« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Comment distinguer la « nourriture qui se perd » de celle qui « demeure » ?
Vous allez au marché. Vous achetez par exemple des poires. En rentrant vous les mettez quelque part. Vous les retrouvez après quelques jours par hasard, mais avec cette chaleur, ça a continué à mûrir… La nourriture se perd facilement.
Vous êtes jeune, au chômage, vous avez besoin de dignité, alors vous vous enrôlez dans l’État islamique pour avoir quelque chose à faire.
La « nourriture » n’est pas seulement pour l’estomac, elle est aussi pour l’esprit. Ça mûrît en vous, cette nourriture, ces heures et journées à regarder des vidéos de Daech et compagnie. Vous ressentez une certaine exaltation, mais votre vie commence à se gâter, à pourrir, à se perdre.
Vous pensez devenir un croyant devant éclairer les mécréants. En réalité, vous rejoignez les rangs des « païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée », comme le dit st Paul aux Éphésiens.
Vous vous êtes trompés de « nourriture ». Celle-là se « perd » et vous « perd ».
La nourriture « qui demeure » ne va pas se gâter, pourrir : son évolution est inverse, il y a une transformation mais en plus, en se bonifiant, en recevant les propriétés de Dieu : le périssable devient impérissable. Quelque chose monte vers Dieu et devient protégé et divin presque. Pensez à la rencontre entre la jeune fille de Nazareth et l’ange Gabriel. Le oui de Marie, au vu du monde ça pesait pas lourd, ça changeait pas le monde, mais ce oui l’ange l’a porté devant Dieu.
Toutes les fois où nous travaillons avec la grâce de Dieu, nous sommes en train en fait de nous constituer un trésor dans le ciel, et d’ aider Dieu à descendre parmi les hommes.
Jésus nous donne une indication précieuse dans cet Évangile, une image pour comprendre, l’image du « sceau » : « la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, (c’est)celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Un sceau donne une empreinte.
Par exemple vous prenez de la cire, vous la chauffez et quand vous appliquez le sceau sur la cire, elle prend le relief du sceau.
Jésus n’a pas une vie plate, il a une vie en relief car toute entière guidée, marquée par Dieu son Père.
Et comme il est empreinte du Père – empreinte de sa joie, de son bonheur, de son amour infini-, il nous offre ça de sa part à nous aussi.
Alors tout ce que vous faites de plus ordinaire devient un trésor dans le ciel, et vous resplendirez dans le ciel, de votre travail, d’une « œuvre » empreinte de l’amour de Dieu, comme Moïse et Élie lorsqu’ils parlent avec Jésus, transfigurés avec lui.
Les sacrements, la Parole de Dieu, la grâce… nous marquent de cette empreinte pour nous guider sur ce chemin.
Travaillons à la nourriture qui demeure, ne retournons pas en arrière vers notre ancienne Égypte, aidons de futurs chrétiens à découvrir où est « la nourriture qui demeure », amen !