« Nous avons vu le Seigneur ». Après la résurrection du Christ, c’est la parole qui circule. Le Christ Jésus est vivant. Celui qui a été crucifié sur une croix, qui a été déposé dans un tombeau, n’a pas été retenu dans la mort. Il vit. Il est apparu à quelques-uns, des femmes qui s’étaient rendues au tombeau, deux hommes qui marchaient vers un village appelé Emmaüs, un groupe de proches qui s’était enfermé après les événements comme nous venons de l’entendre. Tous disent qu’ils ont vu le Seigneur. Tous attestent que Jésus s’est laissé reconnaître.
Et nous mes amis, pouvons-nous aussi dire, comme eux que nous avons vu le Seigneur ? Pouvons-nous dire que Jésus est vivant et que nous l’avons rencontré ? Peut-être que parmi nous il y a des personnes qui comme Thomas doutent vraiment de la présence du Ressuscité au milieu de nous. C’est rassurant de voir que même pour ceux qui avaient vécu avec Jésus, qui avaient été témoins de tant de miracles, qui avaient entendu la parole de Jésus, ses enseignements, ses paraboles, le doute existait. La présence agissante du ressuscité n’était pas évidente. Cela n’est-il pas plus particulièrement vrai lorsque nous traversons des épreuves, lorsque la maladie vient nous affaiblir, voire nous enfermer sur nous-mêmes, nous conduire à l’angoisse. Plus généralement le doute de la présence aimante et réconfortante du Christ à nos côtés ne nous envahit-il pas lorsque nous prenons conscience de nos limites, de nos pauvretés et que celles-ci nous font douter de nous-mêmes, de nos capacités à aimer voire même à nous engager pour toujours ? Que nous dit cette page d’Evangile aujourd’hui. Que nous révèle le Christ ? Deux choses.
Lorsque le Christ se laisse voir après la résurrection, il apparaît avec les marques de l’épreuve qu’il a traversée. La résurrection n’a pas fait disparaître les signes de ce qui pouvait apparaître pour certain comme un échec. Il se laisse voir humblement, touché, affecté, marqué dans sa chair par ce qu’il a subi. Il n’occulte pas cette part douloureuse de sa vie. Voilà un bel enseignement. Pour avancer dans la vie, et c’est sans doute vrai dans la vie de couple, il faut s’accepter soi-même et accepter l’autre dans ce qu’on a été et ce que l’on est. Il faut sortir du rêve d’être parfait, sans faille, sans limite, sans faiblesse et il faut aussi l’accepter pour les autres. Le Christ transforme nos faiblesses, nos blessures et nos limites en capacité d’amour, de relation et de vie. Le Ressuscité, c’est à dire le Vivant l’est au cœur même de ses souffrances et de ses blessures. Nous ne sommes pas moins homme parce que nous avons des épreuves, des faiblesses, des limites. Nous ne sommes pas moins homme parce que nous sommes moins performants. Un homme, une femme l’est pleinement au cœur de ces blessures et de ces pauvretés. Dieu lui-même en Jésus est apparu ainsi, avec les traces de cette humanité qui a souffert, qui a été persécutée, qui a été blessée. La grandeur de l’homme ne se lit pas dans les apparences, dans les performances mais dans son cœur. La beauté de l’homme et sa grandeur c’est sa capacité à aimer et à se donner dans le concret de la vie. C’est le chemin que le Christ a choisi et c’est ce chemin qui l’a conduit à la vraie vie. Je suis témoin autour de moi d’hommes et de femmes jeunes et moins jeunes, malade ou en bonne santé qui ont choisi ainsi de vivre, d’aimer et de se donner tel qu’ils étaient, sans se replier, sans se refermer et cela les rend beaux, cela les rend lumineux de la beauté et de la lumière même de Dieu. Et nous pouvons dire alors en les voyant qu’à travers eux, nous voyons le Seigneur lui-même.
Lorsque le Christ apparaît à ses disciples, il prononce toujours la même parole : « la paix soit avec vous ». Et cette parole et cette vision mettent les disciples dans la joie. Et il leur promet l’Esprit Saint, son souffle de vie. C’est la visite du Christ à ses disciples qui apportent la paix et qui donne le souffle de vie nécessaire. Et encore aujourd’hui le désir du Christ c’est de nous donner sa paix et son Esprit. Ce sont les fruits les plus précieux à recevoir.
Lorsque la maladie nous touche et nous affecte nous avons besoin d’une paix intérieure pour ne pas nous révolter, pour ne pas désespérer, pour ne pas nous décourager et affronter ce qu’il faut affronter dans la confiance et l’espérance. Dans ces moments là nous avons besoin de l’Esprit du Christ pour puiser des forces nouvelles qui vont nous aider à tenir et à renaître. Dans le sacrement des malades que vous allez recevoir dans quelques instants, c’est vraiment le Christ qui vient vous visiter pour vous donner cette paix nécessaire et son souffle de vie. Accueille-les comme les disciples dans la joie.
Lorsqu’on choisit de se marier, comme vous vous préparez à le faire prochainement, on a aussi besoin d’une paix intérieure pour vivre le quotidien avec l’autre, affronter les questions du quotidien, gérer une vie de famille, prendre des décisions et envisager l’avenir sereinement. Dans le sacrement du mariage, le Christ vient vous donner cette paix et son Esprit. En accueillant cette paix et ce souffle vous deviendrez créateur et vous pourrez avancer avec audace, confiance et assurance. Et comme les disciples vous ressentirez de la joie.
Et alors en vous voyant ainsi les uns et les autres vous laissés conduire par ce souffle de vie, en vivant de cette paix, nous pourrons dire avec foi : « c’est le Seigneur lui-même que nous voyons ».
Mes amis, tenons-nous maintenant ensemble d’un même cœur devant le Seigneur, attachons-nous toujours plus à Lui et confions-nous les uns les autres à Lui pour qu’il nous guérisse et nous fortifie. Amen.
Mickaël le Nezet, curé.