« Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés

vers votre berger, le gardien de vos âmes. »

Saint Pierre avait attentivement suivi et écouté Jésus pendant trois ans.

Après la Résurrection, Jésus s’est manifesté quelques semaines mais il ne pouvait pas rester sur terre : sa place était au Ciel, avec le bon larron et Adam et Eve et tous ceux qui attendaient impatiemment l’ouverture de la « porte ».

Un peuple nouveau était né. Dont Jésus est le « berger, le gardien ». Il veillerait désormais sur chaque brebis, pouvant enfin communiquer l’Esprit Saint non pas seulement à quelques-uns de la race d’Abraham, mais à toutes les nations.

Comme Jésus a demandé à Pierre (c’est pour cela qu’il lui a donné ce surnom de « pierre » car son nom était Simon) d’être la pierre sur laquelle l’Église serait fondée, Pierre aura à cœur d’agir et de parler à la manière de son maître, dans le dynamisme de l’Esprit Saint. Ses pensées devront venir de l’Esprit Saint et non pas de lui.

Nous le voyons concrètement dans cette deuxième lecture où Pierre reprend la manière dont Jésus parlait de lui-même. Jésus avait vu beaucoup de bergers, depuis tout petit, et adulte il s’approprie ce rôle et ce titre. C’était peut-être le moins recherché, le moins en vue, mais c’est un de ses titres préférés, un de ses titres de gloire : « berger », et donc « gardien des âmes ».

L’évangile nous montre Jésus utilisant cette image et aussi la difficulté pour ses contemporains, et notamment les pharisiens, de la comprendre. C’est pourtant simple : nous sommes ses brebis, et il est notre berger. Écoutons le à nouveau :

« Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix. »

Il les fait « sortir » car l’exode d’Égypte conduit par Moïse ne menait pas à la libération définitive. La terre promise était belle mais combien de batailles ont dû être menées pour l’occuper, et combien de divisions fratricides ont conduit Israël, le peuple élu, à s’entre-tuer ? Il était clairement apparu que la terre promise n’était qu’une annonce d’une réalité encore à venir. Jésus nous y conduit. Il a marché à notre tête en montant sur la croix, et nous ouvre avec sa résurrection la vie éternelle.

Méditons l’épître aux hébreux, toute entière relecture du sacerdoce lévitique avec ses tentes, ses sacrifices, ses prêtres et son grand-prêtre : l’auteur nous montre comment Jésus est le grand prêtre, dont le sacerdoce est rendu éternel par la puissance de sa résurrection. Ressuscité, Jésus entre le premier dans le paradis dont la porte était figurée par le voile séparant le « saint » du « saint des saints ».

Ce culte, sacerdoce, est donc abrogé, remplacé par une nouvelle alliance, à laquelle il nous préparait.

Une chose étonnante rejoint les lectures de ce dimanche : à la fin de cet épître, Jésus (qui d’ailleurs comme le note l’auteur n’était pas de la tribu de Lévi mais de Juda), appelé tout au long « grand prêtre », est appelé « le grand pasteur des brebis ».

Oui, nos « âmes » ont un « gardien », un « grand pasteur », et c’est Jésus. Heureux sommes nous.

Jésus nous révèle à la fois Dieu et l’homme.

Dans la Trinité aucune des trois Personne divine ne se perd, elles se gardent un amour infini et éternel.

Dans la famille humaine, il en sera ainsi.

Méditons la Genèse. Il devait en être ainsi à l’origine, mais la désobéissance d’Adam et Eve eut des conséquences. Caïn, après avoir tué son frère Abel, mentait à Dieu cherchant Abel, en répondant : « Je ne sais pas où il est. Suis-je le gardien de mon frère ? ».

En nourrissant son irritation, il avait perdu sa vocation de « gardien », alors qu’il était l’aîné.

Jésus nous rend à notre vocation humaine.

Tu es ainsi le gardien de tes petits frères et sœurs.

Gardien des élèves qui t’ont élu délégué(e) de classe.

Gardien de ceux qui ont été mis sous ta responsabilité dans ton travail.

Gardien de tes enfants quand tu deviens père ou mère.

Gardien d’une partie du troupeau avec un charisme de l’Esprit Saint pour lui.

Gardien de celles et ceux pour qui Dieu t’ as consacré(e).

Pierre a ainsi vu et entendu Jésus ressuscité lui dire trois fois : « Sois le berger de mes moutons » (Jn 21)

Entendons la voix du « berger, gardien de nos âmes », et obéissons à l’Esprit Saint.