Nous sommes invités dans le livre de l’Apocalypse, à entrer dans une
vision. Une vision qui commence déjà au chapitre 4 de ce même livre par
ces mots : « _Voici, une porte était ouverte au ciel_ ». La fête de la
Toussaint nous ouvre en effet la porte du ciel. Cette fête nous invite à
tourner notre regard vers les réalités d’en haut, elle nous fait
contempler cette vie à laquelle nous sommes tous appelés, nous, cette
foule immense que nul ne peut dénombrer. » Cette fête nous ouvre les
portes du Royaume de Dieu, qui est notre véritable destination une fois
passée la grande épreuve de la mort dont nous parle encore le livre de
l’Apocalypse. Voilà une fête qui nous ouvre des perspectives d’avenir.
C’est une fête qui nous invite aussi à l’espérance.

Nous sommes appelés à un bonheur plus grand que celui que nous pouvons
connaître ou que nous aimerions connaître aujourd’hui. Ce bonheur est
celui que goûtent les saints et les saintes qui nous ont précédés. Ce
bonheur c’est la contemplation de Dieu, ce face à face dont nous parle
saint Jean dans la deuxième lecture. « _Nous le verrons tel qu’Il est_
». Comme l’écrit saint Augustin : « _je n’ai de repos qu’en Dieu seul,
mon bonheur vient de Lui_ ». Ce bonheur il se résume en un mot : la
paix. La paix de Dieu qui nous met en paix avec nous-mêmes et avec les
autres. La paix de celui qui demeure avec Dieu. Une paix qui est à la
fois confiance et certitude d’être aimé pour toujours quoi qu’il arrive.
La paix d’être enfin pleinement nous-mêmes sans chercher à être autre
chose que ce que nous sommes, la paix d’être aimé et accepté tel que
nous sommes. La paix d’être aussi comme dans une famille, la famille de
Dieu et sentir comme l’écrit le psalmiste qu’il est bon et qu’il est
doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis. Car, dans le
Royaume des cieux, l’angoisse, les passions, les peurs, les douleurs,
les larmes, la souffrance, la jalousie, les haines, les répulsions
disparaissent. Le ciel auquel nous aspirons, c’est le cœur de Dieu, un
cœur qui est tendresse parfaite, miséricorde, consolation. Un amour qui,
comme un immense buisson ardent, ne se consume jamais car l’Amour est
éternel. » Voilà le vrai bonheur, celui d’exister dans le cœur de Dieu
et de partager ce bonheur avec d’autres. Nous contemplerons l’Amour
véritable et nous serons nous-même dans l’amour.

Lorsque le Christ dans l’Evangile prend la parole devant la foule, c’est
ce bonheur là qu’il veut leur partager. C’est son bonheur à Lui qu’il
veut offrir à celles et ceux qui se tiennent devant Lui. Il est
tellement heureux lui-même qu’il veut nous faire goûter cette paix et ce
bonheur qu’il goûte lui-même dans cette intimité pleine d’amour avec
Dieu son Père. La vie ici-bas n’est qu’un passage pour une destination
plus heureuse : « _Nous le verrons tel qu’Il est _». Au ciel, nous
verrons l’amour qui ne finit pas, l’amour qui ne s’éteint pas, l’amour
véritable. Telle est notre destinée frères et sœurs. Nous ne vivons pas
que pour ce temps-ci. Nous aspirons au monde de Dieu car nous sommes
faits pour l’amour, pour une immensité d’amour. Nous le pressentons déjà
dès aujourd’hui même si cela ne dure qu’un temps. Lorsque nous sommes
aimés et lorsque nous aimons, il n’y a plus de peur, plus de détresse,
plus d’angoisse. L’amour apaise et fortifie. L’amour nous rend léger et
audacieux. C’est un avant goût de ce que nous vivrons et ressentirons
lorsque nous demeurerons dans cet amour qui est éternel.

« _Mais qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu
saint »_ s’interroge le psalmiste. Oui qui peut parvenir à ce bonheur, à
cette contemplation de l’amour de Dieu ? Qui et comment aujourd’hui même
? Et le psalmiste de poursuivre : «_ le Seigneur accorde sa bénédiction,
son bonheur, à l’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre
pas son âme aux idoles_ ». Voilà un chemin très concret qui nous permet,
dès aujourd’hui, d’avancer vers ce bonheur, cette paix que nous
recherchons tous. C’est le chemin des béatitudes que nous propose le
Christ. Le chemin de la sainteté commence dès aujourd’hui en choisissant
de prendre au sérieux les paroles du Christ et de le suivre. Il s’agit
d’entrer dans une imitation du Christ pour parvenir à la sainteté à la
suite de nombreux saints et saintes qui nous précèdent. Benoît XVI le
rappelait dans son encyclique D_eus caritas est_ : « _A l’origine du
fait d’être chrétien, il n’y a pas une grande idée, mais la rencontre
avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son
orientation décisive_ ». Le nouvel horizon, nous l’avons vu, c’est la
vie éternelle, la vie vraie, la vie pleine et débordante, c’est tout
simplement la sainteté qui est de partager le bonheur de Dieu, n’être
qu’amour, ressemblant ainsi à celui qui n’est qu’Amour. L’orientation
décisive pour y parvenir : revêtir le Christ, nous habiller de sa vie.
L’évangile des Béatitudes nous en propose un chemin : la miséricorde, la
douceur, l’humilité, ne pas être indifférent à celles et ceux qui nous
entourent, être artisan de paix. En choisissant de prendre ce chemin
alors nous devenons purs, comme lui-même est pur, écrit encore saint
Jean, autrement dit nous commençons à devenir des saints, rien que ça !
Quelle fête mes amis que celle de la Toussaint. Quelle bonne nouvelle !
Que cette fête nous aide vraiment à nous tourner chaque jour vers le
Ciel, notre avenir et que cette vision nous aide à vivre avec courage
dans l’espérance et la confiance notre vie de tous les jours. Amen

Mickaël Le Nezet, fête de la Toussaint 2016