Le jeudi saint, vous avez vécu votre première communion. Le jeudi saint
n’est pas un moment comme un autre. C’est le moment où Jésus pose deux
gestes forts aux yeux de ses disciples.

Le premier geste, rappelez-vous, c’est le geste du lavement des pieds.
C’est le geste où Jésus choisit avec beaucoup d’humilité de se faire
serviteur de ses amis. Le plus grand se fait le plus petit. Le Fils de
Dieu prend la place du serviteur. Le deuxième geste, c’est ce moment où
Jésus prend du pain, puis du vin et les donne à ses amis. Car leur
dira-t-il n’y a pas plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
Deux gestes qui ne sont pas n’importe lesquels. C’est comme un testament
que Jésus alors laissait à ses disciples. Et le jeudi saint, ce
testament, il était aussi pour nous, pour vous : le plus grand se fait
le plus petit et puis, il n’y a pas plus grand amour que de donner sa
vie pour ses amis. L’humilité et le don de soi, « _si quelqu’un mange de
ce pain, il vivra éternellement _» nous dit Jésus aujourd’hui dans
l’évangile. Celui qui choisit de manger de ce pain-là, autrement dit de
faire de sa vie un don pour les autres en vivant humblement et
simplement, celui-là vivra, celui-là aura une vie épanouie, une belle
vie pleine de sens. Et ainsi, lorsque nous recevons le corps du Christ à
chaque Eucharistie, nous nous souvenons de ce testament, nous
réentendons ce à quoi chacun de nous est appelé. DON DE SOI ET HUMILITÉ,
VOILÀ CE QUI DONNE DE LA CONSISTANCE À NOS VIES.

Ce jeudi saint, vous vous êtes approchés du prêtre. Il a déposé dans
votre main, l’hostie consacrée en disant : «_ le Corps du Christ _» et
vous avez répondu « _amen_ ». Entendez-bien : le prêtre a déposé. Vous
ne l’avez pas pris comme on prend une sucrerie. Vous n’avez pas pris
quelque chose, vous avez reçu quelqu’un et vous l’avez reçu comme un
cadeau au creux de vos mains, comme un trône pour recevoir un Roi, comme
un coffret pour recevoir un trésor. « _Celui qui mange ma chair et boit
mon sang demeure en moi et moi en lui _» nous dit Jésus dans l’Evangile.
Le Christ Jésus, vivant, désire habiter notre cœur pour le transformer,
pour le changer mais aussi pour nous donner une force de vie, une force
d’amour. Dans l’Eucharistie Jésus se donne non pas une seule fois mais
autant de fois que nous voulons. Il se donne tout entier pour nous
sauver. L’amour fou de Dieu habite nos cœurs pour que notre cœur
devienne un cœur qui aime et qui se donne. Comme nous l’avons entendu
dans la première lecture, la vie est comme une longue marche. Elle peut
ressembler parfois à une traversée du désert ou à une marche en
montagne, éprouvante, fatigante, accidentée, d’autres fois heureusement
à une randonnée reposante et paisible. Mais nous sentons bien que nous
avons besoin de nourriture, d’énergie pour avancer avec assurance malgré
les difficultés et les obstacles. Dans l’Eucharistie Dieu ne nous laisse
pas seuls sur le chemin. NOUS RECEVONS CETTE NOURRITURE INDISPENSABLE
POUR AVANCER parce que nous avons l’humilité de penser que tout seul
nous ne pouvons pas y arriver.

Le jeudi saint, après la messe, le prêtre a ensuite déposé les hosties
consacrées, le Corps du Christ dans la chapelle saint Joseph et nous
avons pris le temps alors de nous poser, de faire silence, près du
tabernacle, « la petite maison », du Seigneur. Nous le faisons aussi de
manière particulière chaque premier vendredi du mois dans cette même
Eglise dans l’adoration du saint sacrement. Ce tabernacle où sont
déposées les hosties ou l’exposition du Saint Sacrement nous rappellent
que Jésus est vivant, que Jésus est présent et qu’ainsi je peux
m’approcher de Lui, me poser près de Lui, être avec Lui. Il est là
présent comme il l’était autour de ses amis, dans la maison de Nazareth
ou celle de ses amis Marthe et Marie. « _Le pain que je donnerai, c’est
ma chair, donnée pour la vie du monde » nous dit Jésus aujourd’hui dans
l’évangile _». Il est là pour nous, pour que nous goûtions sa présence,
pour que nous ne nous sentions plus seuls, pour que nous puissions lui
parler, le toucher, faire corps avec Lui. Sa présence vivante, dans
l’Eucharistie est source de paix, de réconfort, de consolation. PRÈS DE
LUI NOUS POUVONS TROUVER LE REPOS.

Voilà mes amis ce que vous avez vécu le jeudi saint, jour de votre
première communion. Vous l’avez vécu au milieu des paroissiens entourés
de vos parents, ceux qui vous ont donné la vie par amour. « _Celui qui
mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle _» nous dit Jésus
dans l’Evangile. La communauté chrétienne vous a aidé à découvrir Celui
qui veut vous donner la vie éternelle, celle qui ne meure pas, celle qui
nous ouvre à la vraie joie. Cette Bonne Nouvelle vous la partagez
aujourd’hui plus largement avec vos familles élargies, vos amis parce
que ce que nous avons célébré est tellement grand qu’il mérite d’être
partagé. L’Eucharistie ne peut jamais être un simple fait privé, réservé
à des personnes qui se sont choisies par affinité ou amitié. Le pain et
le vin sont constitués d’une multitude de grains de blé et de grains de
raisins mélangés ensemble. Et cela est bon. L’EUCHARISTIE RASSEMBLE UNE
DIVERSITÉ DE PERSONNES DANS UNE MÊME FOI, APPELÉS À DEVENIR UN UNIQUE
CORPS EN PARTAGEANT L’UNIQUE PAIN QUI EST LE CHRIST. Nous sommes unis
au-delà de nos différences de nationalités, de profession, de milieu
social, d’idées politiques : nous nous ouvrons les uns aux autres pour
devenir une seule chose à partir de Lui et cela est bon, et cela fait du
bien. Et voilà pourquoi votre présence est si importante pour nous, à
chaque fois que l’Eucharistie est célébrée.

Chers jeunes, aujourd’hui en cette fête de l’Eucharistie, vous devenez
les témoins de cet amour fou de Jésus pour nous, de sa présence vivante,
agissante et sanctifiante, de sa force de transformation capable de
changer nos cœurs en cœur de chair, de ce corps qui s’enrichit de la
présence de tous. Nous rendons grâce à Dieu pour ce qu’il nous fait
vivre aujourd’hui. Amen

Père Mickaël Le Nezet