« Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur. Si nous mourrons, nous
mourrons pour le Seigneur. Ainsi dans notre vie, comme dans notre mort,
nous appartenons au Seigneur ».

Voilà une parole forte que prononce saint Paul. La fête la Toussaint
nous rappelait hier que nous sommes faits pour Dieu et que notre cœur
est sans repos tant qu’il ne demeure pas en Dieu. Notre vie ici-bas est
encore marquée par des douleurs, des larmes, de la souffrance, des
épreuves. Personne n’en n’est épargné. C’est la condition des hommes que
nous sommes. Pas même le Christ Jésus, dans son humanité n’a pu échapper
à cette réalité.

C’est particulièrement ce que vous avez vécu au moment du décès d’un de
vos proches. Vous avez été plongés dans la tristesse, le non-sens, la
révolte peut être. Et la mission des équipes de laïcs qui vous ont
accompagnés a été tout simplement d’être là, à votre écoute, être une
présence réconfortante. Car dans l’épreuve et le deuil ce ne sont pas
d’abord des discours que nous attendons mais une présence amicale,
attentive, consolante. Face à la douleur d’une femme qui perd son
enfant, de deux sœurs qui perdent leur frère, Jésus ne fera pas de
discours mais il se tiendra aux côtés de ceux qui pleurent pour leur
dire que Dieu ne les abandonne pas, qu’Il est là tout près, non pas
indifférent mais partageant notre douleur. Nous appartenons au Seigneur.
Il est avec nous et nous sommes en lui. C’est la mission première des
équipes d’accompagnement au deuil. Elles remplissent la mission de dire
cette proximité de Dieu avec les familles dans le deuil.

Le deuil, les larmes, la douleur, la souffrance parfois nous éloignent
de Dieu. Nous lui en voulons parfois, nous ne comprenons pas, nous
n’acceptons pas. Ces sentiments sont humains, ils sont ces cris que nous
entendons souvent dans les psaumes. « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
S’il n’y a pas d’autres horizons que cette vie ici-bas, alors, de fait
nous sommes les plus malheurs. La séparation de l’être aimé est trop
injuste, trop éprouvante et déstabilisante. Mais parce que nous
appartenons au Seigneur, dans notre vie comme dans notre mort, alors
nous savons que la mort est un passage qui nous ouvre à cette demeure en
Dieu pour toujours. Et parce que nous croyons cela, alors nous savons
que celles et ceux qui nous ont quittés sont appelés à se retrouver en
Dieu pour toujours. Alors nous savons que nous ne perdons pas ceux qui
nous quittent mais que nous les retrouvons en Dieu. Jésus nous le dit
bien dans l’évangile : « La volonté de Celui qui m’a envoyé, c’est que
je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés mais que je les ressuscite au
dernier jour. Telle est la volonté de mon Père. »

C’est le sens de la liturgie qui a été célébrée par un prêtre ou des
laïcs autour de vos défunts. Je sais que pour certain la non présence du
prêtre est aussi une souffrance. Je me souviens d’une dame qui, me
voyant arriver pour les obsèques de sa soeur, me dit : « comme elle doit
être heureuse de voir qu’un prêtre va célébrer ses obsèques ! ». Je me
suis permis de lui répondre : « si vous croyez que votre sœur entre dans
la vie de Dieu, alors elle doit surtout être heureuse de pouvoir
maintenant contempler Dieu, peu lui importe qui célèbre sa sépulture ».
Nos réactions parfois traduisent notre manque de foi ! C’est ce
qu’exprime le prophète Isaïe. « Dieu fera disparaître le voile de deuil.
Il fera disparaître la mort pour toujours ». La célébration, qu’elle
soit présidée par un prêtre ou une équipe de laïcs, nous aide, par les
différents signes posés autour de la Parole, de la lumière, de l’eau, à
entrer dans cette espérance et cette certitude de foi que nos proches
défunts sont appelés à recevoir cet Amour infini de Dieu qui les
remplira de sa présence. Lorsqu’on passe d’une pièce sombre à la
lumière, il y a toujours un temps d’adaptation pour que nos yeux
s’habituent à cette intensité lumineuse. Il en sera ainsi devant cet
Amour total qui se révèlera à nous, sans doute nous faudra-t-il un peu
de temps pour que nous nous habituions à cet Amour qui viendra faire la
lumière sur ce qui n’a pas été toujours Amour en nous. C’est aussi pour
cela que nous sommes invités à prier pour nos défunts comme nous le
faisons aussi ce soir ou à faire célébrer régulièrement des messes pour
nos défunts, nous le faisons pour que tous les saints du ciel
accompagnent nos frères et sœurs défunts dans cette transformation
qu’ils sont appelés à vivre pour devenir alors semblables à Dieu.

Frères et sœurs qu’au cours de cette Eucharistie nous soyons affermis
dans notre foi et notre espérance. Prions avec confiance pour celles et
ceux qui nous ont quittés afin qu’il entre dans ce bonheur sans fin que
Dieu leur a promis. Amen

Commémoration des fidèles défunts 2 novembre 2016

Père Le Nezet, curé