« Voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph »
Dieu guide Joseph par des songes. Pas moins de trois en quelques lignes.
Et juste avant ce passage ce sont les mages que Dieu avertit « en songe » de rentrer chez eux par un autre chemin.
Un songe, c’est pendant le sommeil.
Ce n’est pas un rêve, c’est plus qu’un rêve.
Le rêve est strictement humain, produit d’une activité psychique.
Le songe est humain et divin : c’est un message divin reçu dans le sommeil.
Que retenir de ces songes de Joseph ? L’obéissance et la liberté.
1° Il est frappant de constater l’obéissance de Joseph : l’ange lui commande de se « lever », il se lève.
Vous savez, il y a des moments où Dieu ne plaisante pas.
Quand tu vois un enfant de trois ans traverser la route sans connaître le danger des voitures, tu ne plaisantes pas : tu bondis et ton visage est grave.
Dieu ne plaisante pas, car il connaît Hérode. Écoutons Benoît 16 à ce sujet dans son livre sur l’enfance de Jésus : « en 7 avant JC, Hérode avait fait exécuter ses propres fils Alexandre et Aristobule, parce qu’il sentait son propre pouvoir menacé par eux. En 4 av JC, il avait éliminé pour le même motif son fils Antipater. La nouvelle d’un prétendant au trône, apprise par les mages, devait l’alarmer. Vu son caractère, il était clair qu’aucun scrupule n’aurait pu l’arrêter. »
L’obéissance de Joseph sauva clairement l’enfant Jésus.
Depuis le péché originel, nous avons un problème avec l’obéissance.
Et ainsi dans le couple, puis en famille entre parents et enfants, disputes et divisions s’installent.
Joseph, par son obéissance, nous montre le travail de la grâce, l’appel incessant de Dieu à nous remettre sur le chemin de la vie par l’obéissance.
C’est pourquoi vous avez entendu en première et seconde lecture tous ces appels concernant la vie de couple ou de famille, et à la nouvelle famille des chrétiens. Il s’agit de retrouver le chemin de l’amour. Ça passe par l’obéissance.
Vous retrouvez les mêmes verbes dans les ordres de l’ange et l’action de Joseph :
– « T’étant levé, prends l’enfant et sa mère et fuis en Egypte et sois là jusqu’à ce que je dise à toi… »
– « S’étant levé il prit l’enfant et sa mère de nuit et se retira en Egypte et il était là jusqu’à la fin d’Hérode… »
Il fait nuit, il n’a rien prévu, la route est pleine d’embûches, de brigands, de déserts à traverser où il y plus de serpents que d’eau… il y va. Quand vous obéissez à un ange, ça met en confiance. Quand Dieu est avec toi tu n’as rien à craindre.
2° Il est frappant de constater la liberté de Joseph
Son obéissance est une obéissance raisonnée, intelligente, libre. Joseph n’est pas un imbécile qui se laisse manipuler ou obéit aveuglément
Quand l’ange du Seigneur lui apparaît en songe et dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant », Joseph se dirige d’abord vers le sud, peut-être pour retourner à Bethléem.
« Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. »
C’est intéressant cette « peur », cette crainte, ça nous dit l’humanité de Joseph. On pourrait prendre cela pour un manque de confiance en Dieu mais pas du tout.
Il craint non pas pour lui mais pour « l’enfant et sa mère » : car Archélaus est le plus cruel des fils d’Hérode…Joseph réfléchit. Ça c’est bien : Dieu nous veut en conversation avec lui, en dialogue, comme un ami avec son ami.
Dieu répond : troisième songe ! Vous voyez, plus on est en complicité avec Dieu, plus il se manifeste. L’ange lui indique d’aller au Nord en Galilée.
Cette liberté de jugement est un des fruits de l’obéissance justement. Le désobéissant juge mal et prend des décisions de plus en plus mauvaises.
L’obéissance à Dieu éclaire notre jugement et nous permet de renoncer au mal et choisir le bien.
Mon grand-père maternel, Pierre Nicolle, était fonctionnaire français en Algérie en 1939-1945 et quand dans son bureau un supérieur ou un envoyé de l’Etat lui a demandé de dénoncer des juifs : il a refusé.
La valeur d’une personne humaine lui importait plus que sa carrière ou un rapport. Soyons des hommes libres.
Si tu es plutôt jolie femme et que pour obtenir le rôle ou le job, on te demande de passer au lit, rien ne t’y oblige. Ton honneur vaut plus que ton nom sur l’affiche, sur une porte, ou la satisfaction d’une conquête.
Que saint Joseph soit pour nous un exemple d’obéissance et de liberté : obéissance à Dieu, dans un dialogue intelligent et amical, qui rejaillira sur nos proches.