Cette semaine, une petite équipe d’accompagnement se retrouvait autour
de Jennifer, une jeune maman qui se prépare au baptême. Nous partageons
ensemble notre manière de comprendre la prière du Notre Père. En
réfléchissant sur la phrase : « _que ton règne vienne _», Jennifer nous
dit : « on va considérer que Jésus est Roi et qu’il veut régner sur nous
». Et nous avons ensemble noté les caractéristiques d’un roi. Un roi
disait-elle est entouré de richesses. Un roi est autoritaire même
sévère. Un roi est assis sur un trône et il porte une couronne. Et
enfin, un roi à des sujets que Jennifer qualifiait d’esclaves. Et nous
nous sommes alors demandé ce qu’il en était de Jésus que nous confessons
aussi Roi de l’univers.

Jennifer nous a dit que la richesse du Christ, pour elle, c’était son
amour pour nous. Et j’entendais alors la parole de saint Jean lorsqu’il
nous dit : « _Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les
aima jusqu’au bout _». L’amour de Dieu en Jésus Christ va jusque- là,
jusqu’à donner sa vie pour chacun de nous. « _Là où est ton trésor, là
aussi sera ton cœur _». Le cœur de Jésus c’est sa grande richesse. C’est
un cœur se laisse toucher par nos pauvretés et nos misères. Et cette
année sainte de la miséricorde qui se termine aujourd’hui nous a aidé à
mieux le comprendre. La personne du Christ, écrivait le pape François
dans le texte qui ouvrait cette année sainte, n’est rien d’autre
qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. « _Dieu est riche en
miséricorde à cause du grand amour dont il nous a aimés_ ». Et cet amour
est pour tous, pas pour quelques-uns, pas pour une catégorie de
personnes, pas pour certains qui en apparence n’auraient rien à se
reprocher. Pas pour ceux dont la vie serait parfaite, en conformité avec
la loi. Cet amour est gratuit. Nous contemplons le Christ, Roi de
l’univers et en le regardant, nous nous laissons regarder par Lui, nous
nous laissons aimer par lui, tel que nous sommes sans inquiétude, sans
peur car Celui qui nous aime ne peut pas aussitôt après nous oublier et
nous abandonner. Et nous pouvons alors nous aussi dire au Seigneur : «
Jésus souviens-toi de moi ».

Dans le monde des hommes, un roi à des sujets que Jennifer appelait même
des esclaves. Le Christ, Roi de l’univers lui nous dit : « _Je ne vous
appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis _». La relation que le
Christ instaure avec chacun de nous c’est une relation de confiance, une
relation d’estime profonde, une relation de réciprocité. Il nous appelle
ses amis. Nous savons nous, ce qu’est un ami. C’est quelqu’un avec qui
on aime passer du temps, partager des moments importants de nos vies.
C’est quelqu’un à qui on se confie sans crainte, avec qui on échange en
vérité et en toute sincérité. C’est ainsi que le Christ nous considère.
Il aime lorsque nous passons du temps avec lui. Il aime lorsque nous
échangeons en vérité ensemble. Il aime nous parler de son Père, nous
partager les secrets de son Père, nous faire entrer dans le cœur de sa
vie. Nous contemplons le Christ, Roi de l’univers et en le regardant,
nous entendons l’invitation forte à nous rendre disponible pour Lui, à
prendre le temps de l’écouter dans sa Parole méditée, à recevoir ce
qu’il veut nous donner dans la vie sacramentelle, à converser avec nous
dans la prière toute simple, comme un ami parle avec son ami. Il n’est
pas venu pour être servi mais pour servir, pour nous servir, nous, les
amis qu’Il s’est choisi. Et voilà pourquoi son autorité est une autorité
de service. Il est là pour nous faire grandir.

Le trône où repose le Christ Roi de l’univers, c’est sa croix et la
couronne qu’il porte est une couronne d’épines. Mais c’est une croix
glorieuse. Elle est déjà le signe de la victoire de l’amour sur la
violence, du pardon sur la haine, de l’unité sur la division, de la
confiance sur la crainte, du don de soi sur le chacun pour soi, de la
vie sur la mort. « _Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa
vie pour ceux qu’on aime _». C’est un chemin d’espérance. Nous
contemplons le Christ, Roi de l’univers et en le regardant, nous
comprenons alors que nous sommes appelés nous aussi à nous engager sur
ce même chemin où le Christ notre ami s’est engagé lui-même. Celui qui
veut me suivre dit Jésus qu’il renonce à lui-même et qu’il prenne sa
croix.

Au fond, la question qui nous est posée aujourd’hui est toute simple.
Voulons-nous que le Christ règne sur nous ? Voulons-nous qu’il soit
vraiment notre Roi ?

Alors si nous le reconnaissons ainsi, Roi de l’univers, nous
n’oublierons jamais comme le rappelait le pape à Rome lors du jubilé des
exclus, que la plus grande richesse du Christ dont nous devons prendre
soin, ce ne sont pas des choses inutiles, ce n’est même pas cette belle
église, mais ceux que Dieu regarde, le frère qui souffre à côté de nous,
celui qui est fragile, le pauvre, celui qui a l’esprit abattu. C’est
notre devoir évangélique concluait le pape de prendre soin de la vraie
richesse que sont les pauvres. Et c’est bien l’engagement de tous les
bénévoles qui œuvrent au Secours Catholique dont s’est aujourd’hui la
collecte nationale. Tous ceux-là qui sont engagés nous interpellent
aujourd’hui : « Vers où s’oriente ma vie, vers où je dirige mon cœur,
quelles sont mes principales préoccupations ? Qu’est-ce qui mobilise mon
énergie ?

Mes amis, contemplons le Christ, Roi de l’univers et qu’il nous aide à
diriger nos cœurs vers Lui et vers ceux qu’Il aime. Amen

Père Mickaël, curé, fête du Christ Roi de l’univers.