Dans l’Évangile de ce jour, il y a une parole du Christ qu’il nous est bon d’accueillir en ce début d’année pastorale. Jésus nous invite en effet à commencer par nous asseoir. Ce qui est assez paradoxal en début d’année où il faut justement se relancer, démarrer une nouvelle année. « Commencer par s’asseoir ».
Avant de s’engager dans une activité, commencer par s’asseoir. Avant de prendre une décision, commencer par s’asseoir. Avant de prendre la parole, commencer par s’asseoir. Avant d’affirmer des convictions, commencer par s’asseoir. Avant de lancer des débats commencer par s’asseoir pour que ceux-ci ne soient pas stériles. Avant de lancer des polémiques, et l’actualité récentes nous a gâtés, commencer par s’asseoir. Avant de se lever pour telle revendication, pour telle réclamation, commencer par s’asseoir. Notre temps ne nous invite pas beaucoup à cette prudence, à cette attitude première. Il faut être toujours les plus rapides, les plus efficaces, les plus énergiques. Jésus nous propose une attitude plus juste même si elle semble moins à la mode. Commençons par nous asseoir nous dit-il. « Commencer par s’asseoir » cela signifie « devenir disciple » de Jésus. Car le disciple est celui, justement qui est assis tout près de son maître pour l’écouter. Rappelons-nous la position de Marie, sœur de Marthe, assise près de Jésus. Et comment Jésus loue cette attitude de Marie, à l’écoute. Elle a choisi la meilleure part dira-t-il.
Ainsi le premier mot qui me semble essentiel à mettre en avant c’est le mot : écoute. Non pas s’écouter mais écouter Dieu lui-même. Nous rendre disponible intérieurement pour écouter les intentions de Dieu, pour mieux comprendre ses volontés. C’est la meilleure attitude pour ne pas nous laisser prendre par nos affections, par notre sensibilité, par l’humeur du moment. Mais plutôt entrer dans cet accueil de la volonté du Seigneur en nous mettant à son écoute et vous le savez d’une manière particulière dans l’écoute de sa Parole. Nous allons pouvoir approfondir cette écoute en participant, je l’espère nombreux, aux maisons d’Evangile qui vont être relancées le samedi 25 septembre. Dieu a quelque chose à nous dire. Dieu ne se tait pas ! C’est nous qui ne savons pas bien prendre le temps de l’écouter. Dieu n’est pas absent, indifférent de ce que nous vivons, des questions que nous nous posons, des événements que nous vivons. Il est là mais c’est nous qui faisons souvent tellement de bruit, qui nous laissons prendre par tant de bavardages, de discussions souvent il faut le reconnaître, assez stériles, que nous n’entendons pas la voix du Seigneur qui elle, est souvent comme le murmure d’une brise légère. Puis-je vous inviter, par exemple, 10 minutes avant le début de la messe, à goûter ce silence où Dieu se dit ? Celui qui veut être disciple du Christ choisit le chemin-même du Christ qui n’a eu qu’un seul désir, faire la volonté de son Père. Le disciple écoute la voix de son maître.
Le deuxième mot qui me semble important et qui décrit l’attitude du disciple, c’est le mot : humilité. Et l’évangile nous y invite à travers les exemples que Jésus nous donne. Humilité de reconnaître que nous ne sommes pas capables par nous-mêmes de mener de grandes choses. Le psalmiste l’écrit lui-même : l’homme n’est que poussière. Il est comme une herbe changeante qui vite se fane et se dessèche. C’est ainsi l’humilité de reconnaître comme d’ailleurs saint Paul le dira lui-même, que notre capacité ne vient pas de nous mais de Dieu. Il nous arrive parfois de nous prendre pour le maître plutôt que pour le disciple lorsque nous essayons de nous débattre avec nos problèmes, nos difficultés, nos projets sans, à aucun moment demander l’aide du Seigneur, l’éclairage de l’Esprit Saint. Et pourtant, écrit l’auteur du livre de la sagesse : « Qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas donné la sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? ». Celui qui veut être disciple du Christ choisit le chemin même du Christ qui, ayant la condition de Dieu, n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais qui s’est anéanti en prenant la condition de serviteur. Le disciple choisit le chemin de l’humilité en s’en remettant à son maître.
Le troisième mot enfin qui décrit l’attitude du disciple, c’est le mot : service. Le disciple, dit Jésus doit porter sa croix. Si nous envisageons la croix, et c’est ce qu’elle est, comme un signe d’amour, le signe du don de soi par amour, le signe de l’amour offert pour tous les hommes, alors nous comprenons que le disciple est celui qui choisit de servir par amour. Celui qui choisit de renoncer à lui-même, à son propre confort, à sa tranquillité première pour être au service des autres. Le pape François a su bien l’exprimer aux jeunes à Cracovie : Nous ne sommes pas venus au monde pour végéter, pour vivre dans la facilité, le confort à tout prix, pour faire de la vie un divan qui nous endorme. Jésus est le Seigneur du risque. Pour suivre Jésus il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures, et des chaussures à crampons ! Aller par les routes en suivant la folie de Dieu qui nous enseigne à aller à la rencontre, qui nous invite à porter la bonne nouvelle en faisant de notre propre vie un don. C’est cela être disciple du Christ, dans le service des frères. J’aimerais que cette année, une petite équipe missionnaire s’engage avec moi, à la suite de la mission caravane que je dois arrêter dans un autre projet missionnaire au sein de la paroisse. Je demande à chacun d’y réfléchir, de prier et de demander au Seigneur s’il n’est pas venu le moment de s’engager dans ce projet. Nous en reparlerons.
Au début de cette année pastorale, méditons ces trois mois pour apprendre à devenir les disciples missionnaires du Christ et nous pouvons les redire ensemble : Ecoute. Humilité. Service. Amen
Père Mickaël Le Nezet, curé.