« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Jésus ignore ou repousse trois fois la demande de la cananéenne. Il compare son peuple à des « petits chiens ». Pourquoi cela ?
De nos jours, comme il y a 2000 ans, Jésus serait traduit en justice et condamné. Pour propos raciste et sexiste. Encore une fois on aurait rien compris.
Quand Jésus parle du « pain des enfants », le « pain » c’est lui-même, pain de vie, et les « enfants » c’est le peuple juif.
Dieu dans sa souveraine liberté à choisi de commencer à se révéler il y a 3800 ans à Abraham et sa descendance. C’est le peuple élu : Dieu lui a parlé en premier. Jésus fait la volonté du Père : il est envoyé aux juifs, il naît dans ce peuple.
En plein polythéisme, entourés de peuples, dont les cananéens, croyant en plusieurs dieux, les juifs croient en un seul Dieu, créateur, paternel, car il leur a dit : « je serai pour vous un père et vous serez pour moi des enfants, des fils et des filles ».
Pendant que les cananéens tuaient leurs enfants en les offrant à des idoles, (et perdaient ainsi en humanité) les juifs priaient Dieu en se découvrant aimés viscéralement de Lui : « enfants » de Dieu.
Traiter les cananéens de chiens, Jésus l’a fait mais avec un diminutif : « petits » chiens : car dans sa bouche il n’y a aucun mépris. Simplement, il affirme l’ordre de sa mission, le peuple juif premier servi, et l’abîme entre ces pratiques idolâtres, cruelles, inhumaines, bestiales, et l’adoration du vrai Dieu.
Rappelez-vous combien Jésus n’est pas tendre non plus avec les samaritains. Il envoie ses premiers disciples en leur disant d’éviter la Samarie. Et à la femme de Samarie rencontrée au bord du puits il dira : « le salut vient des juifs ».
Jésus devait accomplir la révélation auprès du peuple élu, notamment en révélant la sainte Trinité, le Fils et le Saint Esprit. Il suffira d’attendre la Pentecôte (quelques jours ou siècles) pour découvrir l’ annonce du salut à tous les peules, la naissance de l’Eglise comme signe du salut universel. Mais ça c’est après.
Imaginez une fusée : vous ne mettez pas tous les moteurs en action sinon tout explose. Le premier module porte tout le reste, il est allumé et crache des flammes. Et puis arrivé à une certaine altitude, il se détache et un autre module entre en action et allume ses moteurs selon le plan de vol établi au départ. Il y a des phases de vol et d’allumage, c’est comme ça. Si vous êtes pressés, hé bien la fusée explose sur le pas de tir, et nous voilà bien avancés.
La cananéenne, comme la samaritaine, s’est détachée de ses idoles pour croire à la destinée du peuple juif sans en faire partie. Comment on sait ça ? simplement en écoutant : elle crie « fils de David ! » : c’est le titre du messie donné par les prophètes juifs : le messie descendra du roi David.
Décollage réussi. Mais c’est pas gagné : Jésus ne lui répond même pas.
Les disciples en ont marre : « Jésus fais-la taire, donne lui ce qu’elle veux ».
Jésus refuse.
Ensuite, ça se précise : du peuple juif, la cananéenne se concentre vers Jésus : elle l’appelle « Seigneur » dans une énième tirade ; elle pressent en lui une sorte de souveraineté sur le mal, la maladie, la mort. Après avoir suivi derrière de ses cris, elle vient se « prosterner » donc elle vient devant Jésus, lui barrant la route. La parole et le geste.
En fait, le deuxième module est entré en action qui va conduire le vaisseau en apesanteur.
Jésus avait parlé plus tôt de l’importance des pensées procédant du « fond du coeur ». Cette étrangère a donné le fond de son coeur.
D’autres auraient fait demi-tour de dépit et de colère en insultant Jésus, pour ne pas avoir honoré leur demande, mais dévoilant ainsi le fond pas si glorieux de leur coeur. Pas elle ! Cette étrangère fait preuve d’une « foi » remarquable en Jésus et son peuple, dans un ultime acte de « foi ».
C’est un autre moteur qui allume ce genre de choses, c’est la dernière énergie pour franchir l’abîme.
La traduction française gomme la réaction de Jésus : en grec ce n’est pas seulement « femme » mais « o femme » : c’est un « O » exclamatif : « o femme que ta foi est grande !».
A cette heure, un enfant de Canaan fut guéri. Et bientôt la « multitude » , aussi nombreuse que les étoiles du ciel.
Allo Houston, mission accomplie. Nous avons même un peu d’avance sur le programme !
Le silence de Dieu dans nos vies n’est pas mépris ou humiliation. Au contraire, il nous observe et nous corrige comme depuis la base de Houston, et il attend de tout son coeur le moment où l’humanité sera élevée jusqu’au ciel. Alors il explose de joie avec les anges et la foule des bienheureux.