« _Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? _»
Autrement dit, avons-nous raison de croire au Christ Jésus. Est-ce que
ça a du sens d’accorder de l’importance à Jésus, à sa parole ? Le chemin
qu’il nous propose est-il de fait valable, pertinent, essentiel pour
notre vie. Le chemin qu’il nous propose est-il le meilleur chemin pour
une vie heureuse, pour avoir une belle vie ? Voilà les questions que
nous nous posons, à la suite de Jean Baptiste.

Et si Jean Baptiste se pose la question c’est que justement il se trouve
en prison, après avoir mené une vie ascétique, totalement consacrée à
annoncer la venue de Jésus. Il a donné sa vie pour aider les autres,
pour les appeler à se convertir, à changer de vie et sa parole
dérangeante va le conduire jusqu’à la mort. En posant ainsi la question
à Jésus nous comprenons que lui-même se pose la question du sens de sa
vie. Ne s’est-il pas trompé ? Jésus est-il vraiment le Messie, l’envoyé
de Dieu ?

Je sais bien que beaucoup de choses que nous voyons autour de nous
peuvent nous faire douter du Christ. Les guerres, la maladie, les
injustices, les épreuves de la vie, tout cela nous interroge. A quoi
cela sert-il de croire au Christ, de le prier si cela ne nous protège
pas plus ? La corruption, l’argent facile, le gaspillage, la
consommation, l’égoïsme cela aussi nous interroge. A quoi cela sert-il
de suivre le Christ et son invitation au partage, au don de soi, au fond
ça ne nous rapporte rien alors que tant d’autres en profitent N’y
aurait-il pas d’autres personnes à suivre, d’autres enseignements à
écouter qui nous seraient plus profitables, plus efficaces en apparence
? « Est-il celui qui peut nous guider, nous éclairer vraiment ou
devons-nous en attendre un autre ? »

Dans la lettre de saint Jacques, dans ce petit passage que nous avons
entendu, quatre fois l’auteur invite à la patience. Nous ne sommes pas
ici dans l’immédiateté. La foi n’a rien de magique comme s’il suffisait
de croire pour que notre vie soit d’un coup plus belle et plus riche ou
préservée des épreuves et des difficultés. Mais la foi éclaire notre vie
et lui donne un sens.

Il s’agit de croire en une Présence à nos côtés. Voilà pourquoi celui
que nous accueillerons à Noël porte aussi le nom d’Emmanuel qui
signifie, Dieu avec nous. Car le Christ Jésus vient nous dire par sa
naissance que Dieu est proche, qu’il est avec moi, qu’il est avec nous,
dans la joie et dans la douleur, dans la santé et dans la maladie, comme
un ami fidèle. Jésus vient nous dire par sa venue dans ce monde, que
nous ne sommes pas seul, que Dieu est à nos côtés et que nous sommes
aimés par Lui. Et comme nous le rappellera avec force le pape François :
« il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette
nouvelle n’est pas pour lui, parce que personne ne doit se sentir exclu
de la joie qu’apporte le Seigneur », la joie d’être aimé, d’être estimé,
de compter pour Dieu. C’est comme un rayon de lumière qui naît de la
certitude d’être infiniment aimé au-delà de tout. Mais c’est aussi la
joie de pouvoir écouter Dieu. Oui Dieu nous parle à travers sa Parole.
Lorsque je prends un petit temps, dans le silence pour goûter cette
parole, parfois elle me touche et illumine ma journée. C’est la joie de
pouvoir parler à Dieu, de savoir qu’il est là et qu’il m’écoute, qu’il
n’est pas indifférent à ce que je lui dis, à ce que je lui partage.
Ainsi, poursuit le pape François, connaître Jésus ce n’est pas la même
chose que de ne pas le connaître, marcher avec lui n’est pas la même
chose que marcher à tâtons, pouvoir écouter sa parole, pouvoir le
contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire
n’est pas la même chose.

Mais il s’agit d’entendre aussi que la joie qui nous est promise elle
jaillit dans une vie qui ne se replie pas sur elle-même, qui ne
s’enferme pas mais au contraire qui se donne, qui s’offre, qui se
partage. Cela aussi illumine nos vies presque à notre insu, lorsque nous
sortons de nous-mêmes pour nous ouvrir aux autres, pour nous mettre à
leur service. Dans l’amour que j’offre, dans l’attention que je peux
donner, dans le geste que je peux poser vis-à-vis de celui qui en a
besoin, ma vie prend un nouveau sens, elle s’enrichit, elle s’illumine
car « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».

« _Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? _»
Mes amis, le Christ est notre lumière, notre chemin, notre joie. En le
choisissant pour guider notre vie nous ne nous trompons pas. En le
mettant au cœur de notre vie nous ne faisons pas fausse route. Certes
son message est exigeant, son appel est bousculant mais sa promesse est
vraie. Celui qui le suit ne marchera pas dans les ténèbres mais il aura
la lumière de la vie. Que cette lumière de la Paix avec laquelle nous
repartirons tout à l’heure nous le rappelle. Qu’elle nous invite à
redire avec foi, dans la patience et l’espérance : « _Viens Seigneur
Jésus, Viens _». Amen

Mickaël Le Nezet, curé / 11 décembre accueil de la lumière de la Paix