Il n’est jamais facile de prêcher sur la Trinité. Et pourtant ce mystère de la Trinité révèle tellement l’originalité, la grandeur de notre foi chrétienne.

 

Proclamer notre foi en Dieu Trinité c’est croire que nous avons un Père. Dieu en effet s’est manifesté aux hommes en Jésus Christ, le Verbe fait chair. Et il se révèle être le Père de tous les hommes. Nos pères humains sont tous imparfaits, parfois ils ont pu même faillir à leur mission. Mais notre père des cieux Lui est le véritable père qui veut notre bonheur, notre accomplissement, notre réussite. Le psalmiste dit quelque chose de surprenant et en même temps qui nous permet de comprendre qui est vraiment Dieu. « Qu’est-ce qu’un homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci. Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur. Tu l’établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds ». Dieu a souci de nous. Dieu ne cesse pas de penser à nous, sans doute de souffrir quand nous souffrons, de pleurer quand nous pleurons, de se réjouir quand nous réussissons, quand nous sommes dans la joie. Il ne cesse pas de veiller sur nous, d’être uni à nous. Et son désir c’est que nous devenions toujours plus homme et même, écrit le psalmiste « un peu moindre qu’un dieu ». Quelle ambition Dieu porte-t-il pour chacun de nous ! Dieu veut nous associer de manière privilégiée à sa création. Il veut que nous prenions une part, notre part dans son œuvre de création, il nous établit sur les œuvres de ses mains. Il veut nous associer à son projet pour ce monde. Il nous veut responsables, co-créateur. Il nous fait confiance nous qui sommes pour Lui, « un peu moindre qu’un dieu ». Proclamer le mystère Trinitaire c’est croire que Dieu est ce Père qui n’est jamais loin de nous, qui nous accompagne chaque instant de notre vie.

 

Proclamer notre foi en Dieu Trinité c’est croire que nous nous épanouirons en nous investissant dans une relation personnelle avec Dieu notre Père. Nous sommes appelés à vivre à la manière du Fils bien-aimé du Père. Le Fils est toujours à l’écoute de son Père. Il en prend le temps pour recevoir de son Père ce que Celui-ci veut lui donner. Car, dira Jésus, sa nourriture c’est de faire la volonté de son Père. Et encore, qu’Il ne fait rien de lui-même mais qu’il fait ce que son Père lui dit de faire. Nous ne pouvons pas nous dire chrétien si nous ne prenons pas les moyens de vivre une relation filiale avec Dieu notre Père, si nous n’entrons pas dans une expérience personnelle avec notre Père du ciel, dans la prière, l’écoute de sa parole, la fréquentation des sacrements. Et ce n’est pas le plus simple. On nous a tellement habitué depuis notre naissance à nous construire par nous-mêmes, à mener nos vies en ne nous appuyant que sur nos propres capacités, que sur nos propres forces, alors qu’il s’agit comme Jésus d’entrer dans une confiante obéissance en Dieu. Nous ne grandirons pas, nous ne nous réaliserons pas pleinement en nous éloignant de Dieu. Nous grandirons, à l’image de la Sagesse, aux côtés de Dieu, en le fréquentant, en l’écoutant, en l’aimant, comme le Fils unique, le bien-aimé du Père. Nous poursuivrons l’année prochaine en les développant les « Maisons d’Evangile » autour du livre des Actes des Apôtres.

 

Enfin, proclamer notre foi en Dieu Trinité c’est croire que puisque nous sommes les enfants bien-aimés du Père, qu’Il a une pensée pour chacun de nous, notre vie n’a de sens que dans le don d’elle-même dans l’amour. J’ai été heureux de lire le pape François dans une interview réalisée pour le journal La Croix cette semaine. Le pape dit : « Pour évangéliser, il n’y a pas nécessairement besoin de prêtres. La Corée par exemple a été évangélisée par des laïcs. Le baptême donne la force d’évangéliser. Et l’Esprit Saint, reçu au baptême, pousse à sortir, à porter le message chrétien avec courage et patience. Oui nous sommes faits pour nous donner, pour faire de notre vie un don par amour. Certains le vivent dans le sacrement de mariage, d’autres comme prêtres, d’autres dans la vie consacrée, d’autres encore dans un célibat fécond au service des autres. Je ne peux pas me dire chrétien, c’est à dire de la foi au Dieu Trinité si je pense que la messe et quelques prières récitées chaque jour suffisent pour l’être vraiment. Le service des plus petits, l’accueil des étrangers, l’amour des plus pauvres reste le critère véritable de mon appartenance au Christ. Il me semble que nous avons à nous aider pour que grandisse au sein de notre communauté ce service de la charité. Nous réfléchirons à la rentrée prochaine pour mettre en place dans toutes les communes de notre paroisse des tables ouvertes paroissiales pour développer la fraternité, le partage et la convivialité. Ce sera une belle manière, ensemble, de proclamer notre foi au Dieu trois fois saints. Amen.

Père Mickaël, curé.