Pourquoi ce que nous vivons chaque dimanche et d’une manière
particulière ce soir au cours de la célébration du dernier repas de
Jésus avec ses amis, ce que vous vivez vous les enfants et vous les
adultes pour la première fois, pourquoi est-ce un moment si important,
et même un événement si extraordinaire ?

Parce que le sacrement de l’Eucharistie nous exprime le grand désir du
Christ Jésus de venir jusqu’à nous, de s’approcher de nous. Dieu ne veut
pas rester une idée, une pensée. Il veut être avec nous. Il veut être
proche de chacun de nous. Et s’il se rend ainsi présent sous l’apparence
du pain et du vin, c’est pour que nous puissions le recevoir, le prendre
et le consommer. Et ça, c’est tellement extraordinaire, c’est
complètement fou. A chaque fois que je participe à l’Eucharistie, à
chaque fois je célèbre la venue de Jésus jusqu’à moi, à chaque fois
j’accueille la présence de Jésus dans ma vie, dans mon cœur. Ainsi,
lorsque le prêtre dit « le Corps du Christ », il donne infiniment plus
que tout ce qu’il possède lui-même. Il donne tellement plus que tout ce
qu’il pourrait donner en tant qu’homme, il donne et dépose dans nos
mains, dans nos cœurs, Dieu vivant lui-même. C’est la grandeur de Dieu
de se faire tout petit pour qu’on puisse le toucher, le recevoir, goûter
sa présence. Comme je vous le dis souvent, lorsque nous venons
communier, nous ne venons pas chercher quelque chose. Nous venons
recevoir quelqu’un et pas n’importe qui. Nous recevons Dieu lui-même qui
se rend présent dans ce morceau de pain devenu « le Corps du Christ ».
Et nous comprenons alors que si c’est Dieu lui-même que nous venons
rencontrer, on ne peut pas venir comme on ferait la queue au supermarché
pour attendre son tour. On se prépare le cœur, on est émerveillé de
savoir que Dieu viens jusqu’à nous, Dieu, pour s’offrir à nous. C’est
une rencontre entre ma personne et la personne du Fils de Dieu, c’est
une communion de cœur à cœur. C’est un moment unique, précieux. C’est un
moment divin. Et il faut nous aider, frères et sœurs à vivre ce
moment-là, à cette hauteur-là.

Mais l’Eucharistie n’est pas un simple repas d’amitié, comme on fait
dans le monde à certaines fêtes de famille. Ainsi écrit saint Paul,
chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous
proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. A chaque
Eucharistie, nous nous rappelons ce que Jésus a fait pour nous. Il a
donné sa vie pour nous. Il s’est offert pour nous sauver, pour nous
libérer de notre péché, pour nous délivrer de la mort. Nous, les
humains, nous ne sommes pas toujours dans l’amour. Notre vie ne rayonne
pas toujours l’amour. Notre cœur est parfois dur, fermé, replié sur
lui-même. Parfois il est comme mort à cause de nos fautes mais aussi
parfois à cause de nos épreuves trop lourdes à porter. Jésus donne sa
vie, donne son cœur, donne son amour pour nous rendre un cœur à nouveau
capable d’aimer. Il donne sa vie pour nous sortir de nos enfermements,
de nos morts. C’est Lui qui fait cela. S’il n’avait pas donné sa vie et
son amour, nous serions condamnés à demeurer dans les ténèbres, parce
que de nous-mêmes nous ne pourrions pas en sortir. Dans l’Eucharistie
Jésus s’offre à moi, à nous tous, par amour car il n’y a pas plus grand
amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Alors si, quand nous
prenons du pain pour nous nourrir, nous changeons le pain en nous-mêmes,
lorsque nous recevons le Corps du Christ, dans l’Eucharistie, c’est Lui
qui est le plus fort, c’est Lui qui va nous changer en Lui, qui nous
prend avec Lui pour que nous ne fassions plus qu’un avec Lui et qu’ainsi
nous demeurerions dans l’amour. Et nous le savons, sans Lui nous ne
pouvons changer. Sans Lui, nous n’avons pas la force de nous en sortir
par nous-mêmes. Ainsi, en venant communier, en recevant le Corps du
Christ, je permets au Christ Ressuscité de faire son œuvre en moi.
Recevoir régulièrement l’Eucharistie c’est se laisser changer par le
Seigneur, c’est se laisser transformer peu à peu pour devenir comme Lui.

Devenir comme Jésus. C’est cela que nous sommes appelés à être si nous
choisissons de communier. Il faut une certaine cohérence entre ce geste
que nous posons lorsque nous venons à la messe et ce que nous devenons
une fois sortie de la messe. Je ne peux pas communier et ainsi être avec
Dieu et juste après faire comme si Dieu n’était pas avec moi. Je ne peux
pas accueillir le Christ en moi et tout de suite après le rejeter, le
condamner ou le juger dans les autres. Je ne peux pas recevoir le
Serviteur de Dieu et juste après me faire servir, ne penser qu’à moi, me
détourner des plus pauvres. Je ne peux pas recevoir l’amour en moi et
aussitôt après critiquer, dire du mal des autres, ne pas aimer. C’est ce
que nous dit Jésus à la fin de l’Evangile : « _C’est un exemple que je
vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait pour
vous_. » Le Christ s’est donné pour que nous nous donnions à notre tour.
Là aussi frères et sœurs, encourageons-nous à devenir Celui que nous
recevons à chaque Eucharistie.

Voilà mes amis comme il est grand et beau ce mystère de l’Eucharistie.
Le Christ se fait si humble, si proche dans l’Eucharistie. Il veut nous
rejoindre pour nous changer, nous transformer en Lui. Il veut que nous
devenions comme Lui et qu’ainsi nous fassions comme lui a fait pour nous
tous. Nous n’aurons jamais fini de le comprendre et de le vivre.
Demandons la grâce ce soir d’y entrer plus intensément et plus
joyeusement et prions pour celles et ceux qui vont recevoir pour la
première fois le Corps du Christ. Amen

Père Mickaël Le Nezet, curé