Je ne pouvais pas préparer cette homélie sans penser à tout ce qui s’est passé depuis plusieurs jours autour du drame qui a touché les 6 jeunes dont les sépultures ont été célébrées cette semaine. Ces événements réveillent d’autres épreuves que les uns et les autres nous avons pu vivre à tel moment de notre vie. Nous le savons bien, la vie est faite de joie mais aussi de peine, de moment d’espérance mais aussi d’épreuves, de souffrances, de remise en cause, de doute. Et c’est sans doute ce qui se passe aussi dans la vie de Jésus au moment où il se rend sur la montagne de la transfiguration.
Cet événement surprenant que nous relate saint Luc est encadré par deux moments dans la vie de Jésus. Quelques versets précédents, Jésus annonce à ses disciples qu’il va connaître la souffrance, qu’il va être rejeté et qu’on va le faire mourir. Et quelques versets après le récit de la transfiguration, Jésus redit à ses disciples ce qui va se passer pour lui. Jésus est à un moment de sa vie où non seulement il pressent ce qui va arriver pour lui, par où il va devoir passer mais en plus, il voit aussi comme il l’exprime juste après être descendu de la montagne, combien le peuple a du mal à croire en lui. Moment de doute, moment d’angoisse, moment de déstabilisation, d’interrogation sur le sens de sa mission. Nous voyons bien ce que cela signifie car nous aussi nous passons par ces moments. Que nous dit l’Evangile aujourd’hui, à quoi nous invite-t-il ? Comment Jésus nous montre un chemin possible pour traverser ces moments là ?
Saint Luc écrit que Jésus au moment où il gravit la montagne prend avec lui, Pierre, Jacques et Jean. Jésus ne reste pas seul, il s’entoure de compagnons. Voilà une première indication si importante. Cette semaine encore lors des obsèques d’un des jeunes j’ai été touché de voir comment les jeunes présents et les adultes s’entouraient, se réconfortaient, se soutenaient. Les plus forts portant les plus fragiles. Dans un autre domaine, cette semaine j’ai commencé à retrouver dans les villages les personnes qui souhaitaient méditer une fiche biblique sur la miséricorde. Et là aussi, je me suis dit combien ces moments-là où nous nous retrouvons pour partager notre espérance, nos convictions, notre foi, sont des moments forts, des sources d’espérance, de réconfort et de paix. La souffrance isole. Les épreuves nous renferment. La douleur nous éloigne. Le Seigneur en prenant avec lui des compagnons nous invite à accueillir l’Eglise, la communauté chrétienne comme compagnon pour notre vie. L’Eglise nous est donnée comme lieu de réconfort, de ressourcement et de vie. Rappelez-vous les parole de saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « S’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. » Mes amis, durant ce temps de carême nous qui sommes selon saint Paul les citoyens des cieux, prenons soin de notre communauté. Développons entre nous des sentiments de tendresse, de compassion, encourageons-nous, réconfortons-nous. Privilégions les temps pour grandir ensemble dans la foi, l’espérance et la charité.
Saint Luc écrit aussi que Jésus monte sur la montagne avec ses compagnons pour prier. Et que, dans ce moment de prière intense, Moïse et Elie s’entretenaient avec lui. C’est la deuxième indication si importante. Jésus puise dans la prière sa force pour surmonter les épreuves qui l’attendent. Jésus trouve dans la prière l’assurance, la certitude que Dieu son Père comme pour Moïse et Elie ne le laissera pas tomber, qu’il lui sera fidèle jusqu’au bout, qu’il l’assistera pour qu’il ne défaille pas. Dans sa prière les paroles du psaume 26 résonnent avec force : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? Il est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? » Plusieurs parmi-nous ont vécu cette retraite en silence à l’Abbaye de Bellefontaine, les lycéens à l’abbaye de Maumont. Nous avons vécu des jours intenses de silence, de recueillement, de prière. Nous avons pris du temps pour nous poser, nous reposer dans le Seigneur. Nous avons essayé d’entrer dans cette relation d’amitié, ce cœur à cœur avec le Seigneur. Dans la prière, Dieu est là proche et disponible, même si nous ne le voyons pas, même si nous ne l’entendons pas. Combien de fois voyons-nous Jésus se retirer pour prier ! Il ne cesse pas de se tourner vers son Père pour tout lui remettre et tout recevoir de Lui. Prier, c’est cela mes amis. C’est reconnaître que pour porter ce que nous avons à porter, nous avons besoin de nous poser devant Dieu. Ne cherchons pas à construire notre vie sans le Seigneur. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage » chante le psalmiste. Prier, c’est dire au Seigneur : je viens là devant toi Seigneur parce que je crois que tu es vivant, que tu es présent, j’ai besoin de toi. » Et ce temps que nous donnons à Dieu nous apporte la paix et le repos, nous redonne l’espérance. Mes amis, durant ce temps de carême donnons-nous un peu de temps pour grandir dans cette relation d’amour avec notre Père. La prière apaisera notre âme.
Un peu comme Jésus dans l’Evangile de la Transfiguration, il est bon de nous donner quelques temps privilégiés pour nous ressourcer dans la vie communautaire et dans la vie de prière. Parfois nous le vivons au cours de temps forts comme des pèlerinages, des retraites mais il est bon aussi de nous donner un peu de temps chaque jour, chaque semaine. Le carême nous y encourage. Ainsi, comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « vous mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur ». Amen.
pour tenir bon dans le Seigneur,
Père Mickaël Le Nezet, curé.