Dans le récit du livre des Actes des Apôtres comme dans l’Evangile selon
saint Jean, les disciples sont réunis ensemble, assis dans la maison
commune. Saint Jean précise que les portes de la maison étaient
verrouillées. Les disciples sont fermés et enfermés parce qu’ils sont
dans la peur. Et c’est alors écrit saint Jean que le Christ vint. Il
était là au milieu d’eux.
La maison où sont réunis ensemble les disciples porte un nom. Il s’agit
de l’Eglise. Et nous comprenons alors que l’Eglise peut parfois elle
aussi fermer ses portes. Lorsqu’elle se trouve dans la peur, elle peut
devenir comme une forteresse dans laquelle il est difficile d’entrer.
Peur de perdre son identité dans un monde qui la bouscule et la
perturbe. Peur de perdre ses acquis. Peur de perdre de son influence.
Peur de voir brader le trésor de la foi. Peur de se perdre elle-même.
Elle peut devenir, selon une expression du pape François comme un poste
de douane, un bureau de contrôle qui vérifie si vous avez tout bon pour
entrer dans la maison, pour mériter d’entrer dans la maison et y prendre
place. Mais nous percevons bien pourtant qu’en fermant ses portes
l’Eglise risque de perdre sa raison d’être, de faire défaut à la mission
qu’elle a reçu du Christ d’aller de toutes les nations faire des
disciples et ainsi de se condamner à disparaître. Une Eglise qui ferme
ses portes, qui se protège, est une Eglise qui sent le renfermé et alors
qui n’attire plus à elle, qui ne donne plus envie de la fréquenter. Il y
a deux logiques de pensées et de foi nous dit le pape François : la
logique de la peur de perdre ceux qui sont déjà sauvés et la logique du
désir de sauver ceux qui sont perdus. La logique de l’Eglise c’est le
chemin de Pentecôte, c’est le chemin depuis le concile de Jérusalem,
c’est le chemin de Jésus : celui de la miséricorde et de l’intégration,
celui de l’accueil et du pardon offert, celui de la sortie pour aller
chercher ceux qui sont loin dans les périphéries essentielles de
l’existence, celui de la tendresse du Père qui veut prendre dans ses
bras ses enfants bien-aimés à l’image du Père qui accueille le fils
prodigue. A Pentecôte l’Eglise naissante est appelée fortement à sortir,
à aller à la rencontre, à aller témoigner de l’Evangile sans hésitation,
sans peur, sans répulsion là où _réside le mystère du péché, de la
douleur, des injustices, de l’ignorance et du mépris du religieux et de
la pensée, là où résident toutes les misères_. La joie de l’Evangile est
pour tous. Personne ne peut en être exclu. C’est le message de la
Pentecôte. Tous les hommes doivent se sentir rejoint par le message de
l’Evangile. C’est une Bonne Nouvelle pour le cœur de tous les hommes et
pas uniquement pour les fidèles du dimanche qui fréquentent l’Eglise.
Le pape François le rappelait aux membres de la communauté d’Assise :
_N’ayez pas peur de sortir et d’aller à la rencontre de ces personnes,
de ces situations. Ne vous laissez pas arrêter par les préjugés, par les
habitudes, par les rigidités mentales ou pastorales, par le fameux « on
a toujours fait comme cela !_ Je sais qu’en entendant cela, beaucoup
doivent se dire que cela n’est pas pour eux. C’est pour les autres, ceux
qui sont plus audacieux, ceux qui sont plus jeunes, ceux qui sont formés
pour cela ou qui ont donné leur vie pour cela. _Moi je n’en suis pas
capable. Je ne saurai pas faire, c’est trop tard maintenant_. Mes amis,
je vous l’ai souvent dit, pour annoncer la Bonne Nouvelle du Ressuscité
il n’y a pas besoin de méthode, de technique, de longue formation. _Un
cœur missionnaire est conscient de ses limites et de ses pauvretés_.
C’est le Christ qui se tient au milieu des disciples enfermés dans la
maison qui leur apporte la paix et la joie véritable dont ils
témoigneront. C’est le Christ accueilli au milieu d’eux qui chasse les
peurs. L’invitation qui nous est faite est si simple mes amis. Il s’agit
de nous décentrer de nous-mêmes pour mettre le Christ, sa Parole, sa vie
au cœur de notre vie. Il s’agit d’accueillir par les sacrements la grâce
sanctifiante du Seigneur dans toutes nos existences. Le missionnaire est
d’abord quelqu’un qui aime le Christ, qui se nourrit du Christ, qui vit
du Christ et cela change la vie ! C’est une véritable conversion que le
Christ nous invite à vivre tous ensemble à la suite des disciples
enfermés dans la maison. Laissons un peu de place au Christ dans nos
vies, dans nos cœurs. C’est le chemin qui nous aide à devenir vraiment
des disciples missionnaires.
Et puis enfin, acceptons de nous en remettre à l’Esprit Saint, Lui qui
capable de faire du neuf dans nos vies, dans le monde et dans l’Eglise.
Acceptons de nous laisser conduire par Lui. Celui qui se laisse guider
par l’Esprit trouve en lui des forces insoupçonnées, des capacités
nouvelles, une audace missionnaire. Il est un Esprit de conseil et de
force, de sagesse et d’intelligence, d’amour du Seigneur et d’affection
filiale. Il est Celui qui nous donne la paix, la joie, la douceur, la
confiance, l’esprit de service. Il y a un Esprit Saint mais nous faisons
comme s’il n’existait pas. Alors que l’Esprit est le cadeau le plus
précieux que le Seigneur nous fait. Il nous donne son Esprit, celui-là
même qui le faisait agir. Mes amis, n’hésitons pas à demander au
Seigneur à chacun instant de notre vie de nous offrir les dons de
l’Esprit Saint. « Viens Esprit Saint en nos cœurs. Viens en nous, dans
le labeur nous apporter le repos. Dans les pleurs nous apporter le
réconfort. Baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé, assouplis
ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est
faussé. Viens Esprit Saint sur notre communauté paroissiale pour qu’elle
annonce dans toutes les langues les merveilles de Dieu à tous les
hommes. Viens Esprit Saint sur les baptisés de ce jour pour que, remplis
de ta présence ils répandent la bonne odeur du Christ. Viens Esprit
Saint fais nous rayonner la joie. Viens. Amen
Père Mickael Le Nezet