« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
En ce troisième dimanche de l’avent, un personnage important nous est montré.
Il était surnommé « le Baptiste » car il plongeait les foules dans l’eau du fleuve pour les préparer à la venue du Messie.
Un Messie était attendu depuis des siècles, sans connaissance de la date. Attente fondée sur des prophéties. Nous avons entendu en première lecture le prophète Isaïe : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »
Des événements étranges, surnaturels, avaient entouré la naissance de Jean et son cousin Jésus. Beaucoup en parlaient à voix basse depuis trente ans déjà, attendant le jour où ils allaient se manifester.
Jean avait bien commencé à réunir des foules, des « disciples » pour préparer le chemin du Seigneur. Sur les bords du fleuve, Il avait vu Jésus arriver, et sous l’inspiration de l’Esprit, dans le feu qui le brûlait intérieurement, Jean avait dit : c’est lui que vous devez écouter et suivre.
Mais le voici prisonnier tel un fauve en cage. Le roi Hérode l’a fait enfermer, probablement dans la forteresse de Machéronte.
Pour la première fois, le sauvage du désert se retrouve emprisonné, dans un espace réduit et sombre. Le feu est celui des chaînes qui lui entaillent les chairs, le feu de la fièvre qui le vide de ses forces. Intérieurement, bouleversé, il ne sait à quoi tient sa vie. A tout instant la mort peut survenir.
Il était censé préparer le venue du royaume de Dieu, pas le maintien d’un dictateur. Il vivait pour le messie, pas pour Hérode. Jean le baptiste se met à douter : est-ce que je me suis trompé ? Jésus ne serait pas celui qui vient ? Il y en aurait un autre après lui ? Pour en avoir le cœur net, il envoie ses disciples questionner Jésus.
Cette question angoissée, ce doute vertigineux nous questionne nous chrétiens.
1° Nous arrive t-il de douter de Jésus ? Si oui pourquoi ?
2° Nous arrive t-il de dissiper des doutes ?
1° Il y a deux sortes de doutes :
-
L’un grandit l’homme, participe à sa grandeur. C’est un doute-étape sur un chemin pascal, un vide à surmonter par la foi. Un doute dont nos vies sortiront rapprochées de Dieu. C’est un SOS, un appel au secours. Un cri de détresse, une plainte. Dans ce « désert aride » dit Isaïe, « une fleur fleurira comme une rose ».
-
Et il y a une autre sorte de doute : au-lieu d’être semé par Dieu pour grandir l’homme, il est semé par le diable pour le diminuer. On va se « payer le luxe » de douter : par excès de confort matériel, intellectuel, spirituel. Jésus, La Trinité, l’Eglise, la méditation de la Parole de Dieu, les sacrements, la prière, passent à la trappe. Reste encore un petit bricolage spirituel égocentrique, mais comme une plante en train de crever.
Le premier doute est un chemin de sainteté.
L’autre doute est un chemin nous éloignant de la sainteté.
Le premier doute est accompagné d’une grâce spéciale pour être surmonté.
L’autre doute se détourne de la grâce et se nourrit de doutes supplémentaires.
Voici le premier :
Au Pakistan, les jeunes filles chrétiennes, plus pauvres et moins protégées par la loi, sont victimes de trafiquants chinois et pakistanais, victimes de la traite d’êtres humains.
«Elle s’appelle Human Younas, elle a 14 ans, elle est chrétienne et depuis deux mois au Pakistan, elle a été kidnappée, convertie de force à l’islam et mariée à l’un des ravisseurs. Avec la complicité des autorités.».
Ses parents font appel au pape et à la communauté internationale. La justice pakistanaise sollicitée à 5 reprises ne fait rien.
La question de Jean-Baptiste est aujourd’hui celle d’une fille de 14 ans, celle de ses parents, leur appel au pape, à la communauté internationale. Cette jeune fille, ces parents, cela pourrait être vous, nous. Que dis-je ?! Pardon Seigneur, C’EST NOUS! car quand un membre du corps de l’Eglise souffre, le corps tout entier souffre.
Comparons nos doutes à ça pour vérifier s’ils viennent de Dieu, s’ils procèdent d’une réelle recherche ou au contraire d’un luxe, tel Hérode entre deux concubines ou deux plats.
2° Nous arrive t-il de dissiper des doutes ?
Une personne parmi vous a été reçue chez des amis récemment. Ils lui ont parlé de Jésus en disant qu’il avait pu avoir une femme et des enfants, qu’ils ne voyaient pas le problème.
Notre paroissienne leur a répondu que Jésus était célibataire car il vient épouser toute l’humanité. De colère, elle a pris son manteau, s’est levée et elle est partie.
Eh bien son manteau était celui des prophètes. Sa parole a porté le feu de l’Esprit Saint, et son attitude a été la meilleure réponse. Car cela ne ressemblait pas au doute de celui qui cherche et interroge ses amis.
Chers amis, quand Jésus vient répondre à nos doutes, écoutons-le. Il fera fleurir en nous une « rose ».
Dissipons les doutes chez ceux qui en souffrent : témoignons de notre « rose » en étant prophètes de celui qui vient.
Et soyons intraitables avec le Tentateur. Il est herbicide et homicide. Amen.