« Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Siméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu »

Dans cette scène, il y a deux choses importantes et liées, comme les deux faces d’une pièce.

Vous connaissez la question : « pile ou face ? »

Et bien ici, la réponse c’est « pile et face ».

Pile : Marie et Joseph, comme tout parent à l’époque, avaient à se présenter au prêtre 40 jours après l’accouchement. Marie et Joseph sont juifs, c’est-à-dire descendants d’Abraham : ils obéissent à la Loi religieuse de leur peuple. L’aîné des enfants, le premier était présenté à Dieu, pour dire merci à Dieu, à l’origine de toute vie.

Ainsi quand on récoltait le blé, on offrait les « prémices », les premiers épis ; quand on avait un troupeau on offrait le « premier né » ; pour remercier Dieu de leur donner un fils ou une fille, les parents présentaient tout premier né ; et on donnait au prêtre une offrande pour la ramener à la maison (Joseph et Marie offrent deux tourterelles car ils sont pauvres).

Ce genre de pratiques religieuse est appelé «rites ». Ce sont des manières de faire. Nous trouvons des rites dans toutes les religions. Saint Luc dit bien : « les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi »

Le rite, c’est le côté « pile ». C’est bien mais c’est pas suffisant.

Exemple : vendredi soir, j’étais chez des amis. Ils me disaient : parfois des personnes vont à la messe, et ne se sentent pas dans l’assemblée, faisant « corps » avec les autres. Ils se sentent un peu comme des intrus, ils sont là mais ils se sentent extérieurs. C’est une impression que nous avons connu nous aussi. Plusieurs d’entre vous, des nouveaux, peuvent avoir ce sentiment, on regarde et tout paraît étrange, on comprend rien.

Vous avez le côté « pile », mais pas le côté « face ». Il vous manque quelque chose.

C’est intéressant de découvrir et trouver ce qui nous manque. Nous allons trouver en lisant un peu plus loin.

– Côté « face » maintenant. Les lectures ce matin ne mettent pas l’accent sur Marie et Joseph, mais notamment sur un vieil homme appelé « Siméon ».

Saint Luc écrit : « Siméon reçut lenfant dans ses bras, et il bénit Dieu ».

Ça c’est le côté « face » de la pièce. Là vous avez tout. Le rite plus la rencontre personnelle. Les rites juifs préparaient le peuple de siècle en siècle à la venue de Jésus. Et cette belle rencontre a eu lieu à ce moment là dans le Temple : ce vieil homme prend le petit Jésus dans ses bras.

« L’Esprit Saint » (saint Luc en parle trois fois) a travaillé son coeur, l’a préparé et maintenant il voit, et il est heureux : il « bénit Dieu ».

Les rites chrétiens sont là pour nous amener à rencontrer Jésus, à le prendre dans nos bras. Siméon portait environ 4 kg dans ses bras : ce n’est pas du vent Jésus !

Samedi soir, la fille aînée de mes amis, à table, a parlé de sa communion. Elle est heureuse de bientôt faire sa communion, de recevoir Jésus, comme Siméon.

Moi je me suis ennuyé à la messe pendant des années. J’étais désolé d’y aller, de rater ma série télé favorite, et j’étais assis à côté de mes parents, j’écoutais, je regardais mais je ne comprenais rien ; mon repère c’était la prière du Notre Père : ah là c’est bientôt fini. C’était le côté pile. Ça ne nourrit pas. Tu viens, tu repars et il ne s’est rien passé en fait.

Quand nous passons du rite à la rencontre personnelle avec Jésus, c’est 4 kg dans nos bras, ça pèse dans nos vies, ça donne le sourire, ça éclaire le coeur de l’intérieur. C’est « pile et face ».

Quand vous avez l’hostie dans les mains, c’est quelques grammes, mais c’est le début du face à face avec Dieu. Vous faîtes alors passer Dieu du côté des hommes, et les hommes du côté de Dieu.

Les « rites » chrétiens sont variés. Il y a les 7 sacrements, il y a des pratiques de piété comme le chapelet, l’adoration du saint sacrement etc…: ces « rites » nous préparent à la venue de Dieu dans nos vies, au côté « face ».

Le 2 février est traditionnellement le jour où nous fêtons la vie religieuse. Les consacrés, les religieux en monastère ou dans le monde ont une belle mission : devenir pour nous Siméon et la prophétesse Anne : vous religieux, vous avez pour mission de vivre le côté pile et le côté face. Si vous vous limitez au rite, le peuple et les prêtres risquent de faire pareil, de ne pas aller loin, de se bloquer sur des rites. Si vous passez de la Loi à la rencontre, vous nous préparez à tenir Jésus dans nos bras et sentir 4 kg et rayonner sa lumière !

Amen !