« _Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande
lumière ; sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi
_». A travers ces paroles du prophète Isaïe, nous nous sentons proches
ce soir de ces peuples qui marchent vers un avenir bien incertain
quittant leur pays plongés dans les ténèbres du terrorisme, de
l’oppression, de la pauvreté. Nous pensons aussi à ces peuples qui
voient l’ombre du fanatisme et de l’obscurantisme, se répandre autour
d’eux les empêchant de vivre et de croire librement. L’exposition « la
grande aventure des chrétiens d’Orient » nous rapproche de nos frères et
sœurs chrétiens qui doivent fuir leur pays au nom de leur appartenance
au Christ. Nous prions ce soir pour eux tous. Nous pensons aussi, chez
nous, à tous ceux qui subissent des épreuves économiques, des épreuves
de santé, des épreuves familiales et qui se retrouvent emportés dans
l’ombre de la peur, du doute, de l’incertitude des lendemains. Cette
fête de Noël, n’est pas une parenthèse dans la vie du monde. La fête
chrétienne de Noël au contraire nous rend plus proches, plus attentifs à
tous ceux là. Le Christ lui aussi a choisi de partager la condition des
déplacés puisque Marie et Joseph doivent quitter Nazareth pour le
recensement. Il a choisi de partager la condition de celles et ceux qui
ne sont pas accueillis, puisque refusée dans une auberge, Marie mettra
son enfant au monde dans une étable. Il a choisi de partager la
condition de celles et ceux qui demeurent dans l’indifférence des grands
de ce monde, puisque ce sont les pauvres bergers qui se rendent près de
lui pour le contempler. Non, cette fête chrétienne n’est pas une
parenthèse ni un joli conte pour enfant. La naissance de l’enfant de
Bethléem nous interpelle et nous appelle à une plus grande proximité
avec tous ceux en qui le Christ a choisi de s’identifier et selon ce
qu’écrit saint Paul dans la lettre à Tite, à vivre alors dans le temps
présent de manière raisonnable, avec justesse et piété.

Mais le prophète Isaïe ne veut pas nous enfermer dans le pessimisme et
la catastrophisme. Il nous parle d’espérance. Il nous parle d’avenir.
Une grande lumière va se lever. Une lumière va resplendir. Les bottes
qui frappaient le sol, les manteaux couverts de sang, tout cela va être
brûlés. C’est la promesse d’un monde nouveau pour tous ces peuples.
C’est la promesse d’une réconciliation possible et d’un chemin de paix.
La fête de Noël n’est pas une utopie. La foi chrétienne que nous
célébrons en cette nuit n’est pas une bouée de sauvetage pour les plus
faibles, la dernière histoire inventée à laquelle s’accrocher pour ne
pas désespérer. Cette naissance de Jésus, l’enfant de Bethléem, comme
l’annonceront les anges aux bergers, est une bonne nouvelle, une grande
nouvelle pour tous les peuples. Un Sauveur nous est né ! C’est lui, le
Christ, le Seigneur.

Un Sauveur nous est né. C’est sûr mes amis. Nous avons un Sauveur. Il
est la réponse aux grandes questions que se posent l’humanité. Le pape
François nous l’a si bien montré d’une manière particulière dans son
encyclique _laudato si _sur la protection de l’environnement et donc sur
la protection de l’homme mais aussi dans cette exhortation sur la
famille, _laetitia amoris_. Le travail des organismes soutenus par
l’Eglise comme le Comité Catholique contre la Faim et pour le
Développement, ou encore le Secours Catholique, éclairés par le Christ
et son Evangile nous ouvre des chemins possibles pour que les plus
petits puissent s’en sortir. Le mouvement Pax Christi que nous avons
accueilli sur la paroisse au cours de la semaine pour la paix ouvre
aussi des voix nouvelles pour une paix durable. Oui, ceux qui ont pris
au sérieux le Christ, son enseignement, ses paroles et ses gestes au
service des autres rendent possible ce qui semblait impossible. Rien
n’est inéluctable, rien n’est définitif pourvu que nous reconnaissions
en Christ celui qui est notre Sauveur. Un Sauveur nous est né. Cette
parole est si riche d’espérance. Face aux drames du monde, auix grandes
interrogations de nos contemporains, il existe une réponse : un sauveur
est né.

Ce sauveur, il s’est donné pour nous écrit encore saint Paul. Il est ce
conseiller merveilleux qui peut nous guider dans notre vie. Il est ce
Dieu fort qui peut nous assister dans notre vie. Il est cette assurance
que nous ne sommes pas seul mais que Dieu est avec nous chaque jour pour
nous donner son amour et donc sa confiance. Il est notre paix et notre
joie qui nous permet de tenir debout et d’avancer en confiance. Voilà
véritablement ce que fait Jésus en celui qui le reçoit, qui le choisit
pour sa vie. Notre confiance c’est en lui que nous devons la mettre car
c’est lui qui est notre sauveur, la lumière qui vient chasser nos
obscurités et nos ténèbres.

Alors frères et sœurs, permettez-moi une invitation ce soir. Cet enfant
qui vient de naître, ce sauveur qui nous était promis, le Christ Jésus,
prenez-le dans vos bras, prenez-le dans vos vies chaque jour. Encore une
fois, cette fête de Noël ne doit pas être une parenthèse dans l’année.
Cette fête est le moment favorable pour entendre une Bonne Nouvelle pour
chacun. Nous avons un Sauveur qui se donne à nous. Prenez-le pour votre
vie. Aujourd’hui il se donne aussi dans une écoute attentive de sa
Parole, dans la vie sacramentelle, son pardon, son corps et son sang
eucharistique, mais à travers tous les autres sacrements. Il se donne
dans la communauté chrétienne qui se rassemble tout au long de l’année
de bien des manières. Il se donne lorsque nous nous approchons des plus
petits et des plus pauvres c’est à dire lorsque nous choisissons de nous
oublier nous-même pour nous mettre au service des autres. Oui un sauveur
nous est né. Il attend d’être pris dans des bras, dans des cœurs, dans
des vies pour commencer à faire son œuvre en celles et ceux qui le
recevront. Prenez-le, aimez-le, il changera votre vie, il vous donnera
une joie que rien ni personne ne pourra vous enlever. Prenez-le,
aimez-le et surtout offrez-le autour de vous, comme de vrais disciples
missionnaires car nous le savons maintenant, il est le vrai sauveur que
le monde attendait. Il est l’Emmanuel, Dieu avec nous pour toujours. Oui
Gloire à Dieu, au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes
qu’Il aime ». Amen

Père Mickaël Le Nezet, curé Nuit de Noël