Souvent Jésus parle plus librement aux disciples qu’à la foule, mais ce jour-là, considérant la réaction de ses disciples, il a pris aussi la foule à témoin en disant :

«Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

Pourquoi Jésus parle t-il publiquement et solennellement ici ?

1° Les disciples ne sont pas au-dessus de la foule.

Jésus rappelle à ses disciples que manger à ses côtés, parler avec lui, faire des centaines de kilomètres à pied sur des routes poussiéreuses avec lui ne les rend pas plus grands, plus amis, plus proches de Jésus.

Nous venons d’entendre une des paroles les plus dures dans la bouche de Jésus adressé à un de ses premiers disciples, Pierre, le futur premier pape : « Arrière Satan ! ».

Prêtres, religieux et consacrés font penser au groupe des disciples, mais comme on dit, l’habit ne fait pas le moine.

Marié ou pas, Jésus nous appelle à une unité de vie, que Satan essaie de fissurer.

Fort heureusement, la présence de Jésus, sa voix sonne à certains moments de notre vie pour défendre son bien, ceux que le Père lui a donnés, le couple marié, les évêques et prêtres qu’il a envoyés. Les équipes Notre Dame s’emploient à confier à Jésus leur vie de couple et de famille, conscients de cela.

La proximité avec Jésus n’est pas de l’ordre de la mondanité, des apparences extérieures : « le Seigneur défend les petits » dit le psaume, car eux partagent avec lui quelque chose de son innocence, de sa sainteté.

2° Jésus enseigne aux disciples et aux foules le lien entre la foi et l’action.

Jésus parle ce matin, et dimanche dernier, il guérissait un aveugle.

Jésus demande « pour vous qui suis-je ? », car son action permet de le connaître, plus exactement de le reconnaître.

Hé bien à ce que nous faisons, le monde reconnaîtra qui nous sommes.

Dans la seconde lecture, Saint-Jacques dit à sa communauté : « Montre-moi donc ta foi sans les œuvres, moi c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi ».

Jésus nous dit : montre moi ce que tu as fait, ce que tu viens de faire, ce que tu es entrain de faire et je te dirais qui tu es.

Nous ne serons pas jugés sur les paroles, les apparences, mais sur nos actes.

3° Jésus enseigne aux disciples et aux foules le mystère de la croix et de la résurrection.

Beaucoup de gens voyaient en Jésus : le Baptiste, Élie, ou un des prophètes, c’est-à-dire un gars du passé revenu à la vie terrestre par la puissance de Dieu (selon un début de croyance très confus).

Mais en réalité c’est l’inverse : Jésus est là, vivant, mais il marche vers la croix.

En nous demandant de « marcher à sa suite et de prendre notre croix », Jésus demande, nous offre, de sauver le monde avec lui.

Non seulement je vais participer à mon propre salut, mais contribuer au salut de mon prochain en « prenant sur moi la croix », la mienne.

Par conséquent quand l’ Eglise, tel un bateau, telle une barque sur le lac de Galilée, voit le ciel s’assombrir, la tempête éclater, les éclairs zébrer le ciel, notre rôle n’est pas de déserter le bateau mais de tenir le gouvernail, d’écoper la flotte qui remplit le bateau à l’assaut des vagues, de rassurer celui qui panique à bord.

Et chacun de nous veillera à avoir toujours une écope avec lui dans sa propre barque car Jésus rappelle à Pierre que ça prend l’eau facilement, et régulièrement tu devras écoper.

Conclusion :

Si tu veux suivre Jésus, servir église, faire partie des « petits », alors prends l’ écope que Dieu te tend.

On peut préférer un travail plus digne, prestigieux. Et ne pas vouloir s’abaisser au rang d’ouvrier ou de matelot.

Mais, Jésus te tend une écope :

soit tu la prends,

soit il la tendra à quelqu’un d’autre pour que son bateau ne coule pas.

Jésus ne fait effectivement pas de différence entre ses disciples et la foule.

C’est notre attitude qui nous place dans un groupe ou dans l’autre. Amen.