En méditant cette page d’Evangile j’ai été interpellé par le nombre de
fois où il nous est dit l’amour de Jésus. « _Celui que tu aimes est
malade _» lui dit-on au sujet de Lazare. Ou encore il nous est dit dans
cet évangile que _Jésus aimait Marthe et Marie_. Et enfin en le voyant
pleurer devant le tombeau de son ami Lazare les juifs présents se disent
entre eux : « _voyez comme il l’aimait _». Il est grand, il est vrai, il
est sincère l’amour que Dieu nous porte. Mais ce qui m’interpelle encore
plus c’est que Jésus choisit de rejoindre ses amis, près de Jérusalem
alors que la menace pèse sur lui, alors qu’il court le risque d’être
arrêté par les autorités. Malgré cela, il choisit de prendre cette route
pour rejoindre ses amis qu’il aime tant et qui traversent une épreuve.
Il veut être à leur côté. Il veut leur témoigner combien il est proche
parce qu’il les aime. C’est l’amour qui met Jésus en mouvement. Il a
clairement choisi d’aimer plus que tout, au-delà de tout, jusqu’à
prendre des risques pour sa propre vie. Voilà ce qu’est le véritable
amour : renoncer à soi-même, renoncer à sa propre vie par amour des
autres. Ne plus penser à soi mais penser à ceux qui ont besoin d’amour,
de consolation et de paix. J’entends ici les paroles de Jésus qui nous
dit : « _Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient
en abondance_ ».

Mes amis, comme il est grand l’amour de Dieu pour chacun de nous. Voyez
de quel amour nous sommes aimés. Voyez le prix que nous avons dans le
cœur de Jésus. Comme Jésus pleure devant le tombeau de Lazare, Dieu, en
Jésus Christ n’est pas indifférent à nos souffrances et à nos épreuves.
Comme Jésus se fait proche de Marthe et de Marie dans ce moment
douloureux, Jésus se fait proche de chacun de nous. Il se fait tellement
humain et ainsi tellement divin. Tel est le véritable amour que nous
révèle le Christ. Il n’est ni distant, ni arrogant, ni indifférent. Il
est un amour si proche, si attentif, si disponible, si préoccupé de
l’autre, c’est-à-dire de nous-mêmes. Nous ne sommes pas seuls. Christ
est là qui nous aime. Christ nous rejoint dans toute notre vie.
J’entends ici les paroles du pape Benoît dans l’encyclique _Deus caritas
est _: « _plus l’amour s’approche de l’autre, moins il se posera de
question sur lui-même, plus il cherchera le bonheur de l’autre, plus il
se préoccupera toujours plus de l’autre, plus il se donnera et il
désirera « être pour » l’autre. C’est ainsi que l’amour devient divin
_». C’est le choix du Christ pour nous tous. Comme il avait aimé les
siens qui étaient dans le monde, il a choisi de les aimer jusqu’au bout
écrit saint Jean.

Mais ce que nous percevons ainsi dans cette page d’Evangile, c’est que
celui qui se laisse toucher par cet amour en est alors transformé. Ce
que nous entendons c’est que l’amour du Christ, l’amour divin est
puissance de vie et puissance de Résurrection pour celui qui se laisse
aimer. Nous entendons que cet amour du Christ accueilli et reçu est plus
fort que la mort, que cet amour donne la vie. Que cet amour ouvre les
portes closes, les tombeaux verrouillés. Que cet amour sèche les larmes,
réchauffe les cœurs, console et apaise. N’est-ce pas ce que réalise le
Christ pour ses amis, Marthe et Marie et pour Lazare en se faisant
proche d’eux, en s’intéressant à eux, en les aimant ? Sa présence
aimante les sort de leur tristesse pour les ouvrir à la vraie joie et la
certitude que la vie est plus forte que la mort, que la mort n’a pas le
dernier mot, que l’amour est toujours vainqueur.

Alors cette page d’Evangile nous interpelle encore aujourd’hui. Elle
nous invite à faire comme Marthe et Marie ou comme Lazare. C’est à nous
que Jésus redit aujourd’hui : « _Viens dehors _». La parole de Dieu nous
invite à sortir de nos maisons, de nos habitudes, de nos enfermements
pour nous approcher du Christ, pour venir jusqu’à lui et recevoir son
amour, sa tendresse. Nous sommes invités, comme pour Marthe et Marie à
lui exprimer ce que nous vivons, ce que parfois nous endurons. Nous
sommes appelés à nous laisser aimer par Lui, en nous approchant de lui,
par exemple dans la méditation de sa Parole, dans une présence toute
simple, gratuite lors de l’adoration du Saint Sacrement, dans un temps
de recueillement, de silence, dans la prière. Oui mes amis,
approchons-nous du Christ avec confiance, il prendra soin de nous. C’est
bien le sens du carême dont nous voyons la fin approcher bien vite. Nous
croyons qu’en venant jusqu’à Lui, en prenant du temps avec Lui, nous
recevrons son amour capable de réveiller ce qui est mort en nous,
capable d’apaiser ce qui est colère en nous, capable de vivifier ce qui
a besoin de l’être. Oui mes amis, le maître est là et il nous appelle à
le choisir, à l’accueillir dans nos vies parce que la vie change lorsque
l’on choisit d’y mettre le Christ, lorsqu’on choisit de se tourner vers
lui. Car ainsi dit la préface de l’Eucharistie, le Christ nous conduira,
par les mystères de Pâques, jusqu’à la vie nouvelle. C’est notre désir
et notre espérance pour nos catéchumènes et pour chacun de nous. Le
maître est là et il nous appelle. Amen

Père Mickaël Le Nezet.