_« Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié ». _Que cherchaient
vraiment les femmes venues au tombeau ce matin là ? Elles savaient bien
que celui qu’elles avaient tant aimé était mort. Elles savaient bien que
la pierre roulée condamnait l’entrée du tombeau les empêchant d’accéder
au cadavre de cet homme en qui elles avaient mis tant d’espoir. Elles
reviennent sur le lieu de la sépulture du Christ pour se souvenir de cet
homme qui avait changé leur vie. Elles reviennent sur le lieu du drame
pour faire mémoire de ce que Jésus a vécu ces dernières heures, ces
dernières semaines, ces derniers mois. Elles viennent se recueillir
devant son tombeau pour ne pas oublier, pour ne pas perdre ce qu’elles
ont reçu de lui jusqu’à ce que les souvenirs s’estompent avec le temps.
Elles sont les femmes du passé et à cette heure-là, l’avenir n’a plus
beaucoup de sens. Rien ne sera jamais plus comme avant. Rien ne pourra
être aussi fort que ce qu’elles ont vécu ces dernières années en suivant
le Christ Jésus. Elles cherchent un mort, un crucifié, un homme, Jésus
qui a donné sa vie jusqu’à la perdre par amour pour elles.

Mais voilà que l’ange leur dit :_ « Il n’est pas ici, il est ressuscité
»._ Le Christ Jésus n’est plus dans le tombeau. Le Christ Jésus n’est
pas un souvenir ni une nostalgie du passé. Le Christ n’est pas du côté
des ténèbres. Il n’est pas là où il fait sombre, là où tout est figé, là
où tout est mort. Car Celui qui est la vie ne pouvait pas demeurer là où
était la mort. Celui qui est la joie ne pouvait pas demeurer là où était
la tristesse. Celui qui est l’amour ne pouvait pas demeurer là où était
la haine. La vie et l’amour du Christ ont la puissance de renverser la
pierre du tombeau. Le Christ par son amour est celui qui a été rendu
capable d’ouvrir la porte de la mort. Rien n’a pu résister à cette
puissance de vie et d’amour du Christ. Le Christ est ressuscité. L’amour
a triomphé. La vie l’a emporté. La mort est morte pour toujours. Telle
est notre foi.

Chères catéchumènes, chères Jeanne et Jennifer, vous aussi vous vous
êtes mises à la recherche du Christ avec le sentiment qu’avec lui la vie
a plus de sens, qu’avec lui tout prend sens. Vous aviez entendu parler
de Lui par des proches, des amis. Vous aviez découvert que le Christ
pouvait être pour vous un vrai soutien, un compagnon fidèle. Aujourd’hui
vous entendez qu’Il est une puissance de vie et une puissance d’amour
pour vous. Aujourd’hui par le baptême vous entendez que cette puissance
de vie et d’amour vous allez la recevoir. Comme le Christ a été déposé
dans le tombeau et que sa puissance a renversé la mort, Il vient en vous
pour détruire la mort en vous, pour en chasser les ténèbres, pour vous
libérer du péché. Saint Paul l’exprime ainsi dans l’épître aux Romains :
« _Si par le baptême, nous avons été mis au tombeau avec Lui, c’est pour
que nous menions une vie nouvelle comme le Christ qui par la
toute-puissance du Père est ressuscité d’entre les morts _». Par le
baptême nous tous nous avons reçu, comme vous allez le recevoir Jeanne
et Jennifer, un remède capable de nous sortir de nos tombeaux, de nos
échecs, de nos épreuves, de nos morts, capable de nous donner une vie
nouvelle. Non pas une vie prolongée, mais une vie nouvelle, une vie
capable de nous transformer intérieurement, une vie capable de nous
changer pleinement, une vie de plénitude, une vie de paix, une vie de
confiance, une vie éternelle. Oui par le baptême une vie nouvelle
commence en nous, une vie qui mûrit dans la foi et n’est pas effacée par
la mort de la vie ancienne.

Mais ce remède qui nous est donné, cette vie qui ne demande qu’à grandir
en nous demande de notre part une action, une décision comme nous
l’entendons encore dans l’Evangile de la Résurrection. « _Vite, elles
quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande
joie, et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples… Et voici
que Jésus vint à leur rencontre_ ». Il a fallu que les femmes quittent
le tombeau et se mettent en route pour qu’elles puissent rencontrer le
Seigneur, le Ressuscité. Il a fallu qu’elles acceptent de sortir de leur
propre tombeau, de leur propre fermeture pour alors se laisser rejoindre
par le Vivant. Il a fallu qu’elles renoncent à être tourné vers le
passé. Il a fallu qu’elles renoncent au repli sur elles-mêmes. Il a
fallu qu’elles renoncent aux ténèbres et prennent le chemin de la
lumière. Il a fallu qu’elles s’engagent à prendre une nouvelle direction
pour leur vie, une vie cette fois-ci tournée vers les autres, une vie à
la rencontre des autres, une vie à annoncer la Bonne Nouvelle. Et c’est
alors que le Christ est venu à leur rencontre provoquant en elles une
grande joie.

Jeanne et Jennifer, le baptême vous engage vous aussi à des renoncements
et à des choix. Il s’agit de revêtir le Christ comme on porte un nouveau
vêtement. Il s’agit de choisir de vivre à la manière du Christ, selon
les sentiments du Christ, comme le Christ. Le baptême nous engage tous à
conformer nos vies à celle de Jésus Christ. C’est un engagement de tout
une vie mais c’est la promesse pour celles et ceux qui s’y engagent
d’une vie nouvelle, d’une joie parfaite, d’un bonheur sans fin.

Frères et sœurs réjouissons-nous pour cette nouvelle qui résonne en
cette nuit pascale : Christ est ressuscité, Christ est vivant. La vie
éternelle est déjà commencée. Exultons de joie car il nous a sauvés.
Amen.

Père Mickaël Le Nezet, curé.