« Aujourd’hui, nous fêtons solennellement le Christ Jésus, Roi de l’univers qui termine l’année liturgique A. Dimanche dernier, nous avons entendu la parabole des talents où le maître, identifié au Christ, avant de partir en voyage, confie à ses serviteurs des talents pour les faire valoir pendant son absence. D’ailleurs, nous aussi nous attendons tous la Parousie dont la date n’est pas définitivement fixée, et en même temps, nous nous demandons ce que le Seigneur va nous demander lors de cette rencontre. La Parole de ce dimanche nous donne une réponse assez claire. « Des comptes » que le Maître nous demandera, lors de son retour, ce ne sont pas des choses d’extraordinaire qui demandent beaucoup d’efforts et d’intelligence. Au contraire, ce sont des activités concrètes, assez banales et simples que nous sommes tous capables de mettre en œuvre chaque jour dans le quotidien : donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif ; habiller ceux qui sont nus ; visiter ceux qui sont en prisons et malades ; accueillir les étrangers. En effet, ce qui compte le plus devant le Seigneur, ce n’est pas tant le bien que nous avons fait, mais c’est l’amour qui anime et stimule nos œuvres de charité, qui nourrit notre relation filiale avec notre Père céleste et qui nous pousse à tendre la main vers ceux qui ont besoin de secours. « Au soir de notre vie, nous serons jugés par l’amour », disait saint Jean de la Croix. Chers frères et sœurs, quand nous nous présenterons devant le Seigneur, nous serons jugés sur l’amour, sur la proximité et sur la tendresse envers les frères, car « aimer le Seigneur de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre intelligence » et « aimer notre prochain comme nous-mêmes » ne peuvent pas être séparés.
Par ailleurs, cette fête nous aide à vérifier si le Christ est encore au centre de notre vie, ou bien si nous sommes dominés par d’autres idoles : l’argent, le pouvoir, l’intérêt propre, l’égocentrisme, l’individualisme, etc. marcher à la suite du Christ, bien sûr, ce n’est pas facile, mais c’est un bon chemin qui donne le sens ultime de notre existence, car le Christ Jésus est un bon berger « qui veille sur les brebis de son troupeau », qui cherchera les brebis perdues, ramènera l’égarée, pansera celle qui est blessée, rendre force à celle qui est malade, comme disait prophète Ézékiel dans la première lecture. Il n’est pas non plus comme un maître dur qui exploite les serviteurs en moissonnant là où il n’a pas semé et en ramassant là où il n’est pas répandu le grain. Bien différemment, par la bienveillance, il nous a donnés des talents, à chacun selon nos capacités. De plus, le Christ se fait homme et voit comme chacun de nous afin de partager nos vicissitudes. Il se fait proche de nous pour nous sauver de l’esclavage du péché. Et enfin, par sa mort sur la croix, il a détruit la puissance de la mort qui entrave toute l’humanité et lui redonne la vie éternelle, comme proclamait saint Paul dans la deuxième lecture : « de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans la Christ que tous recevront la vie. » (1Co 15,20). « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis », disait Jésus dans l’Évangile selon saint Jean (Jn 10,11). Il affirmait encore dans le même Évangile : « le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10,10).
La Parole de Dieu en ce jour de fête nous invite à faire un examen de conscience sur tout ce que nous avons fait pendant cette année liturgique: est-ce que nous avons déjà fait fructifier les talents confiés plus ou moins ou bien les avons-nous cachés sous prétexte de la peur et de la paresse ? Est-ce que nous avons utilisé nos talents donnés pour servir le Christ dans les pauvres, les démunis, les réfugiés, les malades, etc ou bien sommes-nous en train de dire au Christ comme ceux qui sont à gauche dans la parabole : « Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? » (Mt 25,44) ? Ne cherchons pas un Christ selon notre modèle et notre concept. Au contraire, c’est en donnant à pleines mains à qui est dans le besoin que nous sommes accordés au projet de Dieu et que nous voyons le Christ en personne. « En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer dieu, qu’il ne voit pas. », disait saint Jean dans sa première Lettre (1Jn 4,20).
Seigneur, viens et gouverne notre vie ! Viens montrer le bon chemin qui nous amène auprès de Toi ! Apprends-nous à te connaître dans les pauvres, car « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40.45). Amen. »