« Quand vous priez, dîtes : « Père! » »
Est-ce nouveau à l’époque pour un juif d’entendre cela dans la bouche de Jésus?
Et est-ce nouveau aujourd’hui ?
1° Le terme de « Père » pour désigner Dieu est employé dans la Bible juive. Plus rarement que dans le Nouveau Testament mais il y est.
Au livre de l’Exode, Dieu appelle son peuple » mon fils premier-né » (Ex 4,22-23)
Dans le Deutéronome, le Seigneur dit à Israël : « Vous êtes les fils de l’Eternel votre Dieu » (Deut 14/1)
Le prophète Jérémie, s’adressant à Israël afin qu’il se repente, parle ainsi : « Dieu te dit : je veux te faire une place parmi mes enfants. Tu m’appelleras : mon Père, et tu ne t’éloigneras plus de moi » (Jérémie 3/20).
Les juifs ont aussi des prières plusieurs fois par jour dans lesquelles ils appellent Dieu « Père » : « Fais-nous revenir, notre Père, vers la Torah » et aussi : « Pardonne-nous, notre Père, car nous avons péché contre toi ».
Cette appellation de « Père » dit la proximité, une relation filiale. Les Juifs la complètent ou contrebalancent par d’autres : notamment celle de « Roi » pour dire la transcendance, le tout autre, le Maître de l’univers. Le Seigneur est aussi comparé à une mère ou un fiancé, un époux amoureux.
La prière du Notre Père puise donc dans des sources juives, mais « Père » y est un titre parmi d’autres. De toute façon, les Juifs ne prononcent pas le nom de « Dieu » : par respect ils disent « Adonaï », le Seigneur.
Avant les Juifs, des religions utilisaient cette appellation de « père ». Ainsi, le nom « Jupiter », vient de « Zeus-Pater », « Zeus-Père ». Dans ces mythologies, dieux et déesses batifolent et ont des enfants, des demi-dieux.
Du temps des juifs, des idolâtres déclarent à leurs dieux : « Tu es mon père, c’est toi qui m’a enfanté » (Jérémie 2,27).
Au peuple juif, Dieu commence à se révéler ; il va donc purifier notre imagination, nos projections, notre comportement et peu à peu se faire connaître.
La nouveauté sera la révélation par Jésus du Père comme Personne divine, et du Fils et de l’Esprit Saint : l’intérieur de Dieu, en quelque sorte. Ça c’est nouveau, c’est le message du Christ, de l’Eglise : la révélation du mystère de la Trinité.
Grâce à Jésus, vous savez qui vous avez en face de vous quand vous priez : Dieu-Père.
2° Qu’est-ce que ça a de nouveau aujourd’hui ?
Nous sommes entourés de religions différentes et d’idoles, et maintenant c’est vous qui tenez la place de Jésus. Vous enseignez à prier et vous désignez Dieu le Père.
Beaucoup de gens aimeraient prier mais ils rencontrent des obstacles.
Grâce à vous, ces mêmes gens quand Dieu les pousse à vous interroger, ils ne rencontrent pas des obstacles mais Dieu en Personne. Ils savent. Avant ils ne savaient pas. On leur avait rien dit, rien enseigné, ou ça ne les a pas rempli ni convaincu.
Parfois ces gens vous voient prier et ça les bouleverse, ça les impressionne, ça leur donne envie. Ils voudraient vivre la même chose. Alors un jour, ils viennent nous trouver : ce sont les disciples de l’évangile qui interrogent Jésus.
La nouveauté est aussi dans notre regard et notre analyse sur les questions d’actualité. La foi en Dieu Père développe notre intelligence des situations.
Ainsi, concernant la procréation médicalement assistée, l’Eglise demande quel avantage il y aurait à consacrer des désirs individuels et des techniques de laboratoire, si c’est au prix d’une impossibilité légale de retrouver le père, ou de le rendre inutile.
Comme Jésus nous le révèle, la filiation est le secret de la relation des hommes avec leur Dieu. Le baptême révèle Dieu comme Père de Jésus et notre Père.
Plus on rend sur terre la filiation compliquée et opaque, plus on laisse l’être humain seul et sans réponse. En priant et nous apprenant à prier, Jésus nous dévoile que nous sommes crées et sauvés par Dieu-Père.
De façon générale, l’Eglise mettra les pères devant leur responsabilité : vous avez une mission magnifique dont saint Joseph vous montre la grandeur. Vos bras, vos paroles, votre regard, vos silences, votre travail montrent à votre enfant le visage encore invisible de Dieu-Père. Au contraire, si vous devenez violent, infidèle, injuste, cruel, abusif, ou lâche, au lieu de refléter le Père, vous barrez sa route.
Enseignez la prière du « Notre Père »! Il est temps de se réveiller car même au baptême la plupart des parents ne connaissent pas cette prière !!
Pour terminer, une image de la prière chrétienne. Vous êtes avec votre enfant au bord de l’eau et vous lui apprenez à faire des ricochets. 1, 2, 3 !
La prière est dans ta main comme un galet que tu lances au-dessus du vide, et elle va toucher Dieu le Père en premier, et par ricochet elle s’envole une deuxième fois pour toucher le Fils, et elle s’envole une troisième fois pour plonger dans l’Esprit Saint.
Le concert de la chorale hier soir est un galet. Travaillé, poli, vous l’avez lancé et désormais il est en Dieu. Enregistré et gravé. Il y a beaucoup de choses dans notre prière, de la gravité, de la légèreté, de la peur, de l’excitation, de l’amusement …
Vous y avez mis tout votre cœur, et c’est bien reçu, enregistré et gravé pour l’éternité.