« Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome. »
Comment Rome, la ville symbole de l’Empire romain, la capitale de l’ennemi, de l’occupant polythéiste, comment Rome abrite-t-elle des « bien-aimés » de Dieu ?
En deuxième lecture avec saint Paul, nous avons les premiers écrits du christianisme. Depuis 2000 ans, Dieu avait choisi un peuple parmi tous les peuples : le peuple juif, né d’Abraham. La capitale spirituelle de ce peuple, lieu de confluence des juifs en pèlerinage, c’était la ville de Jérusalem. Si des juifs étaient exilés, ils vivaient toujours dans le souvenir et l’espoir de revenir sur la terre promise, et de monter à Jérusalem, la ville du Temple.
En l’espace de trente ans que s’est-il passé pour que les nations dites païennes, idolâtres connaissent elle aussi le Dieu des Juifs ?
Quel changement étonnant !
Rome va devenir la capitale du christianisme !
N’est-ce pas aussi un passage que nous avons continuellement à faire : passer de Jérusalem à Rome ?
En effet, nous avons appris des choses de nos parents. Nous avons vu des chrétiens vivre, prier, être généreux. Une personne au Secours catholique m’a dit ceci cette semaine : quand elle était petite, avec sa maman, elles sont passées devant une église où se tenait un mendiant : la maman est retournée chez elle et a ramené de quoi manger en disant au pauvre : je n’ai pas d’argent à te donner mais voilà de quoi manger.
Sa fille m’a dit : je n’aime pas la violence, les guerres dans les religions, mais ce geste de ma maman, pour moi, c’est ça le christianisme.
Elle a appris quelque chose de fort. Nous apprenons aussi au catéchisme, en aumônerie, avec un mouvement.
C’est « Jérusalem », une sorte d’héritage, ancien, un souvenir marquant.
Ces mois-ci cette personne est entrée comme bénévole dans l’équipe du Secours Catholique.
C’est passer de Jérusalem à Rome, entrer dans la nouveauté du christianisme, faire une expérience personnelle de Jésus, le rencontrer dans les pauvres, dans le service, un service mutuel, car elle reçoit beaucoup d’eux aussi.
Nous avons une tradition vivante : répéter c’est bien mais cela ne suffit pas. Le perroquet répète à la perfection ; mais il ne comprend pas ce qu’il dit.
Jésus disait : je vous enverrai l’Esprit Saint, il vous rappellera de ce que je vous ai dit car vous n’avez pas encore la force de le porter.
Maintenant si, vous avez reçu l’Esprit Saint, grandi, vous êtes passés de Jérusalem à Rome, de la Première à la Nouvelle alliance.
Prenez le mystère de l’Incarnation. Il y avait déjà eu des naissances miraculeuses dans le peuple juif, des couples stériles ou vieux avait eu l’annonce surnaturelle d’un enfant. Marie se trouve elle dans une situation inédite, sans référence : Dieu la demande pour ainsi dire en mariage, en nuit de noces, alors qu’elle est fiancée à Joseph, promise à Joseph.
La prophétie d’Isaïe annonçant une « vierge enceinte » dépassait jusque-là le cadre mental.
Selon la Loi juive, pendant un an Marie reste chez ses parents, puis on fera le mariage, et elle s’unira à Joseph.
Concevoir non pas de Joseph dans un an, mais de l’Esprit Saint immédiatement ?Vous ne répondez pas à ça en répétant quelque chose, c’est trop nouveau.
Comme d’autres jeunes filles, Marie espérait probablement devenir la mère du Messie, mais n’imaginait pas devenir Mère de Dieu, Théotokos.
Dieu a une chose à demander à chacun de vous, tellement nouvelle que nous avons eu et aurons besoin de Marie et Joseph, de leur expérience, pour nous aider à y consentir.
Passons ensemble de « Jérusalem » à « Rome » :
• d’une charité constatée chez les autres à une charité active en nous
• d’une espérance raisonnable à une espérance en Dieu infinie
• d’une foi admirée chez les autres à une foi qui nous transporte.
Saint Paul s’adresse aux « bien-aimés de Dieu », à ceux qui formeront bientôt la capitale spirituelle du christianisme, et la capitale spirituelle du monde.
Ainsi l’Eglise se construit et transforme le monde.
Ainsi la lumière de Bethléem est la lumière du monde.