ L’accompagnement de la fin de Vie :

 La Loi Claeys – Léonetti, 2016 :

C’est une spécificité de la loi française : pas d’acharnement thérapeutique mais pas d’aide à mourir.

L’interdit de tuer n’a donc pas été levé.

– pas d’abandon : engagement des bénévoles.

– pas de souffrance : sidération profonde et continue.

– pas d’acharnement thérapeutique.

 

Pourquoi un re questionnement autour de cette loi ?

La médecine ne sait pas prodiguer des soins de  fin de vie.

Les conditions de la vie ne sont plus dignes (Marie de Hennezel).

La convention citoyenne sur la Fin de Vie :  » Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté  aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

=> Proposition d’une AIDE ACTIVE À MOURIR SOUS CONDITIONS :

L’accès à l’aide active à mourir doit être ouvert dans certaines situations.

Nécessite des conditions d’accès, des garde-fous et des mécanismes de contrôle.

Les soignants doivent pouvoir faire valoir une clause de conscience.

(voir le résumé des conclusions de cette convention).

 

2018 : Oui, à l’urgence de la fraternité

2023 : L’aide active à vivre, un engagement de fraternité (Conférence des Évêques de France).

 

La question ce n’est pas ‘la mort’ mais le ‘comment on meurt’.

Les gens ont peur de souffrir physiquement ou psychologiquement.

Ils ont peur de l’isolement.

98% des gens qui arrivent à l’hôpital avec une demande qu’on mette fin à leur vie changent d’avis quand ils ont les soins palliatifs.

75% des gens à qui on donne le médicament pour le suicide assisté ne le prennent pas.

Problème : les soins palliatifs coutent chers à l’état.

3/ Conclusion

Il y a une ambiguïté sur le souhait de mourir.

L’ultime liberté n’est pas de clore une fois pour toutes les possibles, mais au contraire de les ouvrir  encore, d’inventer ce qui ne serait pas venu à l’esprit du bien portant. Des choses magnifiques se passent en soins palliatifs.

Les soins palliatifs = une alliance thérapeutique pour éprouver « la joie du Oui dans la tristesse du  fini » (Ricoeur).

Une question pastorale : redonner leur place aux personnes qui avancent en âge et les aider à trouver  du sens…