Panique à bord pour les apôtres dans l’évangile si j’ose dire. Ils sont 12 et ils ont devant eux 5000 personnes dont il faut s’occuper. Ils sont 12 et dans un désert il leur faut trouver de quoi nourrir cette foule, non seulement affamée mais aussi fatiguée. C’est mission impossible ! Et la réaction des apôtres ne tarde pas : « Renvoie-les dans les villages et les campagnes afin d’y loger et de trouver des vivres » disent-ils à Jésus. Nous on ne sait pas faire. Nous on n’est pas compétent pour cela. Ce n’est pas notre problème. « Renvoie-les ».

Encore aujourd’hui ils sont nombreux ceux qui sont comme dans un désert, affamés de justice, de bonheur, de relations vraies, de reconnaissance. Ceux qui cherchent un peu de calme, de réconfort, des paroles d’encouragement ou des gestes d’amour. Ils sont nombreux, jeunes et moins jeunes qui sont en quête de considération, de sens pour leur vie, de joie véritable, ceux qui veulent tout simplement vivre. Et comme pour les apôtres dans l’évangile Jésus nous invite à répondre à leurs attentes, à leurs demandes, à leurs faims et leurs fatigues. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

Et Jésus dit aux apôtres et aussi à nous aujourd’hui que nous avons ce qu’il faut pour répondre aux aspirations des hommes et des femmes de ce temps. Nous avons ce qu’il faut pour apaiser la faim des hommes et leur procurer le repos. Et la Parole de Dieu nous livre ce trésor. Ouvrons quelques pages de la bible pour mieux le comprendre.

Dans l’évangile de Matthieu (11, 28) nous entendons le Christ nous dire : « venez à moi vous tous qui ployez sous le poids du fardeau et je vous procurerai le repos » ou encore cette autre parole dans le psaume 61 : « je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut vient de lui ». C’est en Dieu que je peux trouver le repos. Lorsque je me pose dans le silence, que je crois que Dieu est là, que son regard sur moi est un regard d’amour et de confiance, alors oui, je trouve la paix, je reprends confiance, je me laisse aimer et renouveler par Dieu. Dans l’évangile de Jean (15, 4-5) Jésus nous dit encore « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car hors de moi vous ne pouvez rien faire ». Non seulement c’est en Dieu que se trouve le repos, le réconfort mais c’est en prenant du temps avec Lui, dans une relation personnelle, en demeurant avec Lui, dans la prière que je trouve des énergies nouvelles qui donnent à ma vie une belle fécondité. Au fond, nous n’avons pas besoin de partir bien loin pour nous reposer et pour nous ressourcer, même si parfois cela est nécessaire voire indispensable. En prenant le temps de nous tenir près de Dieu, dans la prière, dans l’écoute de sa Parole, nous trouvons un repos réparateur.

Dans l’évangile de Jean (6, 48.55) Jésus nous dit aussi: «  Je suis le pain de vie. Qui mange ce pain vivra à jamais » et encore « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en Lui ». En communiant au Corps du ressuscité, nous sommes sûrs que Jésus demeure en nous. C’est par le pain et le vin consacrés par la puissance de l’Esprit Saint que Jésus se rend présent à nos vies. Il vient lui-même à notre rencontre. Il vient jusqu’à nous pour nous remplir de sa présence, pour nous remplir de sa force, pour nous transformer, nous renouveler dans l’amour. C’est par Lui que nous entrons dans une vie nouvelle. C’est avec Lui et en Lui que nous devenons peu à peu un homme nouveau. Oui, c’est le Christ qui notre nourriture. Sa vie est nourrissante, le chemin qu’il nous propose est fortifiant. Mais plus encore, il se rend présent, réellement, pour nous donner la vie dans son corps livré pour nous. En venant régulièrement recevoir le corps du Christ dans l’Eucharistie, Jésus fait son œuvre en nous et même si nous ne nous en rendons pas toujours compte. Jésus agit par sa présence lumineuse et puissante.

Finalement c’est Jésus qui agit, qui procure le repos, qui nourrit la foule. Le boulot des disciples c’est d’organiser les choses. Ils font asseoir les gens, ils organisent les groupes. C’est essentiel pour que personne ne soit oublié. Cette organisation nécessaire, c’est l’Eglise. Et même si ce n’est pas parfait, et même si les responsables ne le sont pas non plus l’essentiel c’est que tout le monde puisse trouver dans l’Eglise ce dont il a besoin pour vivre, pour se nourrir et pour grandir dans une vie nouvelle. Alors, mes amis, vous les jeunes qui célébrez cette fête de l’Eucharistie, vous les familles qui les accompagnez, vous paroissiens habituels venez souvent dans cette Eglise. Le Christ vous attend car il vous aime. Amen.

Père Mikaël Le Nezet, curé.