« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Pourquoi les deux disciples disent-ils « ouvrait » et non pas « lisait » ?
Les deux disciples, comme tout juif, étaient familiers des « Écritures », et même bercés par les Écritures. Depuis leur tendre enfance, leurs parents ont chanté les psaumes, ont lu des passages, les ont instruits des personnages célèbres de leur peuple : le roi David, Abraham, Jessé, Esther, Ruth, Samson, Déborah…. Ils nagent littéralement dans les « Écritures », d’autant plus que leur survie en dépend : ils sont entourés de nations païennes et idolâtres qui depuis des siècles les envahissent et parfois les dispersent. Donc leur identité religieuse et culturelle, leur survie, passe par les « Écritures ».
Nous entendons dire parfois que la tradition orale fut première puis mise par écrite, mais pour le peuple juif il est vraisemblable qu’ils aient toujours mis par écrit pour transmettre oralement de manière sûre.
Comment alors les deux disciples peuvent-ils dire que Jésus leur « ouvre les Écritures » ?? Depuis des siècles, ils vivent avec : y auraient-ils quelque chose qui leur a échappé ? Sont-ils passés à côté ? Comment est-ce possible ?
D’abord, nous sommes devant Dieu, devant l’Infini : il y a une richesse, un sens qui nous dépasse et nous dépassera toujours. Nous ne pouvons pas comprendre tout, nous ne sommes pas Dieu.
Ensuite, c’est notre condition humaine de vivre dans le temps et de grandir : nous ne captons pas tout instantanément.
Surtout, c’est la volonté de Dieu de se révéler progressivement, car nous sommes dit Jésus, « lents à comprendre ». Donc Dieu s’adapte à son auditoire et se révèle peu à peu. Il en est de la relation avec Dieu depuis le péché d’Adam et Eve comme de celle du renard et du petit prince : un long apprivoisement à distance. Le péché originel est passé par là : ce qui était lumineux a laissé place à une certaine obscurité ; ce qui était facile est devenu laborieux ; ce qui était naturel demande maintenant un effort.
Donc oui nous avons besoin de quelqu’un pour « ouvrir » les Écritures.
Ce quelqu’un c’est Jésus car toutes les Écritures conduisent à lui. Il connaît tout ce que Dieu a mis en place depuis le ciel et constamment, pour nous combler et venir à notre secours. Il peut donc relever et expliquer les prophéties et montrer comment elles se sont accomplies en Lui.
Dans cette lumière surnaturelle, les yeux de la foi des disciples découvrent et s’émerveillent devant le dessein de Dieu maître des temps et de l’histoire. Jésus allume dans leurs « cœurs » quelque chose de « brûlant », car Sa présence communique le feu de l’Esprit Saint qui leur donne une perception des mystères divins.
C’est pourquoi lorsque nous voulons lire la Bible et nous laisser guider, il est important avant de demander à Jésus l’Esprit Saint, pour que le livre s’ « ouvre » :
Saint Jean témoigne de ce mystère dans le livre de l’Apocalypse :
« 1 Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé, écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux. 2 Et je vis un Ange puissant proclamant à pleine voix : « Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en briser les sceaux ? » 3 Mais nul n’était capable, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, d’ouvrir le livre et de le lire. 4 Et je pleurais fort de ce que nul ne s’était trouvé digne d’ouvrir le livre et de le lire. 5 L’un des Vieillards me dit alors : « Ne pleure pas. Voici : il a remporté la victoire, le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David ; il ouvrira donc le livre aux sept sceaux. » 6 Alors je vis, debout entre le trône aux quatre Vivants et les Vieillards, un Agneau, comme égorgé, portant sept cornes et sept yeux, qui sont les sept Esprits de Dieu en mission par toute la terre. 7 Il s’en vint prendre le livre dans la main droite de Celui qui siège sur le trône. 8 Quand il l’eut pris, les quatre Vivants et les vingt–quatre Vieillards se prosternèrent devant l’Agneau, tenant chacun une harpe et des coupes d’or pleines de parfums, les prières des saints ; 9 ils chantaient un cantique nouveau : « Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus égorgé et tu rachetas pour Dieu, au prix de ton sang, des hommes de toute race, langue, peuple et nation ; 10 tu as fait d’eux pour notre Dieu une Royauté de Prêtres régnant sur la terre. » 11 « (chapitre 5)
La Parole de Dieu peut paraître une langue étrangère et hermétique. Elle est en quelque sorte protégée, et accessible seulement par la pureté du cœur.
La persévérance et le don de l’Esprit Saint finissent par faire de ces « Écritures saintes », de cette Parole de Dieu, une parole « pour nous », touchant au cœur, et orientant nos vies vers Dieu.
Elle devient ce qu’elle a été pour Jésus : le langage de conversation avec Dieu et d’inspiration des hommes.
Ainsi elle éclaire et réchauffe nos vies encore en chemin.