Christ Roi
Jésus lui demanda :
« Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? »
Jésus avait posé une question du même type à ses disciples auparavant :
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Au dire des gens, qui est le fils de l’homme ? Et pour vous, qui suis-je ?
Sauf qu’ici, le contexte est différent : Jésus a été arrêté, a passé la nuit en prison, et il comparaît devant le gouverneur romain Pilate, avant d’être exécuté.
Pilate vient de lui poser une question : « Es-tu le Roi des Juifs ? » ; au lieu de répondre « oui » ou « non », Jésus se met à questionner Pilate. Cela pourrait passer pour de l’insolence.
Il est en position d’accusé, en interrogatoire, sa vie suspendue à la décision du gouverneur romain, et il se permet de renverser les rôles : il questionne Pilate !!
C’est l’extraordinaire liberté de Jésus, dont il a fait preuve sa vie durant.
Il embrasse un lépreux dont tout le monde se tient à distance, il se laisse embrasser les pieds par une prostituée, il mange chez un Zachée collecteur d’impôt détesté de tous, il se fait un fouet avec des cordes pour chasser les vendeurs du Temple de Jérusalem, il ne craint pas pour sa vie, et il le montre encore une fois en renversant son procès : il conduit l’interrogatoire.
C’est en effet un dialogue subtil, comme avec la samaritaine, où Jésus amène doucement son interlocuteur aux pieds de la « vérité » :
Il y a une royauté temporelle, celle connue de tous.
Et une royauté spirituelle, qui n’est pas de ce monde.
« Alors tu es roi », répond Pilate, c’est-à-dire : « tu es bien roi mais autrement ? »
Jésus nous révèle ici une liberté intérieure dont nous pouvons faire preuve dans les épreuves.
Au lieu de nous sentir prisonniers des circonstances, du mauvais sort, Jésus nous apprend à prendre de la hauteur et à être habité de sa liberté intérieure, sa souveraineté, sa domination, et à la vivre dans notre situation présente, fut-elle au bord du désastre.
Vous connaissez Nelson Mandela et son combat pour les populations d’Afrique du Sud. Il a passé je crois 27 années de sa vie en prison. 27 ans.
Et il est devenu président de la république.
Et son geolier, son gardien, son Pilate, fait actuellement visiter le site de la prison aux touristes et admirateurs. Voyez le renversement.
C’est pourquoi il ne faut jamais désespérer : notre vie est dans la main de Dieu, pas dans celle des hommes.
Nguyen van thuan devait être prêtre pour son pays, le Viet Nam, mais il a passé une grande partie de sa vie emprisonné. Apparemment une vie pour rien, perdue, gâchée. Du fond de sa prison, il a médité et approfondi ce mystère du Christ jugé et condamné par les hommes, mais Roi et Sauveur. Et il a servi l’Eglise.
Cet Evangile donne un grand espoir à toutes les situations désespérées. Le père Mathieu Vauchez, avec qui j’étais au séminaire, s’occupe des enfants de la rue aux Philippines à Manille. Des enfants abandonnés depuis petit après avoir été abusés en famille. Ils sont bousillés de l’intérieur et à la dérive, mais grâce à l’oeuvre du père Mathieu, ces enfants se reconstruisent, revivent, découvrent une famille-église. Et le père Mathhieu dit : s’il fallait garder une seule chose, c’est l’adoration du st sacrement. Elle guérit, elle agit là où nous n’avons aucun accès. Voilà la royauté de Jésus, l’efficacité impossible aux hommes mais possible à Dieu.
C’est ce qu’a commencé à faire Jésus avec Pilate. Et il continue à Manille et à Surgères.
Une famille fait appel à un voyant pour résoudre des peurs, des problèmes, et un jour elle entend parler de Jésus, et elle demande à croire qu’il peut faire quelque chose.
Un jeune avec sa famille fait une séance de spiritisme parce que leur défunts leur manque et ils ont besoin de leur parler, de savoir s’ils sont vivants. Et un jour, ils rencontrent l’Eglise qui va leur témoigner du Christ-Roi.
Ce sont des petites rencontres, peu visibles, mais aussi vraies qu’entre Jésus et Pilate, pour conduire à la « Vérité ».
Amen.