1er dimanche de l’avent B
Nous venons d’entendre le passage de l’Évangile selon saint Marc dans lequel le verbe « veiller » est répété 4 fois. Par ce verbe « veiller », l’Église nous invite à entrer dans le premier dimanche de l’Avent qui ouvre une nouvelle année liturgique B. Nous savons que le mot « Adventus » en latin se traduit par « présence », « arrivée », « venue ». Dans le langage du monde antique, il s’agissait d’un terme technique utilisé pour indiquer l’arrivée d’un fonctionnaire, la visite du roi ou de l’empereur dans une province. Or, pour nous, les chrétiens, pourquoi devons-nous veiller ? Et qui attendons-nous ? Saint Bernard, dans une de ses homélies sur l’Avent, écrivait : « dans la première ( le mystère de l’Incarnation), le Christ fut notre rédemption ; dans la dernière (la parousie), il se manifestera comme notre vie ; dans celle-ci (le temps présent) il est notre repos et notre réconfort ». Et en ce qui concerne le troisième avènement de Jésus-Christ, saint Bernard appelle « intermédiaire » et « occulte », ce qui se produit dans l’âme des croyants et qui jette comme un « pont » entre le premier et le dernier (cf. saint Bernard, Disc. 5 sur l’Avent, 1). Pour cette venue du Christ, nous pourrions appeler « incarnation spirituelle ». Autrement dit, en tant que chrétiens, nous sommes tous les guetteurs de l’aurore, car le Christ est le Soleil de justice ; nous sommes tous des veilleurs qui attendons la visite de la divinité.
Comment pouvons-nous rester réveillés ? Ici, il ne s’agit pas d’un sommeil naturel que le café ou bien des efforts peuvent nous aider à chasser. Il ne s’agit pas non plus de privation de bien dormir, sinon être chrétien est un choix difficile et contre-nature. C’est plutôt un cœur prêt et disponible à la rencontre du Seigneur ; un cœur qui est animé par un désir ardent, une soif désaltérée des choses divines ; un cœur qui recherche de manière infatigable le visage de Dieu, même pendant le sommeil de la nuit, comme écrivait le Cantique des Cantiques : « je dors mais mon cœur veille. » (Ct 5,1b). C’est pourquoi, en ce début du temps de l’Avent, il ne faut pas seulement se précipiter pour préparer beaucoup de choses tels que les crèches dans notre famille ou bien dans les églises, les sapins, les cartes de Noël, des achats de bons chocolats, des décorations, la répétition des chants, etc. Tout cela n’est pas mauvais en soi, mais pas encore suffisant, car, le Christ ne veut pas habiter dans les crèches. Ce n’est pas du tout son but ultime. Il s’incarne pour se faire proche de nous, pour être présent dans notre cœur, pour marcher avec nous dans le quotidien et pour nous accompagner à travers les hauts et les bas de notre existence humaine.
Pourquoi le Seigneur veut-il visiter les hommes ? Parce qu’il nous aime tellement, qu’il veut que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » et qu’il est Emmanuel, comme affirmait le prophète Isaïe dans la première lecture : « C’est toi, Seigneur, notre Père ; « Notre-rédempteur-depuis-toujours » (Is 63,16b). En effet, Dieu vient pour rencontrer celui qui pratique avec joie la justice et qui se souvient de lui en suivant ses chemins. Il vient pour nous montrer le bon chemin vers la vie éternelle car nous sommes égarés et perdus par les désirs désordonnés et mondains et par les tentations si attirantes et si séduisantes. Il vient pour donner un sens à la vie de l’homme, car nous sommes comme des feuilles si fragiles et passagères sous la puissance de la mort et du néant. Chers frères et sœurs, nous sommes déjà sauvés par la grâce du baptême, mais nous n’y sommes pas encore parvenus en plénitude. Nous sommes tous en chemin vers la sainteté. Nous sommes l’argile, selon l’expression du prophète Isaïe, qui a besoin d’être façonné au jour le jour par la main divine pour devenir une œuvre parfaite. Le temps de l’Avent est un temps fort qui nous permet de « s’approprier » petit à petit la présence divine en nous. Il « nous invite, comme disait notre pape émérite Benoît XVI, à nous arrêter en silence pour comprendre une présence. C’est une invitation à comprendre que chaque événement de la journée est un signe que Dieu nous adresse, un signe de l’attention qu’il a pour chacun de nous. Combien de fois Dieu nous fait percevoir un signe de son amour ! Tenir, pour ainsi dire, un « journal intérieur » de cet amour serait un devoir beau et salutaire pour notre vie. » Et il poursuit sa pensée : « L’Avent nous invite et nous encourage à contempler le Seigneur présent. La certitude de sa présence ne devrait-elle pas nous aider à voir le monde avec des yeux différents ? Ne devrait-elle pas nous aider à considérer toute notre existence comme une « visite », comme une façon dont Il peut venir à nous et devenir proche de nous, dans chaque situation ? » (Homélie du pape Benoit XVI, lors les Vêpres du premier dimanche de l’Avent dans la basilique saint Pierre de Rome, le 28 novembre 2009).
Seigneur, viens nous sauver ! Viens remplir notre vie de Ta présence, une présence qui nous apporte la paix, la joie et le bonheur ! Amen.