« Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Jésus avait marché avec ses disciples, et entrant dans un village, le voici reçu chez une femme appelée Marthe.

Marthe s’occupe du service et s’énerve que sa sœur reste assise aux pieds de Jésus à l’écouter.
Jésus dit à Marthe: « Tu t’agites ».

Pourquoi cette agitation ? On dirait qu’ elle se sent seule.

Elle a l’impression d’être la laissée pour compte, celle qui fait le travail pendant que les autres (sa sœur Marie) en profitent.

C’est très étonnant : elle se sent seule alors que Jésus est entré dans sa maison !
Il n’a jamais été aussi près d’elle (c’est peut-être la première fois qu’elle le voit) et elle se sent seule !

C’est tout le contraire dans la première lecture où Abraham sent que la présence de ses visiteurs est importante. Il « court », il « se hâte », il pense à leur laver les pieds, à les faire manger, mais ça ne l’empêche pas d’être présent à ses hôtes. Et le résultat, c’est un miracle : sa femme stérile aura un fils.

Au passage, si vous avez bien écouté, vous avez été surpris par la grammaire du récit : ça passe sans arrêt du pluriel au singulier et vice versa : on ne sait plus s’il y a un ou plusieurs visiteurs !
Les juifs ne peuvent pas l’expliquer et n’ont jamais pu éclairer cette étrangeté grammaticale. Les chrétiens à qui Dieu s’est révélé « Trinité de personnes » savent dès lors pourquoi ce récit passe si facilement du pluriel au singulier.

Revenons à Marthe. Contrairement à Abraham, Elle ne ressent pas l’importance du visiteur, la présence de Jésus.
Sa préoccupation, -une supplémentaire au milieu de son agitation-, c’est même maintenant de séparer sa soeur Marie de Jésus.
Elle se dit : Marie sera avec moi pour le service, je ne serai plus seule…
En tout cas elle dit à Jésus ce qu’il doit faire : « Dis-lui donc de m’aider. »

La réponse de Jésus est calme et souveraine : « Marie a choisi la meilleure part,
elle ne lui sera pas enlevée. »
Marthe ce jour là s’est heurtée à un mur. Et elle s’en est rappelée toute sa vie.

Cette semaine j’étais invité chez une famille. Un frelon s’est invité pendant le repas. Il avait la ferme intention de travailler sur le délicieux plat de poisson posé à table. Il s’agitait. Il était en même temps pris par le plat, et capable de piquer le voisinage avec son dard. Que s’est-il passé ? Une personne de la famille a pris un verre et l’a retourné sur le frelon, rendu désormais inoffensif. Oh il était encore bien agité, mais il se heurtait à un mur, comme Marthe devant Jésus.

Cet Évangile nous invite à considérer la manière dont nous vivons, et dont nous « servons ».

Juillet et août sont pour beaucoup de français des mois où nous avons des vacances : profitons-en, cette pause est une façon de s’asseoir aux pieds de Jésus. Reposé, on travaille bien ensuite.

S’activer pour ramener un salaire c’est bien, mais à quel prix ? Quand la femme ne voit plus son mari, quand le mari ne voit plus sa femme, quand les enfants manifestent leur souffrance… une pause permet de respirer, de reprendre ses esprits, au profit de la vie de famille et sociale.

Le service dans une paroisse se vit souvent dans une proximité admirable avec Jésus. Il y règne une écoute mutuelle, une discrétion semblable à la sœur de Marthe.
Quand notre service perd de vue la présence de Jésus, c’est une vaine agitation.
Marthe a beau crier à l’injustice : vous ne voyez pas tout le bien que je fais pour vous ? Jésus lui répond : tu ne fais du bien ni à toi, ni à ta sœur, ni à moi.

Jésus vient nous aider à faire le bien. A vivre dans la joie et à la partager, la semer.
Ce bien, Jésus le considère comme sien, comme sa vie.
Personne ne peut lui « enlever », lui prendre.
Cette appartenance mutuelle, reflet de la sainte Trinité, apporte la paix et la joie.
Voilà appartenir à Jésus. La « meilleure part ».