D’après l’Évangile de Luc, deux gestes se répondent au moment de la venue de Jésus dans ce monde. Deux gestes se répondent comme des amoureux se tiennent la main ou échangent des baisers.
L’homme et Dieu : tous deux arrivent enfin à se rencontrer, se voir et se toucher, à échanger des gestes de tendresse, des preuves de leur amour l’un pour l’autre.
Quel est ce premier geste ?
Il est apparemment banal : la plupart d’entre vous l’ont accompli de multiples fois. Habiller un petit bébé, le couvrir de vêtements.
A la naissance, le bébé arrive tout nu, il sort de la chaleur de sa maman : il arrive dans un monde plein de contrastes, où se côtoient déjà la chaleur et le froid.
« Marie l’ emmaillota ». Bien sûr, avec Joseph, leurs mains et leurs bras ont donné la première chaleur avant même de ce maillot. Leur peau au contact de sa peau.
Si vous êtes parents, vous avez vécu ça. Ce premier geste est tendresse.
A la crèche, il a inauguré une nouvelle relation avec Dieu et entre Marie et Joseph : au lieu de s’enfuir, s’éloigner, d’avoir peur comme Adam et Eve après le péché originel, voici les deux jeunes mariées restant ensemble dans les difficultés économiques et politiques, et accueillant cet enfant. Ils le reçoivent de Dieu car il est engendré de l’Esprit saint.
L’humanité de leur époque est toujours dans la nuit de ses contradictions, de ses désordres, de ses occupations : le pays est « occupé » par les romains, occupé à un « recensement », la « salle commune » occupée par des frères israélites.
Guidés par Dieu au cœur des contradictions de ce monde, Marie et Joseph prennent l’enfant-Dieu dans leurs bras, le couvrent de baisers, le regardent avec amour.
Quelle est le deuxième geste ? Il est semblable.
Le voici : « La gloire du Seigneur enveloppa les bergers de sa lumière ».
Comme Marie a « emmailloté » son bébé, Dieu « enveloppe les bergers de sa lumière ». Les humains prennent soin de l’enfant Dieu, et Dieu prend soin de ses enfants. Et tout cela se fait dans la plus grande vulnérabilité : car un bébé y a rien de plus fragile, et des bergers il n’y avait rien de plus bas dans la société.
Les bergers aujourd’hui ça pourrait être par exemple tous ceux qui vivent dehors, « passent la nuit dans les champs », dorment dans les bois ou dans nos villes mais dehors.
Noël te dit : tu n’as pas besoin d’avoir réussi aux yeux des autres ou à tes yeux pour que Dieu t’ « aime ». Tu n’as même pas besoin d’être croyant ou d’être catholique ou pilier de la paroisse pour que Dieu t’aime. Tu n’as pas besoin d’avoir 350 amis sur Facebook pour que Dieu t’aime.
L’amour de Dieu est de toujours à toujours, infini et universel. Il aime ce qui sort de lui : le cosmos, sa création matérielle, végétale, animale et celle qu’il a placé au sommet : humaine.
Dieu nous aime ! Il nous le montre en enveloppant les bergers de lumière.
Il nous le chante en fanfare par ses anges : « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime » ! Il nous le chante encore avec notre chorale et nos musiciens.
Les bergers ont accueilli cette lumière et le message de l’ange, ils sont les prophètes d’une humanité nouvelle réconciliée avec Dieu , attendrie et amoureuse de son Dieu.
Ce soir vous avez choisi d’écouter les anges sinon vous ne seriez pas là.
Vous êtes venus aux pieds de Jésus nouveau-né.
Vous n’avez aucun prestige aux yeux de la société en faisant cela.
Selon elle, vous revenez au temps des dinosaures, vous fuyez les lumières de la raison, la liberté de l’athéisme. Vous pactisez avec à une Eglise divisée, avec un Vatican noyé d’ intrigues, avec des prêtres montrant l’étendue de leur hypocrisie et abusant de vies innocentes.
Mais selon saint Luc, vous êtes en avance sur le monde, vous baignez dans une lumière surnaturelle, vous servez « notre grand Dieu et sauveur Jésus-Christ », et formez « un peuple ardent à faire le bien ».
Vous êtes les prophètes du 21ème siècle.
Deux gestes semblables, deux invitations :
« Marie emmaillota Jésus, l’enfant-Dieu » :
Prenons soin de Dieu chaque jour, plusieurs fois par jour. Avançons avec lui dans la vie comme un papa et une maman tenant la main de leur petit garçon, Dieu prenant la place du petit garçon.
« Le Seigneur enveloppa les bergers de sa lumière ».
Passons de la « peur » à la « joie », « enveloppés » d’un si grand « amour ».
Amen.