Ce récit nous montre une rencontre entre Jésus et des pécheurs du lac de Galilée dont saint Luc dit qu’ils étaient « associés ». En effet, il y a deux barques, celle de Simon, et celle de « Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon ».

Je n’avais jamais remarqué ça. Cette précision aurait-elle une importance ?

Saint Luc pourrait bien par là vouloir nous montrer deux réalités :

1° Une association humaine.
Simon et les deux fils de Zébédée ont considéré que pour vivre de leur métier et nourrir leur famille, ils avaient intérêt à s’associer.
Même logique de nos jours. Vous allez à un cabinet médical par exemple, ils sont plusieurs, associés. Ou alors des paysans vont acheter à plusieurs une moissonneuse batteuse. On a un intérêt commun et chacun s’y retrouve bien en principe.
Aujourd’hui nous recevons des couples pour la préparation au mariage. Humainement vous vivez quelque chose de fort ensemble. Vous pourrez manifester dans le mariage civil l’accord de vos volontés, et vous promettre fidélité, secours et assistance.

2° Une association divine
Dans son récit des évènements, saint Luc attire notre attention sur la venue de rabbi Jésus passant par là -ses prêches et ses dons ont commencé à remuer les foules-.
Pour éviter d’être écrasé par la foule justement, Jésus a l’idée de parler depuis une barque sur l’eau : Il demande à Simon sa barque.
C’est un premier contact avec Jésus : il vous demande quelque chose. C’est momentané. Simon ne lui donne pas sa barque, il lui prête pour un moment.
Ainsi vous prêtez attention à la préparation de votre mariage. On vous demande des soirées, des rv, cette journée, sortir de vos habitudes, y’a un peu d’inconnu, mais vous le faîtes : comme Simon vous prêtez votre barque, pour la récupérer ensuite.
C’est une rencontre avec Jésus de l’ordre du « prêt ».

Après son speech à la foule, Jésus dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. »
Jésus veut entraîner Simon un peu plus loin, lui faire découvrir quelque chose que Simon ignore encore.
Simon émet immédiatement une objection : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre……..
Objection fondée sur la réalité : toute association humaine est fragile, sujette à des variables (la météo, la conjoncture économique et politique, l’état de santé..)
Mais cette demande de Jésus pousse doucement Simon à quitter le terrain de la raison et à entrer un peu dans le domaine de la foi, de la confiance.
Et Simon consent : … mais, sur ta parole, je vais jeter les filets »

Il a donné un peu de lui-même !
Déjà il prêtait sa barque, du matériel, là il prête un peu de sa confiance à ce rabbi plus connu pour être charpentier et fils de charpentier que pêcheur de poisson.
La rencontre avec Jésus passe ici du « prêt » au « don ».
Simon renonce quelque part pour adhérer à cette demande. Nous choisissons de faire confiance à Jésus, au moins pour un moment, ensuite on verra s’il s’est planté et ferait mieux de nous laisser nos filets et de retourner à ses maillets sans importuner personne.

Que se passe t-il alors dans le récit : les filets se déchirent, et les barques s’enfoncent tellement il y a de poissons !
Les surprises ne sont pas finies : Jésus leur propose une association, avec lui comme patron, non plus pour « pêcher » des poissons, mais pour « prendre » des hommes : « « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. »

Le don momentané, se décide pour à plus long terme.
Il y a quelque jours, j’étais à une réunion des équipes Notre Dame, des couples qui puisent leur spiritualité dans le sacrement du mariage. Un couple y est depuis 40 ans. Il a dit à peu près ceci : je crois que Dieu attend quelque chose de moi (en tant qu’individu, personne), il attend quelque chose de ma femme (en tant qu’individu, personne, être unique), mais dans le sacrement de mariage, il attend quelque chose du couple en tant que tel, quelque chose qui adviendra seulement par le couple.
C’est se découvrir aussi choisi par Dieu et lui dire ensemble oui.

Qu’est-ce qui nous rassemble en couple ? Et que voulons-nous pour demain ?

Le mariage à l’église serait ainsi une sorte d’association pas seulement humaine mais divine.
Ce n’est pas un mariage entre deux personnes seulement : Jésus bien qu’invisible, est bien présent et actif.
Amen.