« Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée »
Dans mes souvenirs, Jésus parcourait la Galilée, la zone du lac, mais sans habiter un lieu précis. Selon saint Mathieu, Jésus est bien venu « habiter » à « Capharnaüm ». Il a cherché une nouvelle maison.
Pourquoi donc Jésus a t-il décidé de déménager ? d’habiter ailleurs ?
Vers l’âge de trente ans, il quitte Nazareth pour Capharnaüm, à 40 km au nord-est, dans une autre province romaine. Le verbe grec est même plus fort, c’est le verbe « abandonner ». Il abandonne un lieu, tout un pan de son histoire : une nouvelle étape de sa vie commence.
C’est « en apprenant l’arrestation de Jean le baptiste » que Jésus prend cette décision. C’est une décision de prudence. Jésus change de province pour ne pas être arrêté et emprisonné sitôt la première agitation. Le sud est trop proche de la capitale, des soldats romains et des partisans d’Hérode.
Pour trouver d’autres raisons, il est bon comme souvent dans la Bible, de lire ce qui précède : le récit de Jésus au désert 40 jours tenté par le diable. Les deux récits présentent des parallèles étonnants, grâce au vocabulaire utilisé :
– Dans le désert le tentateur « s’approchai » de Jésus pour l’éloigner de Dieu.
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A Capharnaüm Jésus commence à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Vous avez le même verbe mais dans le premier cas c’est le tentateur, dans l’autre c’est Dieu.
– Au désert, Jésus est seul, isolé.
– A Capharnaüm Jésus appelle les premiers disciples non pas un à un mais en famille : « il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André » ; « De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean ». Jésus s’appuie sur la famille humaine, à l’opposé du démon isolant sa proie.
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Le tentateur « emmenai » Jésus (en esprit) à Jérusalem, puis sur une haute montagne pour exciter sa convoitise et être adoré.
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Jésus « emmène » les premiers disciples pour faire d’eux des « pêcheurs d’homme » ; donc au propre et au figuré, il reste au niveau de la mer, qui est un niveau bas, il ne leur donne pas la folie des grandeurs, des hauteurs ; il ne leur demande pas à être adoré, mais simplement à être « suivi ».
Les textes se répondent, créant ici un contraste saisissant, pour nous en apprendre sur Jésus.
Capharnaüm c’est le début de la vie publique de Jésus. Jésus a aimé Nazareth. Mais c’était le moment de quitter Nazareth et d’aller à Capharnaüm. Là bas « une grande lumière allait se lever » disait le prophète Isaïe.
Nos vies sont faites d’étapes ; une partie de notre passé sera « abandonné ». C’est un renoncement. Jésus voudrait nous déplacer à l’intérieur de notre coeur, nous faire découvrir et habiter une nouvelle province de notre coeur.
Par exemple, dans un couple, arrive un moment où il y a un déplacement dans les relations. Le premier enfant vient de naître, la maman porte au début une grande part de son attention à l’enfant et le mari peut se sentir moins aimé, un peu oublié. Il y a besoin d’une attention mutuelle, de compréhension, de poser de nouvelles marques.
Il n’est pas possible de revenir en arrière. On perd quelque chose ; mais notre amour fait du chemin, pas du sur-place.
Jésus m’appelle à habiter à Capharnaüm, à entrer dans une nouvelle étape de ma vie, où l’horizon grandit.
La Parole de Dieu veux nous guider au quotidien, pas dans des causeries abstraites ou stériles. Dieu s’intéresse à la vie de tous les jours, concrète. Il nous guide et nous entraîne.
A moins de faire le chemin inverse, c’est-à-dire quitter l’Evangile et retourner au livre de la Genèse, chapitre 3…
La vie missionnaire de Jésus à Capharnaüm, l’appel des disciples, les guérisons activent notre baptême. Nous sommes faits pour rayonner notre Dieu, le rendre proche.
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par le chant tout simplement, louange à Dieu,
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en étant de bon conseil à ceux qui vous en demandent
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en rendant service
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en accueillant un charisme que l’Esprit Saint vous donne pour bâtir son Eglise.
Nous entendons l’appel à être moins « consommateur » et davantage « acteur ».
Avec les sacrements de l’Eglise, il y a toujours ce risque pour nous d’en devenir des consommateurs : je prends pour moi, pour mon salut, sans en faire profiter les autres, dont le salut m’importe peu. C’est l’inverse de ce que Dieu attend.
Monseigneur Housset disait : « Baptisés semeurs d’Evangile »
Notre évêque nous rappelle ces deux dimensions : « disciples » et « missionnaires », et la fraternité qui va avec.
Si nous suivons Jésus, il nous enverra tôt ou tard en éclaireurs.
Que cet Evangile nous invite à ouvrir notre coeur ! Laissons Jésus entrer dans une nouvelle « province » de notre coeur, l’illuminer et qu’à terme il lui appartienne tout entier ! Amen!