Il nous est bon en ce premier dimanche de carême d’entendre la première
lecture : « _Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du
sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie et l’homme devint
un être vivant_ ». Nous comprenons à la lecture du livre de la Genèse
que nous recevons la vie de Dieu, que c’est lui qui est à l’origine de
ce que nous sommes. Nous ne sommes pas un accident de parcours, nous ne
sommes pas le fruit du hasard, nous sommes nés de la volonté de Dieu,
nous sommes une créature de Dieu et le souffle de Dieu habite en chacun
de nous. Et non seulement nous sommes cela, mais nous entendons aussi
que Dieu, dès le début a donné à l’homme tout ce qui lui est nécessaire
et le comble, à l’image de ce magnifique jardin que Dieu lui confie pour
que l’homme grandisse, s’épanouisse et vive un bonheur parfait, une
parfaite communion avec Dieu. Au commencement, l’homme n’est pas créé à
la fois bon et mauvais, comme le disent certains courants de pensée, il
est créé bon par Dieu, lui-même source de tout bien et qui veut notre
bonheur.

Mais de quel bonheur s’agit-il? Le serpent dans le livre de la Genèse et
que nous retrouvons dans le désert près de Jésus nous en propose un. Et
c’est vrai que sa proposition est séduisante. « _Vous serez comme des
dieux _». Etre comme un dieu c’est alléchant, ne trouvez-vous pas ? Etre
tout puissant. Etre important. Etre irremplaçable. Etre admiré. Etre
reconnu. Etre glorifié, adulé. Etre indispensable. Avoir toujours
raison. Etre parfait. Avoir un pouvoir sur les autres…Ca mérite
réflexion ce que nous propose le tentateur ! Mais le problème, c’est
qu’en suivant ce chemin que nous propose le tentateur, et qu’il propose
aussi à Jésus lui-même, les autres deviennent alors des faire-valoir,
des subalternes, ou encore des concurrents, des adversaires, en tout cas
ni des partenaires, ni des vis-vis encore moins des frères et des sœurs
de dignités égales. Et c’est alors que le soi-disant bonheur se
transforme en malheur, en jalousie, en orgueil, en peur, en soupçon, en
agression et même en violence comme la bible nous le fera découvrir un
peu plus loin dans le livre de la Genèse lorsqu’il sera question du
meurtre d’Abel par Caïn symbole de toute relation blessée par la
jalousie. Ce qui semblait séduisant devient très vite source de malheur,
de mal-être, de violence pour soi-même et pour les autres. L’harmonie a
disparu laissant place à la division et au désordre. Et, il faut bien le
reconnaître, nous sommes tous plus ou moins concernés par cette
tentation à laquelle nous succombons parfois. C’est ce que décrit saint
Paul dans sa lettre aux Romains lorsqu’il nous dit que par la faute d’un
seul homme, Adam, tous les hommes ont été conduit à leur perte. Dans le
cœur de l’homme s’est immiscé le tentateur de sorte que le bien que nous
voulons faire, nous ne le faisons pas et le mal que nous ne voulons pas
faire, nous le faisons. C’est comme-ci en nous avait été injecté un
poison, celui du serpent, qui nous fait désirer ce qui a l’apparence
d’un bonheur mais qui n’en n’est pas.

Alors, si ce poison est en nous – en théologie on parlera de péché
originel – il nous faut un antidote pour ne pas nous laisser contaminer
par ce poison, il nous faut un anti poison capable de nous guérir des
effets négatifs de ce poison. Saint Paul écrit que si la mort est entrée
dans le monde par un seul homme, c’est par le Christ que la vie est
donnée en abondance. C’est le Christ qui est le sérum de vie, l’antidote
qui nous guérit des morsures du serpent.

Alors il nous faut écouter et regarder le Christ dans cette page
d’Evangile. Il nous montre en effet un chemin pour ne pas nous laisser
contaminer par le poison du péché. Lorsque le malin essaie de tenter le
Christ, celui-ci, à chaque fois, se réfère à l’écriture : « _Il est
écrit _» dit-il, suivi d’une citation de l’Ecriture. C’est par un retour
à la Parole de Dieu que le Christ Jésus repousse les tentations. C’est
là qu’il puise les forces nécessaires pour résister. C’est une belle
invitation pour nous tous, au début du carême. C’est ce qui nous était
déjà dit dans le livre du Deutéronome : « _choisis donc la vie, en
aimant le Seigneur, en écoutant sa voix, en t’attachant à Lui. C’est là
que se trouve la vie, une longue vie_. » Il s’agit d’écouter la voix de
Dieu plutôt que notre voix intérieure qui peut nous brouiller, nous
disperser, nous tromper. Car le véritable péché, en définitive, c’est
notre « non écoute » de Dieu et de sa Parole, notre fermeture à l’égard
de Dieu alors que le Christ, Lui, n’a qu’un seul désir, faire la volonté
de Dieu et non la sienne. Frères et sœurs, la paroisse nous invite à
vivre en maison d’Evangile dans une écoute et un partage de la Parole.
Elle nous propose aussi durant ce carême, de prendre du temps pour
méditer la Parole à partir des fiches spirituelles proposées par le
diocèse. Ayons donc faim de cette Parole de vie, car elle est une parole
de Vie éternelle. Amen

Mickaël Le Nezet, curé