Le carême qui commence ce soir sera marqué d’une manière particulière par cette année de la miséricorde voulue par le pape François. Et je crois que c’est véritablement un cadeau qu’il nous fait en nous invitant à goûter la miséricorde de Dieu. Je voudrais m’arrêter sur deux phrases de la première lecture.
Le prophète Joël dans la première lecture nous révèle en effet que Dieu est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour. Dieu n’est pas violent. Il est bienveillant pour tous les hommes. Lorsque l’on parcourt les livres de l’Ancien Testament, nous découvrons déjà en effet que Dieu nous aime comme un Père. Il se tient à nos côtés, il marche avec nous. Il nous tient la main. Mais Dieu nous aime aussi avec les entrailles d’une mère. Son cœur est touché par ce que nous sommes, ce que nous vivons, les souffrances et les épreuves que nous traversons. Son amour est tel, qu’il a choisi par son Fils de partager notre vie pour ressentir dans sa chair ce que nous ressentons. Et saint Paul va même jusqu’à dire dans la lettre aux corinthiens que Lui, qui n’avait pas connu le péché, s’est identifié au péché. Jésus a pris sur Lui nos vies jusqu’à notre péché. Oui mes amis, Dieu est riche en miséricorde, lent à la colère et plein d’amour. Tel est le cœur de Dieu. Il aime sans condition. Il est fidèle quoi qu’il arrive. Il pardonne inlassablement. La miséricorde est le cœur de Dieu. Ce carême est, à l’invitation du pape François comme un pèlerinage pour goûter, sentir comme est bon le Seigneur, pour convertir notre regard sur Dieu lui-même.
Pour cela, écrit le pape François dans le texte qui ouvrait cette année jubilaire, il nous faut d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut retrouver la valeur du silence pour méditer la Parole qui nous est adressée. C’est ainsi qu’il est possible de contempler la miséricorde de Dieu et d’en faire notre style de vie. (MV n°13) C’est bien ce que veut nous dire Jésus dans l’Evangile : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte ». Il s’agit d’entrer dans le silence intérieur où Dieu se laisse trouver. Il s’agit d’aller au plus profond de notre cœur et non de rester à la surface des choses, à ce qui est superficiel dans nos vies, pour se laisser rencontrer par le Seigneur. Cette année encore à partir des fiches proposées par le diocèse pour méditer la Parole de Dieu, nous vous proposons de vivre cette expérience intérieure pour écouter Dieu qui a quelque chose à dire à chacun de nous. Les maisons d’Evangile sont aussi ces lieux où on se met à l’écoute de Dieu non pour expliquer un texte biblique mais pour se laisser rejoindre par Dieu lui-même. Mes amis, le carême est le moment favorable pour oser se donner un peu de temps pour cela.
Le prophète Joël nous adresse une invitation : « Revenez vers moi de tout votre cœur ». Ce temps du carême nous sommes invités à le vivre comme un élan de confiance et de foi, un pèlerinage de confiance vers Jésus Christ. Nous l’avons manifesté au début de cette célébration en regardant le Christ en croix. Au tout début de la prière eucharistique le prêtre dit : « élevons notre cœur » et le peuple répond : « nous le tournons vers le Seigneur ». Vivre le carême dans l’élan de la miséricorde c’est cela. Elever notre cœur, regarder le Christ car Lui seul peut nous sauver. Nous le vivrons d’une manière exceptionnelle au cours de la fête de la miséricorde le 19 mars où nous pourrons recevoir le sacrement de la réconciliation. Ce sera un grand moment de fête pour toute la communauté chrétienne comme l’exprimait déjà le prophète Joël : « annoncer une fête solennelle, réunissez le peuple, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ». Nous confesserons alors qu’en effet seul le Christ peut nous libérer, seul le Christ peut nous sauver du péché. Rien ne sert de trop se regarder au risque de se décourager, de déprimer ou de se trouver nul. Rien ne sert de se comparer au risque de se jalouser, de se juger, de ne plus se supporter. Mais dans un élan de confiance, regarder le Christ qui prend sur lui notre péché pour nous rendre libre et vivant. Nous pourrons aussi le vivre, à l’invitation du pape François en pratiquant les œuvres de miséricorde. Nous rendre proche de ceux qui souffrent d’une manière ou d’une autre. Voir comment, concrètement, je peux faire telle ou telle visite auprès d’une personne âgée, seule, aider une personne en difficulté. Réfléchir à ma manière de consommer. Porter une attention particulière à la création comme nous l’approfondirons au cours des trois rencontres de carême le dimanche avant la messe pour découvrir l’encyclique du pape sur l’écologie intégrale.
Basile de Césarée, père de l’Eglise écrivait : « Tu deviens à la ressemblance de Dieu en acquérant la bonté. Fais-toi un cœur de miséricorde et de bienveillance afin de revêtir le Christ ». Voilà aussi ce qui se joue dans ce carême sous le signe de la miséricorde. Nous faire un cœur de miséricorde et de bienveillance. En choisissant de suivre le Christ dans sa manière d’être et de vivre nous nous laissons peu à peu transformer par Lui pour devenir comme Lui, le Ressuscité que nous célèbrerons à Pâques. Mes amis, c’est le moment favorable. Choisissons d’aller vers le Seigneur avec confiance, car il est riche en miséricorde, lent à la colère et plein d’amour. Que sa bénédiction repose sur nous. Amen.
Célébration des Cendres 2016
Père Mickaël Le Nezet, curé.