Les paroles et les gestes de la vierge Marie relatés dans les évangiles sont assez rares pour prendre très au sérieux ces moments où les évangélistes nous révèlent la personnalité de Marie, notre mère du Ciel. Marie est tout d’abord une femme attentive puisqu’elle a bien remarqué qu’il se passait quelque chose dans les cuisines de la noce qui se déroule à Cana. Marie, toujours dans sa grande discrétion, a perçu ce qui risquait de se passer en l’absence de vin pour la fête. Elle voit qu’ils n’ont plus de vin. Son attitude éveille la nôtre aujourd’hui. On peut dire que la manière d’être de Marie interroge aussi la nôtre. Sommes nous, comme Marie attentifs à la vie de celles et ceux qui nous entourent ? En cette année de la miséricorde, nous sommes invités à cette bienveillance, à cette attitude intérieure d’écoute, d’attention qui suppose alors de sortir de nous-mêmes, de notre petit confort pour bien veiller sur les autres. Pour être bienveillants. Et ce qui me touche encore plus c’est qu’à peine a-t-elle perçu le problème qu’elle se précipite vers son Fils Jésus pour lui faire part de la difficulté. Marie est une femme de prière. Nous, souvent, lorsqu’il y a une difficulté, une contrariété, nous nous précipitons vers les autres pour le leur dire, pour nous confier, pour raconter, parfois pour en rajouter et cela n’est pas toujours très fécond. Marie elle va voir Jésus. Elle nous invite mes amis d’abord à la prière. Lorsque quelque chose nous bouleverse, nous déstabilise, nous contrarie ou fait difficulté, Marie nous dit, « va voir mon Fils, va prier Jésus, va lui dire ce qui ne va pas, ce qui est difficile, ce qui est douloureux. Précipite-toi vers Jésus qui comprend ton cri, tes interrogations, tes doutes. » La bienveillance et la prière sont déjà un chemin fécond qu’il est possible de choisir aujourd’hui.
Puis, Marie nous invite à prendre au sérieux les paroles de Jésus. « Tout ce qu’il vous dira faites-le ». Elle sait que les paroles de Jésus sont les paroles de la vie éternelle. Elle sait que les paroles de Jésus lorsqu’elles sont accueillies rendent nos vies solides comme la maison construite sur le roc. Alors, faisons confiance à Marie. Recevons les paroles de Jésus comme un vrai trésor pour nos vies. Jésus nous dit : « puisez et servez ». Deux verbes qui nous montrent un chemin qui ouvre à la joie. « Puiser et servir ».
Puiser. Puiser, c’est ne pas rester à la surface des choses. Puiser c’est descendre là où c’est profond en nous pour y retrouver celui qui demeure en nous, le Christ Vivant. Puiser c’est ne pas rester par exemple à une lecture purement intellectuelle de la parole de Dieu mais ruminer la Parole de Dieu, la reprendre sans cesse pour y trouver une nourriture solide pour notre vie. L’expérience des maisons d’Evangile nous encourage dans ce sens. Puiser c’est ne pas rester dans une pratique superficielle de la vie sacramentelle, aller à la messe parce qu’on a toujours fait ainsi mais nous rappeler que c’est le Christ qui veut nous rencontrer et qu’il nous demande une intériorité capable de nous aider à goûter sa présence. Et nous savons que les silences dans les liturgies sont importants pour cela. Rappelez-vous que c’est dans le silence d’une brise légère que le Seigneur se révèle. Puiser c’est dépasser l’esprit mondain dans lequel nous sommes parfois et même dans nos communautés chrétiennes pour oser aller plus loin dans la rencontre avec celles et ceux qui sont différents de moi, d’une autre sensibilité, d’un autre milieu à commencer par les plus petits, les plus pauvres. Puiser c’est dépasser les conversations stériles qui n’apportent rien, c’est sortir des ragots, des cancans, des jugements à l’emporte pièce, pour approfondir des échanges qui nourrissent, qui font du bien. En puisant ainsi, nous trouverons une joie profonde comme les invités aux noces de Cana goûtant le vin nouveau.
Servir. Certes les serviteurs apportent le vin au maître du repas. Mais au fond, ils sont d’abord et avant tout serviteur du Christ. Ils sont au service du projet du Christ pour tous les invités au festin. Ils n’ont pas de mérite dans le miracle accompli. Ils n’ont fait qu’obéir aux commandements du Christ. Ils n’ont fait que prendre au sérieux ce que Jésus leur demande de faire. En ce sens le service n’est pas un faire valoir. Ils ne servent pas pour se faire bien voir, pour obtenir une promotion, pour se mettre en avant, pour être remarqué des autres. Leur seule préoccupation c’est de plaire au Seigneur, qu’Il soit glorifié. Ils sont serviteurs du Christ. Ils sont les intendants du mystère de Dieu. Ils sont ceux par qui Jésus lui-même va passer dans le cœur des invités au repas des noces. Et pour que le miracle véritablement s’accomplisse il faut qu’ils soient les plus transparents, les plus effacés, les plus disponibles à la volonté du Seigneur. Il faut surtout qu’ils aient foi au Christ, qu’ils aient confiance en Lui. S’il n’avaient pas eu confiance en Jésus et n’avaient pas pris au sérieux sa parole, le miracle n’aurait pu s’accomplir. Ainsi le service n’est pas d’abord affaire de compétence, de savoir faire mais avant tout de savoir être dans la confiance en Celui qui peut tout si nous le laissons agir à travers nous. Car rien n’est impossible à Dieu.
Voilà mes amis, La Vierge Marie est de bon conseil pour que notre vie prenne du sens et s’épanouisse et nous conduise à la joie. Amen.
Père Mickaël, curé.