« Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. »
Sur cette « montagne », Jésus se met, nous met à l’abri. A l’abri de quoi ?
D’après le contexte, l’épisode précédent, de plus en plus de juifs voulaient le tuer.
Ils ne supportaient pas que Jésus se dise « Fils de Dieu », se fasse l’égal de Dieu.
Donc un premier danger menace Jésus, notamment depuis Jérusalem.
Même en s’étant éloigné de Jérusalem, en allant vers le nord, vers le lac de Tibériade : la foule le suit, par milliers : ils veulent « enlever Jésus pour le faire roi » nous rapporte saint Jean.
Ils voient en lui un Prophète, et ils ont raison car Jésus agit à la manière des prophètes, notamment en multipliant la nourriture, mais ils se trompent sur ses intentions, sur la Promesse divine, sur sa mission.
Dans ce contexte compliqué, Jésus souhaite nous emmener sur la « montagne », à l’écart. Il souhaite nous extraire de deux excès : l’excès de haine qui donne envie de tuer, l’excès d’enthousiasme qui conduit au veau d’or.
La montagne est une sorte de hauteur. Jésus nous fait toujours prendre de la hauteur, pour faire de nous des « disciples » :
• le disciple n’est plus seulement « juif » car il découvre la Trinité, il devient chrétien, disciple du Christ-Fils du Dieu vivant.
• le disciple n’est plus dans la « foule » : il a une relation personnelle et libre avec Jésus et il le suit, et non les mouvements de foule, variables et inconstants.
Si nous voulons devenir ou rester « disciples » de Jésus, il y a une « montagne » à gravir. Laquelle ?
Il y a une montagne à gravir aujourd’hui pour les juifs, afin qu’ils découvrent en Jésus un des Trois qui composent la sainte Trinité, le Dieu unique.
Quand des Juifs ont aidé les noirs pendant l’apartheid en Afrique du sud, pour un gouvernement plus juste, ils ont fait oeuvre de prophètes, ils ont voulu que tout le monde ait du pain, de l’eau et de l’électricité, de la considération et une place en montant dans un bus. En luttant aux côtés des noirs contre la ségrégation, ils ont commencé à gravir une montagne, celle de Jésus. Nelson Mandela, inspiré aussi par son appartenance chrétienne, s’est rendu compte pendant sa vie qu’il avait une montagne à gravir et il emmené un peuple avec lui.
Il y a une montagne à gravir pour les musulmans dont le Coran enseigne à ne pas appeler Jésus Fils de Dieu, et à ne pas parler de Trinité. Pour le pape François, les ponts de fraternité que nous pouvons bâtir surplomberont cet abîme. La communauté chrétienne et musulmane s’y emploient dans le quartier de Laleu.
Il y a une montagne à gravir dans un couple chrétien pour passer d’une passion enthousiaste à un amour faisant face aux épreuves.
Il y a une « montagne » à gravir pour que la société française respecte la vie à son commencement et à sa fin, et donc aussi au milieu.
2 ans après l’assassinat du père Hamel, au cours d’une cérémonie républicaine, Mgr Lebrun l’archevêque de Rouen demande : «Ensemble, que disons-nous aux plus jeunes sur la vie et la mort, sur le début de la vie et la fin de la vie ? Que disons-nous aux violents, à ceux qui sont entrés dans des spirales du fanatisme, de l’argent ou de la drogue, de la vie manipulable ?»
Ni croyant prêt à tuer, ni fan déséquilibré, apprenons de Jésus la vie des disciples, en faisant un pas quotidien en direction de la montagne.