On pourrait se demander pourquoi le Seigneur Jésus a-t-Il voulu faire
vivre cette expérience surprenante aux disciples Pierre, Jacques et
Jean. Qu’a-t-Il voulu leur dire en les emmenant avec Lui, à l’écart sur
cette montagne ? Ce moment intervient dans l’Evangile de Matthieu après
l’annonce du drame qui va toucher la vie de Jésus, prochainement : son
arrestation, sa condamnation et sa mise à mort. Cet événement se situe
après que Jésus ait expliqué les conditions nécessaires et en même temps
difficiles pour le suivre : il faudra mourir à soi-même et porter sa
croix. Et on peut imaginer comment ces annonces successives ont pu
déstabiliser les disciples, les faire peut-être douter du bien-fondé de
leur engagement à la suite du Christ. L’avenir semble à ce moment bien
incertain, inquiétant, angoissant même. Et c’est alors qu’il leur est
donné de faire l’expérience d’une intensité profonde, un moment
lumineux, qui leur fait dire : « _on est bien ici _».

Sur cette montagne de la transfiguration le Christ leur révèle, selon ce
que nous lisons dans le prologue de saint Jean, qu’il est la lumière qui
éclaire tout homme (Jn 1, 9), qu’il est la lumière du monde et que ceux
qui choisissent de le suivre ne marcheront pas dans les ténèbres mais
auront la lumière de la vie (Jn 8, 12) et enfin qu’il est venu dans le
monde pour que quiconque croit en Lui, quiconque Lui fait confiance ne
demeure pas dans les ténèbres. Les disciples auront besoin en effet
d’être éclairé dans les heures les plus sombres de leur vie. Ils auront
besoin de voir clair lorsqu’ils devront faire des choix pour leur propre
vie et pour celle des autres. Ils auront besoin de la lumière de la foi
pour avancer en confiance dans leur mission de disciples-missionnaires.
Et c’est là, sur cette montagne qu’il leur est dit que cette lumière
c’est le Christ Jésus. Nous comprenons alors que cet événement unique et
si profond n’est pas une parenthèse. C’est l’événement qui va leur
donner une force pour vivre ce qu’ils auront à vivre par la suite. Ils
vont pouvoir envisager l’avenir plus sereinement, plus en confiance,
malgré les épreuves, les difficultés, les obstacles, parce que, sur
cette montagne ils ont compris qu’en mettant leur confiance en Jésus,
ils auront toujours la lumière nécessaire, le soutien indispensable, une
force pour vivre ce qu’ils auront à vivre.

Mes amis, nous sommes un peu comme les disciples sur cette montagne de
la transfiguration. Pour nous aussi le chemin de la vie est parfois
difficile, les obstacles ne manquent pas, les épreuves qui nous
bousculent et nous font parfois perdre pied. Pour nous aussi il ne nous
est pas toujours facile de discerner les bons choix pour nos vies, et
parfois la peur nous gagne lorsqu’il s’agit de décider, de s’engager.
Cela est particulièrement vrai pour ceux qui se sont engagés dans un
choix de vie, comme prêtre, diacre, ou dans le sacrement de mariage pour
toujours. Il y a pu avoir des moments d’hésitation, de questionnement
par toujours évidents. Et nous avons souvent découvert que le oui était
à renouveler chaque jour, surtout dans les moments plus incertains, dans
ces moments où nous aurions pu baisser les bras. A ces moments là nous
avons sentis que nous ne pouvions pas compter que sur nous-mêmes. Que
nous avions besoin d’une lumière capable de nous montrer le chemin,
capable de nous ouvrir un horizon, une espérance, un avenir.

Le récit de la Transfiguration nous le redit : cette lumière, c’est le
Christ. Mais cela peut nous sembler encore bien abstrait, un peu flou.
Après tout, nous n’avons pas la chance de le voir encore comme l’ont vu
les disciples sur la montagne de la transfiguration. Il peut être la
lumière mais comment la saisir ? Nous entendons dans cette page
d’Evangile que ce n’est pas tant la vision qui est la plus importante
mais bien plutôt l’écoute. « _Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je
trouve ma joie, écoutez-le _». En fait, c’est la parole de Jésus qui
peut véritablement nous éclairer. « _Ta parole Seigneur, une lumière sur
ma route _» s’écrie le psalmiste. Voilà une invitation qui nous est
faite, encore une fois, car j’ai le sentiment que les liturgies du
carême ne cessent de nous le redire. La parole de Dieu, les textes de la
bible que nous sommes invités à écouter, à méditer et à partager, sont
vraiment là pour nous aider, pour nous guider, pour nous conseiller,
pour nous éclairer. Une lecture régulière de la Parole de Dieu, c’est
l’assurance de recevoir des forces pour avancer. J’ai aimé ce que disait
le pape François dimanche dernier, lors de la prière de l’Angélus.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous passer de nos smartphones. Dès
que nous l’oublions, dès que nous ne l’avons plus à côté de nous, c’est
la panique, nous en avons besoin et nous le prenons souvent presque
machinalement pour voir s’il n’y a pas une alerte, un message, un appel,
une info. Et le pape de nous demander si nous ferions ainsi avec la
bible et alors de nous encourager à prendre cette habitude d’avoir la
bible toujours à côté de nous et de la consulter presque machinalement.
Car la Parole de Dieu recèle en elle les réponses aux problèmes que nous
affrontons dans notre vie quotidienne. Alors mes amis, soyons toujours
connectés à la Parole, elle sera une lumière pour notre vie. Amen

Père Mickaël Le Nezet, curé