Dans le livre de l’Apocalypse saint Jean nous parle d’une femme revêtue de lumière et coiffée d’une couronne de 12 étoiles. J’aime y voir l’image de notre humanité. Cette humanité est l’épouse de Dieu, la préférée de Dieu. Dieu a pour notre humanité, pour notre monde un regard d’amour et d’espérance. Comme nous l’avons lu ces derniers jours dans le livre d’Ezéchiel, Dieu n’a qu’un seul désir pour notre monde, c’est qu’il vive, c’est qu’il rayonne de la lumière même de Dieu. Et Dieu, tel un fiancé pour sa fiancée, ne cessera au long des temps d’inviter sa bien-aimée à entrer dans cette alliance avec lui, de grandir dans cette alliance d’amour, pour devenir la plus belle, la plus rayonnante, la plus épanouie. Oui, tel est le projet de Dieu pour notre humanité. Il désire d’un grand désir que notre monde soit le reflet de sa beauté, qu’il témoignage dans toutes ses réalités de la lumière divine qui illumine et apporte la joie. Telle est la vocation de notre humanité. Mais nous entendons aussi dans le livre de l’Apocalypse que cette femme, c’est-à-dire notre monde crie dans les douleurs et la torture d’un enfantement. La présence du dragon rouge feu symbolise le mal qui est là, prêt à détruire, à faire violence, à bousculer le projet de Dieu. Et ce mal, l’actualité récente nous l’a fait percevoir d’une manière si douloureuse, que ce soit ici en France, que ce soit dans d’autres parties du monde ; et je pense particulièrement au Père Hamel mais aussi au témoignage entendu lors de la veillée des JMJ, de cette jeune femme, syrienne, nous demandant de prier pour son cher pays. Voilà pourquoi aujourd’hui nous sommes invités à prier pour la France, pour la paix, à prier ensemble pour la souffrance de tant de victimes de la guerre afin que pour toutes, nous puissions comprendre que rien ne justifie le sang d’un frère, que rien n’est plus précieux que la personne que nous avons à côté de nous. Ce mal c’est aussi le tentateur toujours séduisant qui veut nous détourner de Dieu et nous les connaissons ces tentations. Elles sortent de nos cœurs lorsque celui-ci est trop centré sur lui-même : l’égoïsme qui isole, la jalousie qui détruit les relations, le désir de pouvoir qui écrase les autres. Le mal est aussi en nous lorsque nous refusons de tourner nos cœurs vers le Seigneur. Comme le livre de l’Apocalypse nous le laisse entrevoir, il y a un combat à mener contre toutes ces forces du mal autour de nous mais aussi en nous.

La femme de l’Apocalypse nous parle aussi de la Vierge Marie que nous fêtons en son Assomption aujourd’hui. Elle nous révèle que le mal ne triomphe en définitive jamais, que l’homme est fait pour la lumière et non pour les ténèbres. En cette fête de l’Assomption Marie nous ouvre un chemin d’espérance. Nous le croyons avec Marie, la vie est plus forte que la mort puisque Marie, l’espace demeuré libre du mal où Dieu s’est reflété devient le signe le plus parlant de la plénitude de la vie. Marie nous rappelle qu’il y a une voie qui conduit à la plénitude de la vie. Elle nous enseigne avec empressement, elle nous donne le bon conseil, comme une maman guide son enfant avec tendresse et affection, un chemin de vie, un chemin d’espérance, un chemin de victoire. Elle nous invite à mener le combat contre le mal, à vivre une révolution dans ce monde, mais une révolution de la tendresse. Nous admirons en effet dans la vie de Marie cette petitesse aimée par Dieu qui s’est penché sur son humble servante et qui a élevé les humbles. Comme Marie, Mère de charité, nous sommes invités à sortir de chez nous, à sortir de nos peurs, à avoir les yeux et le cœur ouverts, à penser aux autres. La révolution à laquelle elle nous invite passe par la tendresse, par la compassion, par la proximité avec celles et ceux qui ont besoin de nous, par le service gratuit qui ouvre à la vraie joie. La révolution à laquelle Marie nous invite passe par la visitation de ceux qui sont seuls, de ceux qui sont malades, de ceux qui sont rejetés ou exclus, de ceux qui ont besoin d’un soutien et d’un réconfort comme Elisabeth visitée par Marie dans l’Evangile de ce jour. La révolution à laquelle Notre Dame nous invite passe par la construction de pont, comme le pape le rappelait aux jeunes à Cracovie (et ça commence par nous regarder avec considération, par nous donner la main, par nous respecter comme des frères et des sœurs), cette révolution commence par abattre les murs de la division, de l’indifférence, de la haine. La révolution à laquelle Marie nous invite passe par des paroles qui font du bien, qui encouragent, qui relèvent, comme les paroles que Marie adresse à sa cousine et qui font jaillir la joie dans le cœur d’Elisabeth.

La révolution à laquelle nous invite Marie n’est pas la réponse du monde des hommes face à la violence humaine. Cette réponse-là ne conduit qu’à la peur qui mène à la fermeture, à la crainte des autres, à la paralysie. La révolution que Marie nous propose en cette fête de l’Assomption est la réponse du monde de Dieu, la logique même de Dieu, le style divin. Marie nous propose un chemin d’humilité, de simplicité, de don de soi, de service, de charité. C’est le chemin-même du Christ qui a entrainé sa Mère dans cet élan d’amour, dans cette révolution non violente et non sanglante, la révolution de la tendresse. C’est le style de Marie, Notre Mère. C’est le style des enfants de Dieu. C’est le style des enfants de Marie que nous sommes tous. Alors prions mes amis pour que nous sachions dire oui au chemin de l’Assomption que Marie nous propose. Que dans ces temps bousculés et bouleversés la Vierge Marie nous obtienne la surabondance de l’Esprit pour être les bons et fidèles serviteurs de Dieu. Oui désormais tous les âges la proclament bienheureuse. Amen

Père Mickaël Le Nezet, curé.
Fête de l’Assomption