« Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ». Méditons cette parole

Quand Jésus s’est mis à parler, parcourir le pays, guérir, « des foules » se sont formées. Saint Mathieu nous révèle ici les premières paroles de Jésus aux « foules ».
Son discours est resté célèbre, appelé les « Béatitudes », car Jésus commence chaque phrase avec l’adjectif « heureux ». 9 fois de suite. Il le répète, il insiste, c’est comme le refrain d’un chant : ça revient.

La semaine dernière, j’étais invité chez des amis pour un anniversaire, et la personne dont c’était l’anniversaire est presque tombée sur un fauteuil en prenant ma main et me disant : « père, je n’arrive plus à pleurer depuis… (tant d’années ou tel évènement, décès) ».

C’est un poids pour cette personne, comme un dysfonctionnement. Vous savez, les médecins font parfois des tests pour vérifier le bon fonctionnement du cœur. Si le « sang » ne circule pas bien, s’il est gêné, on en souffre, et on manque de souffle.

Certes, souvent « pleurer » est synonyme de peine, de chagrin. Mais pour cette personne, « pleurer » serait une libération, elle le désire, l’appelle de ses vœux, car elle devine la promesse de Jésus pour « ceux qui pleurent » (« sont affligés ») : « ils seront consolés » (« paraclétésontaï » en grec).
Vous reconnaissez le mot « Paraclet » ; dans les Évangiles et la bouche de Jésus c’est un des titres de l’Esprit saint : cela veut dire « défenseur » : Dieu défend, protège, console ceux qui pleurent. Comme une maman quand son enfant pleure. Elle fond vers lui, le prend dans ses bras, elle a de la peine elle aussi et une force intérieure, elle lui caresse les cheveux et lui demande ce qui ne va pas pour l’aider à en sortir.

Dieu agit ainsi et cette douceur est capable de fendre le rocher. Dieu est avec nous, pleure avec nous et nous console.
Jésus lui-même a pleuré. C’est dit au moins à deux moments : devant le tombeau de son ami Lazare, devant Jérusalem, et le jeudi soir dans le jardin avant être arrêté. Jésus pleura mais, il fut « heureux » de ressusciter Lazare, et « heureux » de donner sa vie pour la reprendre ressuscité et ainsi nous sauver.
L’Évangile ne s’annonce pas froidement et à distance, mais en allant vers les gens, donnant nos mains, ou nos bras et les consolant avec l’Esprit Saint que Dieu nous donne pour eux.

« Ils seront consolés! » : Jésus lève un peu le voile à la fin de son discours : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
L’ange Gabriel avait dit à la jeune fille Marie, fiancée de Joseph : « Réjouis-toi, comblée de grâce… » Et Jésus vient en personne nous le dire : « Réjouissez-vous et jubilez, votre récompense grande dans les cieux ».
La solennité de la Toussaint nous fait entrevoir la joie éternelle et infinie du ciel.

Oh! que notre monde en a besoin ! Il conseille à l’Église de se dépoussiérer mais abandonne la splendeur de Dieu et ses créatures pour se couvrir de toiles d’araignées, de citrouilles à grimace, de bonbons qui ne durent pas et d’un sang qui ne sauve pas ! C’est à nous de dépoussiérer ce monde et pas l’inverse !
Chers amis, faîtes-vous peur oui mais avec le livre de l’Apocalypse. Une peur qui convertit, pas une peur stérile ; une occupation qui conduit à la joie, pas au vide.

Nous venons d’ entendre un passage étonnant et rebutant du livre de l’Apocalypse : « Des anges ont reçu pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer ».
C’est quoi ça ? brrrr…
Rappelons-nous l’histoire de Noé : vous savez à cause de l’injustice et de la cruauté des hommes, Dieu voulait en finir avec cette injustice et fit pleuvoir MAIS il sauva Noé et sa famille en lui faisant construire une arche.
Des « anges » ont donc le pouvoir de faire cesser le mal, l’engloutir et manifester la justice de Dieu… et d’autres ont une mission autre, donc un « pouvoir »: manifester la miséricorde divine ! Ainsi Jean voit un ange crier d’une voix forte :
 « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu ! »

En cette fête de la Toussaint, la petite arabe Myriam Baouardi désormais sainte Marie de Jésus crucifié, nous aide à comprendre cette parole de l’Apocalypse, à entrevoir la « récompense » qui nous attend « dans les cieux » :
Le chanoine Bordachar, après de multiples démarches officielles civiles et religieuses, venait de fonder, construire un Carmel à Bethléem.
Le chanoine vit une fois notre sainte en extase (je le cite):
« L’enfant, le visage rayonnant et comme transfiguré en beauté angélique, nous dit, tout ce qu’elle voyait sur l’heure même : c’était Jésus descendant des cieux , et suspendant une lampe d’or au dôme du couvent, en signe de protection perpétuelle. C’était encore Jésus demandant à ses épouses du Carmel si elles vivaient heureuses et contentes dans leur cher asile, si elles manquaient de rien, si elles désiraient encore quelque chose ? … Jésus les bénissait, et aller poser les mêmes questions et bénir les portières et les tourières, puis se rendait aux prairies verdoyantes où paissaient les vaches du monastère, autour des clôtures et en dehors, et demandait à ces bêtes si elles avaient pâture abondante ? Et les vaches, répondant également qu’elles avaient l’eau et l’herbe en abondance, Jésus les bénissait aussi. « Et voilà que Jésus les bénit aussi! » s’exclamait l’enfant avec admiration! »

L’amour de Dieu s’étend à toutes ses créatures, de la plus petite à la plus grande.
Accueillons cet amour et libérons-le sur la planète !