_« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde_ ». Lors de sa
rencontre avec Jésus, c’est l’expression qui vient sur les lèvres de
Jean-Baptiste. Elle est importante, puisqu’il la répète le lendemain.
Cette image de l’Agneau de Dieu renvoie notamment à deux passages de
l’Ecriture. L’Agneau de Dieu, c’est tout d’abord cet agneau dont il est
question dans le livre d’Isaïe : « _comme un agneau conduit à
l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs il n’ouvre pas
la bouche_ » et qui fait référence au Serviteur souffrant qui porte les
souffrances des hommes. C’est aussi l’Agneau dans le livre de
l’Apocalypse, un agneau égorgé qui est digne de recevoir puissance et
richesse, sagesse et force, honneur gloire et louange et qui renvoie à
l’agneau pascal immolé lors de la libération du peuple d’Israël. Ainsi,
l’expression de Jean-Baptiste est pleine de sens. Elle nous parle du
Christ Jésus, de sa mission pour nous tous. Jésus est venu pour nous
libérer du péché, pour porter nos souffrances et donner sa vie rançon
pour la multitude. C’est ce qu’on appelle le mystère de la Rédemption.
L’Agneau de Dieu est venu pour enlever le péché du monde.
Mais en quoi consiste le mystère de la Rédemption ?
Ce mystère nous révèle tout d’abord que nous sommes fait pour une haute
destinée, bien plus haute que nos propres désirs. Nous sommes faits pour
un bonheur tellement grand que pas même le temps des soldes d’hiver ne
pourra combler. L’homme est appelé à partager la vie de Dieu. Et le
Christ Jésus, fils de Dieu, vient nous délivrer de ce qui nous empêche
de parvenir à cette vie divine à laquelle nous sommes appelés. Il prend
sur lui ce qui nous empêche d’être pleinement nous-mêmes. Il enlève de
notre vie ce qui la défigure, ce qui l’abîme à savoir nos pauvretés
humaines et notre péché. Et c’est d’ailleurs ce qui se passe dans le
sacrement de la réconciliation. Jésus enlève, on pourrait même dire
soulève, ce poids du péché qui nous empêche d’avancer plus léger vers la
réalisation de notre vie. Ainsi, ce mystère de la Rédemption nous fait
prendre conscience que Dieu, en Jésus Christ se rend solidaire de notre
vie. Il expérimente lui-même la condition humaine, ses joies, ses
souffrances jusqu’à la mort. Pour Jésus tous les hommes sont ses frères.
Et ainsi chacun de nous, nous avons un frère en Jésus Christ, Fils de
Dieu. Il est là avec nous. Il est solidaire. Il vit ce que nous vivons.
Et ainsi nous comprenons que Dieu ne nous abandonne pas dans notre
combat, dans ce qui fait notre vie. Dieu s’engage à fond pour nous
sauver, pour que nous ne nous enfermions pas dans la désespérance, dans
le découragement, dans la souffrance et dans la mort. Il s’engage avec
nous pour nous rappeler, à la suite de l’Agneau immolé de l’Apocalypse,
que la vie triomphera du mal et de la mort, que l’amour sortira
vainqueur de la haine.
Au fond, nous comprenons bien qu’il n’y a qu’une façon pour le Christ de
nous libérer de l’esclavage du péché, de prendre sur lui les fautes de
l’humanité. Il le fait en aimant, en donnant sa vie par amour. Il n’y a
pas d’autres façons de vaincre le mal et le péché sinon avec l’amour qui
pousse à donner sa vie pour les autres. C’est ce dont Jean Baptiste
témoigne en nous désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu qui enlève le
péché du monde. En désignant Jésus, il montre le chemin, la vérité et la
vie véritable. Il n’y a que l’amour qui peut libérer le monde du mal. Il
n’y a que l’amour qui peut relever l’homme de sa souffrance et de son
péché. Il n’y a que l’amour qui peut remettre debout l’homme blessé.
Frères et sœurs, à la suite de Jean Baptiste nous sommes nous-mêmes
appelés à témoigner de cela. Les paroles du prophète Isaïe, elles sont
aussi écrites pour nous : « _tu es mon serviteur (…) pour relever les
tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la
lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités
de la terre_ ». Il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires. Il
s’agit d’aimer tout simplement. L’amour, la tendresse, la gentillesse,
voilà de simples choses mais qui ont une puissance tellement grande, une
puissance de vie, une puissance de résurrection. Que l’Esprit d’amour
qui repose sur le Christ descende sur chacun de nous. Amen
Père Mickaël Le Nezet, curé