« Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » »
Depuis combien d’années sommes-nous chrétiens ?
Et nous ne connaissons pas le Père.
Cet Évangile suit immédiatement l’avertissement de Jésus à Pierre : « Tu m’auras renié trois fois avant que le coq chante ».
Sommes-nous si loin de Dieu ?
Non. Nous sommes devant lui, mais nous ne le voyons pas.
Pour connaître Dieu, Jésus nous donne le chemin : celui de la Trinité.
Et pour que le monde nous connaisse, nous avons à refléter la Sainte Trinité : Dieu amour entre Trois personnes divine.
En effet Jésus vient aussi de dire aux disciples : « C’est à l’amour que vous avez les uns pour les autres que l’on vous reconnaîtra comme mes disciples ».
« Connaître ». « Reconnaître ». Ce sont des verbes semblables.
Jésus est le reflet du Père.
Des disciples « connaissant » la Trinité seront capables de refléter eux-mêmes Jésus, de la faire « reconnaître ».
Des disciples incapable de connaître la Trinité seront incapables de refléter Jésus.
La relation entre Jésus et Son Père est un mystère. C’est le mystère de la Trinité. Jésus souhaite nous faire connaître cette relation. C’est un chemin long et semé d’épreuves. Ce n’est pas un spectacle où l’on s’assoit comme au cinéma calé dans un fauteuil confortable avec en main un paquet de pop-corn.
Qui a la meilleure connaissance de Jésus ?
C’est Marie, sa mère et sa disciple. Mère selon la chair, disciple selon la foi.
Cette connaissance fut pour elle une épreuve, peut-être la première grande épreuve. Jésus avait 12 ans, et la caravane (les cousins, les amis) revenait du pèlerinage annuel à Jérusalem. Marie et Joseph avaient cru Jésus dans le groupe mais il n’y est pas. Angoisse. Ils retournent à Jérusalem et ne le trouvent qu’au bout de trois jours. Marie, en retrouvant Jésus, lui exprime aussitôt son incompréhension, leur angoisse :
« – Pourquoi nous as-tu fais cela ? Vois comme ton père et moi nous t’avons cherché angoissés ».
« – Pourquoi me cherchez vous ? Ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon père ? »
Ce jour là, Jésus a montré à Marie qui est son père : la première Personne de la sainte Trinité.
Ce jour là Jésus a parlé non pas à la mère, mais à la disciple. C’est peut-être à partir de ce jour là que Marie commence à être non seulement mère, mais aussi disciple. Ou alors d’une façon bien plus profonde.
Nous-mêmes vivons avec Jésus : nous sommes dans la même maison que lui, nous sortons avec lui, nous promenons avec lui, parlons ensemble, mangeons ensemble, mais nous ne le connaissons pas vraiment.
Comme Marie mesure ce jour là l’abîme, il y a un abîme à franchir pour connaître Jésus.
De même, nous pouvons fréquenter les Saintes Écritures, lire la Bible, l’étudier des années. Et Jésus nous dirait : il y a si longtemps que tu lis les Écritures et tu ne me connais pas ?
En même temps qu’il nous pose la question, il nous donne la réponse : il nous demande de plonger dans la relation qui est entre lui et Son Père, de la découvrir notre vie durant.
Une cousine de mon père et ma mère ont fait plusieurs fois la remarque à mon père qui cherchait quelque chose tout en le leur demandant.
« – Vous les hommes vous cherchez et souvent vous ne voyez pas ce qui est devant vous ».
C’est peut-être une déficience plus masculine ?!
Mais nous sommes tous solidaires de Philippe.
Si je ne vois même pas les framboises qui commencent à se former dans mon jardin, comment puis-je demander à voir le Père ?
Si je ne vois même pas la famille en difficulté sur ma paroisse, comment puis-je demander à Jésus : « montre-nous le Père ! »
C’est parce qu’il est uni au père, parce qu’il le connaît, parce qu’il est Un avec lui, que Jésus est capable de remarquer le lys des champs, l’aveugle mendiant à la piscine de Bethesda.
C’est parce que Jésus « connaît » le Père qu’il « connaît » Simon : c’est-à-dire qu’il voit dans le pêcheur du lac le futur « Pierre », fondation de son Église.
Sur terre, le Père ne se laisse pas voir avec les yeux de chair, mais avec le cœur ouvert, et à partir de Son Fils unique.