La Parole de Dieu nous place ce matin devant un choix.
En première lecture, Josué demande à son peuple : « Voulez-vous suivre les dieux de l’Égypte, les dieux des amorites ou le Seigneur d’Israël » ? « choisissez aujourd’hui ».
Dans l’évangile, Jésus demande aux Douze qu’il a choisis : « Voulez-vous partir vous aussi ? »
En effet, Jésus disait des paroles choquantes : il avait déjà surpris en parlant de sa chair donnée à manger, et maintenant il évoquait la vision prophétique du Fils de l’homme comme s’il s’agissait de lui. Des gens n’arrivaient plus à la suivre, et se désolidarisaient de lui.
Il y a des moments comme ça dans la vie : la route était droite, et nous nous retrouvons devant une intersection, devant 2, 3, 4 routes possibles : laquelle allons-nous prendre ? allons-nous continuer ensemble, quand nous sommes en groupe ?
Vous côtoyez pendant des années Bénédicte qui vit avec des religieuses à Muron, et quand vous apprenez que la congrégation de la Pommeraie ne la garde pas, vous vous demandez qui vous allez suivre : Bénédicte, sœur Suzanne responsable de la congrégation à Muron ?
Votre groupe avait l’habitude de prendre le petit déjeuner ensemble le mercredi matin après la messe de 8 h 30, de blaguer autour de la table en grignotant le fameux gâteau de la biscuiterie de Muron, vous écoutiez les récits apostoliques de Suzanne racontant le club Yolande, de Bénédicte racontant le pèlerinage diocésain des collégiens à Lourdes…
Et d’un coup le climat est lourd, ce n’est plus pareil, il y a des choix à faire, qu’on ne peux éviter.
Pour les Douze, pour les disciples, pour les foules, pour Josué et son peuple, ce fut pareil. Des choix qu’on ne peux pas remettre à demain.
L’incompréhension est là : depuis quelques semaines et mois, Jésus dit des choses clivantes, des choses dures à entendre : il a parlé la semaine dernière de donner sa chair à manger, il en rajoute aujourd’hui.
Chers amis, avez-vous entendu la réponse de Pierre à Jésus ?
« Seigneur, à qui irions-nous ?
Tu as les paroles de la vie éternelle.
Quant à nous, nous croyons,
et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
Il ne s’agit donc pas d’aller à Bénédicte, ou d’aller à Suzanne, de choisir son camp.
Il s’agit en réalité de choisir « Jésus ».
Il s’agit pour nous de vivre les paroles du Christ, de leur donner chair à la suite du Verbe : maintenant, aujourd’hui, c’est ta chair que tu vas donner à manger, c’est-à-dire ta vie, ton humanité que tu places en sacrifice sur l’autel.
Ce n’est pas rigolo à vivre pour Bénédicte, ni pour la congrégation de Mortaisons, ni pour leurs amis communs, mais le chemin de Jésus, s’il est semé de signes et de miracles, fut aussi un chemin de croix, d’incompréhension et d’abandon à Dieu.
Nous ne sommes pas des saints.
Un seul est saint, Dieu, et son Fils, « le saint de Dieu ».
Mais si chacun, chacune choisit Jésus, nous lui mettons un baume sur le coeur. Il y est d’autant plus sensible qu’il est lâché de toutes parts.
Choisir Jésus conduira Pierre à tel endroit, Jacques à tel endroit…. les Douze auront chacun une place, sur la même route, ou à découvrir devant une intersection parce que Dieu a décidé de ne pas les envoyer au même endroit.
Que cette Eucharistie nous aide à choisir le Seigneur. Amen.