Alors que les disciples s’étaient dispersés après la mort de Jésus,
voilà qu’ils se sont retrouvés. Ce qu’ils avaient vécu durant ces trois
années avec Jésus n’était pas qu’une histoire d’individus suivant un
même homme. Ils avaient constitué une petite communauté, une petite
fraternité. Saint Jean commence par nous dire que les portes du lieu où
se trouvaient les disciples étaient verrouillées. Finalement, c’est eux
les disciples qui sont comme dans un tombeau. Ils sont enfermés dans
l’épreuve qu’ils viennent de vivre. Ils sont enfermés dans leur
tristesse d’avoir perdu celui qu’ils avaient tant aimé et aussi celui
qui leur avaient donné tant d’espoir. Leur espérance s’est refermée
laissant la place à l’angoisse, l’incertitude et la peur. Et c’est ainsi
que ses disciples se retrouvent, se rassemblent dans un même lieu. Il ne
pouvait pas en être autrement. Dans l’épreuve ils avaient besoin de se
retrouver, de se réconforter, de se soutenir et aussi de traverser cette
épreuve ensemble pour mieux la supporter, pour mieux la traverser.

C’est une belle image de ce que doit être l’Eglise. Elle est le lieu où
nous pouvons nous aussi nous retrouver, nous soutenir, nous réconforter
dans les épreuves et les difficultés de la vie. Elle est le lieu où nous
pouvons nous poser, refaire nos forces. J’ai en tête encore le
témoignage des deux adultes qui ont communié pour la première fois le
jeudi saint dans notre paroisse et qui disaient : « je me sens apaisée
au milieu de vous tous. Que c’est bon de se savoir aimé et accueilli »
et aussi « aujourd’hui je me sens entourée d’une grande famille de
personnes aimantes, douces, avec un cœur sincère ». Telle doit déjà être
la mission de l’Eglise. Etre un lieu de réconfort, un lieu de communion
dans la joie comme dans la peine. N’est-ce pas ce que nous vivons
ensemble en ce moment autour de nos sœurs qui vont recevoir le sacrement
des malades. Nous sommes avec vous pour vous entourer de notre
affection, de notre amitié. Nous sommes rassemblés autour de vous et
avec vous, pour, par notre présence vous redire que vous n’êtes pas
seules dans les difficultés que vous vivez, la souffrance que vous
ressentez. Notre prière vous porte et vous accompagne. Puisse notre
communauté vous apporter ce que vous cherchez.

Les disciples sont rassemblés et c’est alors que le Christ est là au
milieu d’eux écrit saint Jean. Lorsque la communauté est rassemblée dans
une même foi, le Christ n’est jamais très loin. Lorsque le corps du
Christ est réuni dans la foi, la tête de ce Corps n’en n’est pas
séparée. La communauté que nous formons chaque dimanche n’est pas un
club d’amis qui partagent une même passion. Elle n’est pas un espace de
réconfort, de bien-être, une parenthèse dans le reste plus difficile du
quotidien. Elle est le lieu où le Christ est présent, le lieu où le
Christ vient à notre rencontre avec ses plaies c’est à dire le signe de
son amour pour nous tous. Le Christ se tient au milieu de nous et
continue de s’offrir à nous. Il continue d’offrir son amour, sa
miséricorde, son réconfort, sa force, sa consolation, son pardon, sa vie
pour nous tous. Les bontés du Seigneur ne sont pas épuisées dit le
psalmiste, chaque jour elles se renouvellent. Oui, dans l’Eglise nous
trouvons les sources de vie dont nous avons besoin. Nous trouvons
l’amour du Seigneur qui continue de s’offrir à nous à travers les
sacrements que nous célébrons. Dans le sacrement du baptême nous
trouvons les arrhes de la vie éternelle. Dans le sacrement de
l’Eucharistie nous trouvons la nourriture qui nous transforme en Lui.
Dans la confirmation nous trouvons les forces pour être les témoins de
l’Evangile. Dans le sacrement du pardon nous trouvons la vérité qui nous
relève et nous transforme. Dans le sacrement des malades, nous trouvons
le soutien, le réconfort, la consolation, la caresse de Dieu qui apaise,
qui soulage, qui guérit. Comme Jésus invite l’apôtre Thomas à mettre ses
mains et son doigt dans les plaies du Ressuscité, le Seigneur nous
invite nous aussi à nous approcher de ses plaies, c’est à dire à nous
approcher des sacrements où nous pouvons nous aussi toucher le Christ
dans son amour, dans sa miséricorde, dans sa tendresse et alors recevoir
ses grâces et recevoir sa paix.

« L_a paix soit avec vous _» dit-il aux disciples réunis. Oui, ces dons,
cette offrande que le Christ nous fait, dans son Eglise, par les
sacrements sont source de paix véritable et profonde. A travers les
sacrements, le Christ nous fait don de sa paix. Le Christ ne promet pas
des lendemains plus faciles. Il ne nous promet pas des jours sans
épreuves et sans difficultés. Il nous donne sa présence pour pouvoir
vivre ce qu’il faudra vivre. Il nous donne sa paix, cette paix que rien
ni personne ne pourra nous enlever, cette paix qui nous permettra
d’avancer avec confiance et espérance sur le chemin de la vie, sur le
chemin de l’annonce. C’est de paix dont nous avons tous besoin pour
vivre nos vies. Et cette paix, le Christ nous la donne dans les
sacrements de l’Eglise que nous sommes invités à recevoir dans la foi,
c’est à dire dans la certitude que c’est le Christ qui agit à travers
eux pour notre bien.

Frères et sœurs, approchons du Seigneur car il est tendre et
miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. C’est Lui qui est
notre force. Amen

Père Mickaël Le Nezet, curé