« En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. »

« Un terrain plat » : peut-il nous apprendre quelque chose ?

1° Sur un terrain plat, il est difficile de se cacher
2° Jésus nous invite à cultiver notre attachement à sa personne

1° Sur un terrain plat, les choses paraissent dans la lumière, les êtres se dévoilent.

Dans les western de Sergio Leone, vous avez souvent ces images de « montagnes » au loin et au premier plan un « terrain plat » balayé par le vent  ; des buissons y roulent dans la poussière, emportés par un vent sinistre : ils sont sans attaches et sans vie.

Cette atmosphère de désolation et de verdict imminent, elle ressort nettement de la première lecture et du psaume : selon le prophète Jérémie, « l’homme qui se détourne du Seigneur… sera comme un buisson sur une terre désolée »; le psaume évoque « la paille balayée par le vent ».
En se détournant de Dieu, l’être humain devient sans attaches et rempli d’air, de vide.

L’évangile de Luc met en face des Béatitudes, une série de « malheur pour vous! » : makarioï en grec, « malheureux ». Ce n’est pas une malédiction, un mauvais sort jeté par Jésus : c’est l’heure du jugement. Jésus vient affronter son adversaire et lui régler son compte comme dans un duel.
Il prend la défense des pauvres, des affamés, de ceux qui pleurent, sont méprisés et persécutés ; et solennellement il dénonce les auteurs de malheur : leur réussite présente n’est qu’apparente et ils n’échapperont pas au jugement de Dieu.

Nous ne pouvons rien cacher à Dieu, ni à Jésus.
Il est possible de tromper les hommes mais pas Dieu. Tôt ou tard, tous sortiront et avancerons sur « un terrain plat ».
Il est possible de se marier à l’église, de réunir le gratin des familles catholiques, de venir avec son prêtre, mais sur un terrain plat, l’étroitesse d’esprit, la mémoire courte et l’absence de scrupules pèse lourd.

2° Jésus nous invite à nous attacher à lui

Jésus vit tourné vers Dieu et vers les hommes, et il est rempli d’Esprit Saint dès le sein de sa mère : accepter de dépendre un peu plus de Jésus, c’est accueillir en nous sa vie et être « heureux » avec lui.
C’est aussi contribuer au salut du monde et préparer notre éternité.

Dans la seconde lecture st Paul nous décrit des premiers chrétiens affirmant « qu’il n’y a pas de résurrection des morts ». D’emblée, il y a eu cette tentation d’agir comme s’il n’y avait que la vie sur terre et rien après. Saint Paul les exhorte à mettre leur espoir dans le Christ mais pas seulement pour cette vie.
Notre évêque se désole de l’indifférence de nombreux parents quant à l’éducation chrétienne de leurs enfants. Combien vont au catéchisme ?
Comme saint Paul notre évêque rappelle aux baptisés qu’il n’y a pas que cette vie dans laquelle une sécurité et une joie seraient à trouver.

Rappelons nous le récit du Buisson ardent dans l’Ancien testament.
Le buisson ardent vu par Moïse, c’était Jésus. Car Jésus est planté dans la terre avec force, et en même temps habité d’un feu intérieur d’amour qui illumine et réchauffe.
L’Église a les pieds sur terre et elle est indéfectiblement passionnée du ciel, en dépendance du ciel, de l’effusion incessante de l’Esprit répandu depuis Pentecôte, ce feu de joie éternelle.

Combien apprendront qu’il y a un buisson ardent pouvant changer leur vie, l’éclairer, la réchauffer ?

La croix nous rive au sol, les souffrances sont des clous nous fixant sur place, nous avons l’impression d’être entravés dans nos mouvements, mais en réalité nous sommes en esprit rivés à Dieu par la foi.
Adam émerveillé dit d’Eve : « elle est la chair de ma chair ».
Jésus émerveillé dirait de vous baptisés : « tu es l’esprit de mon Esprit ».

Ce serait un beau compliment. Amen.