« Les appelant auprès de lui, Jésus leur dit en parabole…. »
A ce moment là, tout semble se retourner contre Jésus.
Les gens de son pays qui l’ont vu grandir et ont connu un garçon puis un homme discret le croient devenu « fou ».
Les « scribes », c’est-à-dire les gens qui savent lire et écrire, instruits notamment dans la religion juive, pensent avoir affaire à un homme « possédé par le démon ».
Pour couronner le tout, Jésus lui-même semble prendre ses distances vis-à-vis de son dernier soutien, à savoir « sa mère et ses frères ». Ses frères, c’est une manière orientale de dire les cousins, les proches, comme on le fait en Afrique aujourd’hui.
Ces « scribes », ces gens instruits, Jésus les « appelle auprès de lui », pourquoi ?
Spontanément, si quelqu’un nous insulte, et choisit l’insulte la plus cruelle, blessante, nous avons envie de lui répondre, le mépriser, lui casser la gueule.
Jésus « l’appelle auprès de lui ».
Vous reconnaissez ici l’attitude mentionnée dans la première lecture : Dieu vis à vis d’Adam et Eve bernés par le serpent :
« Lorsqu’Adam eut mangé du fruit de l’arbre,
le Seigneur Dieu l’appela et lui dit :
« Où es-tu donc ? » »
Même verbe « appeler », même attitude essayant un rapprochement dans le contexte d’une séparation, d’une division.
Et cette question : « où es-tu donc ? »
Comme un enfant cherchant son meilleur copain ou sa meilleure copine. Il sait pas où il est alors il le cherche pour être à nouveau ensemble et continuer à jouer.
La Bible nous montre l’attitude de Dieu face au couple humain des origines dans cet épisode qu’on appelle la chute : le couple n’est pas banni, au contraire Dieu part à sa recherche. Le serpent, image de Satan, est maudit, mais pas Adam ni Eve.
Nous retrouvons cette même attitude en Jésus. Le petit peuple qui l’a vu grandir et les savants s’éloignent de lui, se méprennent sur lui.
Au lieu de leur envoyer un bombardier, il les appelle auprès de lui. Il va leur parler pour les remettre dans une posture droite vis à vis de lui et de Dieu.
Alors, nous pouvons entendre cette remarque bizarre de Jésus dont on se demande ce qu’elle vient faire là, quel rapport elle a avec le reste :
« Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort
et piller ses biens,
s’il ne l’a d’abord ligoté.
Alors seulement il pillera sa maison. »
En réalité Jésus dit aux scribes, et au petit peuple qui l’a vu grandir : si tu te laisses ligoter, alors tu laisses les mains libres au voleur. Si tu ne luttes pas contre Satan, c’est toi qui sera fou, ligoté, possédé.
Jésus retourne en fait l’accusation et les pousse à s’interroger eux-mêmes : il leur repose en fait la question de Dieu à Adam : « où es-tu ? ».
Veux-tu continuer avec le serpent, le préférer à moi ?
Veux-tu revenir vers moi, répondre à mon appel, rester en ma compagnie et découvrir le bonheur, l’union ?
Ces deux récits, de la genèse et l’Evangile, sont le rappel de la bonté de Dieu, la bonté de Jésus qui pardonne.
Et c’est un appel à ne pas nous laisser « voler » notre vie.