« Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » »

Pourquoi Jésus est-il venu « retrouver » cet homme ?

Il y a dans ce récit 3 étapes, et Jésus avait à cœur d’arriver à la troisième.

Première étape : une humanité blessée.

Ce gars est né aveugle. Pourtant, Jésus ne voit pas un aveugle, il voit « un homme ».

Jésus vient innocenter notre humanité. Il répond à ses disciples : « Ni lui ni ses parents n’ont péché ».

Jésus a le regard de Dieu sur nous : Dieu voit notre humanité telle qu’il l’a créée : bonne. Et Il nous voit tel qu’il nous veux : bons.

Les disciples sont surpris car ils pensaient à une sorte de châtiment divin : cet aveugle serait plus ou moins responsable de son sort.

Quant aux pharisiens, se croyant pourtant religieux, leur regard est à l’opposé du regard de Jésus et de Dieu.

Même quand l’aveugle ne sera plus aveugle, ils l’insulteront et lui diront :

« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? »

Les pharisiens se croient justes et au-dessus de cet homme mais ils sont mauvais. Ce qui a fait de la peine à Jésus ce jour là, c’est certainement moins les yeux fermés de l’aveugle, l’humanité blessée, que le cœur fermé des pharisiens : l’humanité enfermée.

Pour Jésus le « péché » n’est pas chez l’aveugle mais chez les pharisiens, car c’est un péché qui « demeure », une méchanceté qui s’obstine, refermée sur elle-même, qui ne change pas d’avis.

Deuxième étape : une humanité guérie

« « Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle »

On ne peut oublier que dans la Genèse, Dieu fit l’homme à partir de la terre. Jésus fabrique de la « boue » et l’applique sur les yeux de l’aveugle : c’est une deuxième création, un geste divin.

Ce que personne ne pouvait faire, Jésus peut le faire. Il redonne la lumière à cet homme en lui redonnant l’usage de la vue.

Nous avons 5 sens. Jésus refait cet homme tel que Dieu nous a créé, voulu : avec nos 5 sens : l’ouïe, l’odorat, le toucher, le goût et la vue.

Mais à la différence de la première création, cette seconde création demande notre participation : Jésus lui demande d’aller se laver à la piscine de Siloë.

« L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait. »

Il est guéri. Il est guéri par une action de Jésus et en agissant lui-même selon la volonté de Jésus, l’ordre de Jésus.

Mais Jésus étant quelqu’un de discret ne recherchant aucune gloire pour lui-même, cet homme n’a pas encore vu Jésus.

En tout cas, physiquement, il a l’usage de ses cinq sens. Il est physiquement guéri.

Troisième étape : une humanité sauvée

Le but de Jésus n’est pas de nous guérir mais de nous sauver.

Le but de Jésus est de nous donner la vie éternelle.

De nous donner Dieu et nous donner à Dieu.

C’est pourquoi Jésus vient retrouver cet homme. Quand Jésus a appris le métier de charpentier, il a vu son père Joseph toujours livrer un travail fini, ne pas se contenter d’une oeuvre à moitié achevée.

« Crois-tu au Fils de l’homme ? »

C’est la première fois que l’ancien aveugle voit Jésus. Il le voit de ses yeux, mais il n’a pas encore foi en Jésus en tant que envoyé du Père.

S’il faut « croire », c’est que quelque chose n’est pas visible encore.

C’est le moment le plus important de ce récit , c’est l’heure du choix : il n’a pas choisi d’être guéri, Jésus ne lui a pas demandé son avis !

Mais maintenant c’est différent : sans son avis rien ne pourra se faire.

Alors il choisit de croire en Jésus, de croire que Jésus est celui vu et annoncé par les prophètes :    « Il dit : « Je crois, Seigneur ! » »

C’est ça la vraie guérison, la totale guérison, le salut : c’est au niveau du cœur, des puissances de l’âme, de l’usage de notre liberté.

Ces trois étapes, notre humanité est appelée à les revivre en ce moment d’épidémie, de pandémie.

Notre humanité est blessée : immobilisée par une épidémie, remplie de dysfonctionnements, de handicaps et de souffrances dont Dieu ne veux pas nous tenir pour responsables alors qu’il le pourrait facilement ; mais Il choisit de nous voir tel qu’ Il nous veux.

Quelques-uns vont bientôt guérir : Jésus va « passer » et agir incognito. Beaucoup de gens vont retrouver un bon sens dans la façon de mener leur vie. Des yeux vont s’ouvrir sur la beauté du monde, de la création, comme si on sortait d’une nuit, la lumière va nous paraître comme nouvelle. Un chemin de guérison, de relations s’ouvre.

Et ça ira plus loin encore, avec un renouveau de la foi au Christ, une découverte du vrai Dieu, une rencontre avec Jésus en profondeur, dans un don mutuel des cœurs.

Et malheureusement, beaucoup vont continuer à s’endurcir. Cette heure si particulière, qui remet les pendules à l’heure, qui redonne le sens de la vie et des êtres et des choses et de Dieu, sera celle de l’obstination dans le mal, le refus de se convertir, de voir Dieu, en se préférant soi-même. Un enfermement terrible.