A travers l’expérience du peuple des hébreux dans le désert dont nous
parle le livre de l’Exode, comme à travers l’expérience de la
Samaritaine dans l’Evangile, nous entendons l’expérience personnelle de
tout homme aspirant à la vie, à la vraie vie. L’homme a une soif infinie
de vie, de bonheur, d’amour, de reconnaissance.

« _L’homme de tous les temps et de tous les lieux désire une vie pleine
et belle, juste et bonne, une vie qui ne soit pas menacée par la mort,
mais qui puisse mûrir et grandir jusqu’à̀ atteindre sa plénitude.
L’homme est comme un marcheur qui, à̀ travers les déserts de la vie, a
soif d’une eau vive, jaillissante et fraiche, capable de désaltérer en
profondeur son désir intime de lumière, d’amour, de beauté́ et de paix.
Nous ressentons tous ce désir ! _» (Pape François) Et nous ressentons
cette soif d’une manière encore plus forte lorsque, comme le peuple des
Hébreux nous traversons des déserts, c’est-à-dire lorsque nous
rencontrons des difficultés, lorsque nous traversons des épreuves. C’est
aussi ce que nous dit cette samaritaine lorsqu’au moment le plus chaud
de la journée, elle vient chercher de l’eau. C’est quand la vie souffre
le plus, c’est lorsqu’elle est menacée, que l’homme exprime encore plus
une soif de vie, de vérité et de sens. Frères et sœurs, nous avons en
effet tous soif de cette vie pleine, bonne, en plénitude, de cette vie
divine qui ne s’épuise pas mais se renouvelle chaque jour. C’est cette
même soif qui a mis en route nos catéchumènes et qui, se tournant vers
l’Eglise ont exprimé cette demande : « _donne-moi de cette eau que je
n’aie plus jamais soif _».

Mais l’histoire commence d’abord par une autre soif, celle de Jésus
lui-même qui, fatigué se pose près du puit de Jacob. Jésus a soif. Et il
demande à une femme, une samaritaine de lui donner à boire. Dans son
_Testament Spirituel_, Mère Teresa a exprimé́ de façon splendide ce
mouvement du Christ vers l’âme, vers chacune de nos vies. Elle fait
parler son Seigneur, et nous découvre ce que Jésus ressentait dans son
Cœur lorsqu’il a rencontré́ la Samaritaine. « _Je connais ce qu’il y a
dans ton cœur. Je connais ta solitude. Je connais les blessures de ton
cœur, les rejets que tu as dû subir, les jugements et les humiliations.
Tout cela, je l’ai porté avant toi. J’ai tout porté pour toi, afin de
pouvoir te partager ma force et ma victoire. Je connais tout
spécialement ton besoin d’être aimé. Je connais combien tu as soif
d’être aimé et d’être chéri. Est-ce que tu as soif ? Venez à moi, vous
tous qui avez soif, je vais vous combler. Est-ce que tu as soif d’être
aimé ? Je t’aimerai plus que tout ce que tu peux t’imaginer. Je t’ai
aimé́ jusqu’à̀ ce point de mourir sur la croix pour toi. J’ai soif de
toi. Moi aussi, j’ai soif de toi. C’est la seule manière avec laquelle
je pourrai décrire mon amour pour toi. J’ai soif de toi, j’ai soif de
ton amour. J’ai soif d’être aimé par toi. Cela te dit combien tu es
précieux à mes yeux. J’ai soif de toi. Viens à moi. Je vais remplir ton
cœur ». _

Mes amis, accueillons pour nous-mêmes ces paroles. Jésus a soif d’entrer
en relation avec nous. Il a soif de nous rencontrer et c’est lui qui
fait alors le premier pas. C’est lui qui est à l’initiative. Avant même
que nous nous soyons mis à sa recherche, il nous cherchait déjà. Avant
même que nous le connaissions, il nous connaissait déjà et avait un si
grand désir d’entrer en relation avec nous, un si grand désir que nous
répondions à son appel. N’est-ce pas encore ce qui s’est passé pour nos
catéchumènes. Le Seigneur avait soif de chacune d’elle, comme il a
toujours soif de chacun de nous.

Alors la samaritaine a ouvert son cœur. Elle s’est laissé regarder par
le Seigneur telle qu’elle est sans honte. Elle a compris que celui qui
lui demandait à boire l’aimait dans ses pauvretés, ses limites et son
péché. Elle a compris que le regard qu’il posait sur elle était un
regard de respect, d’amour vrai, un regard d’espérance. Elle s’est senti
aimé. Elle s’est senti belle. _Elle m’a regardé comme une personne_
disait sainte Bernadette en parlant du regard de la Vierge Marie sur
elle. Sans doute ce même regard que porte Jésus sur la samaritaine : un
regard qui redonne vie. Et ce regard a tout changé puisque cette
samaritaine aussitôt après devient déjà missionnaire en allant voir les
habitants du village : « _Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que
j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ?_ » La voilà pleine d’audace, de
courage. Celle qui se cachait, qui fuyait les regards, se précipite pour
parle de Jésus, de celui qui ne l’a pas jugé, ce celui qui l’a aimé
vraiment. La voilà devenu un vrai disciple missionnaire.

Quelle belle page d’Evangile nous venons d’entendre. Voyez ce qui se
passe lorsque l’homme se laisse regarder et aimer par le Seigneur. Voyez
ce qui advient à celui qui ose ouvrir son cœur au Seigneur. Ca change
tout, ça nous transforme. Quelle invitation pour chacun de nous ! Le
Christ a soif de nous, soif de nous rencontrer. Et plus nous répondrons
à cette soif de Jésus, plus nous vivrons du Christ, dans la prière,
l’écoute de sa Parole, la fréquentation des sacrements, plus nous
sentirons son amour pour nous et plus nous deviendrons les missionnaires
pour aujourd’hui.

Frères et sœurs prions les uns pour les autres pour que nous nous
laissions toucher par cette parole. Prions pour nos catéchumènes, pour
qu’ils grandissent dans la joie de la rencontre avec le Seigneur. Amen

Père Mickaël Le Nezet